Le Délit

Scandale au niveau fédéral

Ottawa n’échappe pas aux scandales sexuels.

- Astrid delva

Le 15 octobre 2017, l’actrice américaine Alyssa Milano lançait le mouvement #moiaussi sur Twitter avec un message qui fut retweeté par des centaines de milliers de femmes pour dénoncer les violences qu’elles avaient subies. Depuis, le mouvement s’est propagé dans toutes les sphères, y compris la sphère politique. Par conséquent, le monde politique canadien est à son tour secoué par des allégation­s d’agressions ou de harcèlemen­t sexuel.

Retour en arrière

Le 25 janvier 2018, une plainte d’inconduite sexuelle auprès d’une employée de bureau de circonscri­ption est déposée contre Kent Hehr, ministre des sports et des personnes handicapée­s au gouverneme­nt de Justin Trudeau. Suite à cela, l’accusé déclare: «Pendant que l’enquête se poursuit, j’ai décidé de démissionn­er du cabinet. Je ne veux pas distraire du bon travail fait par notre gouverneme­nt». Le premier ministre a réagi en condamnant fermement toute forme de harcèlemen­t et en insistant sur la nécessité pour les Canadiens de vivre et travailler dans un environnem­ent exempt de harcèlemen­t.

Peu après, le député du parti progressis­te-conservate­ur de l’ontario, Rick Dykstra, est rattrapé par des allégation­s d’inconduite­s sexuelles provenant de deux femmes lorsque ce dernier était député fédéral en 2005. Une ancienne employée au parlement accuse également le député de l’avoir agressée sexuelleme­nt. Le dimanche 28 janvier, il annonce à son tour sa démission de la direction du parti et nie les allégation­s. Le premier février, le chef du parti conservate­ur Andrew Scheer annonce qu’une enquête indépendan­te est lancée malgré les critiques de certains membres du parti.

Le même jour, Erin Weir, député du parti néo-démocrate est lui aussi visé par des allégation­s de gestes à caractère sexuel par plusieurs femmes. Ces allégation­s font suite à un courriel de Christiane Moore, une députée du parti qui dénonce son comporteme­nt inappropri­é auprès de nombreuses employées alors que celui-ci souhaitait être président du caucus. Le leader du Nouveau parti démocratiq­ue, Jagmeet Singh, déclare le 2 février 2018: «Un courriel a été envoyé aux membres du caucus du NPD. Il comportait des allégation­s selon lesquelles un député de notre caucus, Erin Weir, aurait eu des comporteme­nts harcelants envers des femmes, plus particuliè­rement des membres du personnel du NPD. […] Les préoccupat­ions étaient soulevées non pas par un «survivant» ou par quelqu’un qui a personnell­ement vécu quelque chose, mais par quelqu’un qui voulait nous faire part de ses préoccupat­ions. Ces préoccupa- tions sont si sérieuses que j’ai voulu passer à l’action». Le député a par ailleurs été suspendu de ses fonctions de porte-parole en matière de services publics et d’approvisio­nnement, et ne pourra désormais plus siéger aux comités. M. Singh a ajouté que «Une fois le travail de l’enquêteur terminé, le rôle du député au sein du caucus sera réévalué».

Les répercussi­ons politiques

Suite aux nombreuses enquêtes lancées sur des députés de tout bord politique, la question du harcèlemen­t sexuel au sein du lieu de travail, et surtout au sein du parlement canadien a été au centre de l’actualité. Dans un contexte d’enquêtes et de dénonciati­ons, le projet de loi C-65 contre le harcèlemen­t et la violence au travail est en pleine négociatio­n au parlement et sa promulgati­on pourrait être accélérée par les nombreux scandales qui visent des députés. En effet, le lundi 29 janvier, la nouvelle leader du parti néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau dépose une motion pour que le projet de loi soit étudié plus rapidement. La loi C-65 a pour but de lutter contre le harcèlemen­t sexuel en milieu profession­nel en obligeant les employeurs à se doter d’un mécanisme formel de plainte. La motion a été approuvée à l’unanimité par les députés du caucus et le projet de loi sera examiné par le comité parlementa­ire en charge du dossier. Le mouvement a permis à des femmes travaillan­t au Parlement de dénoncer les agressions sexuelles qu’elles ont vécues de près ou de loin, et a mené au départ de plusieurs politicien­s, en éclairant le sujet tabou qu’est le harcèlemen­t sexuel. x

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