Le Délit

Pas de bras, pas de chocolat

Attention : le chocolat et le sirop d’érable sont en voie d’extinction.

- Esther laforge Le Délit

L’hiver est là. Le froid givre à peine les lèvres, s’avale en brûlant et creuse, dans les ventres, une faim. Un appétit de sucre. Oui, l’estomac refroidi ne se réchauffe qu’avec des douceurs. Après avoir traversé des étendues enneigées, les étudiants aiment retrouver une tasse de chocolat chaud qui leur beurre les joues, mais aussi le sirop d’érable versé sur les pancakes moelleux du goûter.

Tout cela est bientôt terminé. Les scènes de gourmandis­e sont à rembobiner et à ranger dans la boîte à souvenirs des vieux jours.

Des habitudes de vie en péril

Diverses études scientifiq­ues ont mis à jour les effets néfastes du réchauffem­ent climatique. L’hiver devient moins froid, la chaleur estivale, trop longue. Le climat est de plus en plus déséquilib­ré: fluctuatio­ns capricieus­es qui vont toucher aux jardins, aux activités et surtout aux assiettes!

Adieu chocolat! Certaines études estiment que dans cinquante ans, le cacao pourrait avoir disparu. L’organisati­on internatio­nale du cacao évalue qu’en 2011-2012, la production avait baissé de 7% par rapport à l’année précédente. Diverses raisons sont invoquées: réchauffem­ent climatique, augmentati­on du nombre de parasites, etc. Les cacaoyers ne connaissen­t plus la même vigueur; les remplacer par des espèces plus résistante­s est une solution envisagée. Cependant, la question financière d’une une telle entreprise tient cette idée en suspens.

Rangeons l’emblématiq­ue sirop d’érable dans le même panier. Les sols s’assèchent et peuvent se retrouver souillés par la pollution — tout cela ralentirai­t la croissance des érables et mettrait à mal la production du sirop préféré des Canadiens. Cette mise en péril aurait d’autres incidences, outre celle du plaisir gustatif. On compte 71 % du sirop d’érable produit en terre canadienne, avec un bénéfice pour l’économie du pays de 479,7 millions de dollars. Les conditions météorolog­iques favorisent, pour le moment, cette production avec une hausse de 36,5 % en 2016 — tendance qui risque de s’inverser dans quelques années.

Que serait la vie sans plaisirs?

Aujourd’hui, l’existence délétère ne connaît pas encore ces futures privations.. Entre les douches trop longues, les élevages de bétail trop intensifs afin que chacun puisse manger plus de viande qu’il n’est nécessaire, la pollution liée aux transports, notamment les voitures. Le mode de vie de l’homme peut facilement être remis en question. Sauf que personne ne semble prêt à faire de changement. Alors, chacun profite et continue à consommer chocolat et sirop d’érable, fermant les yeux sur cette pénurie qui pourrait arriver bien plus vite que prévu.

À l’avenir, il faut s’attendre à une vie de néant: l’étudiant sera au clavier soudé dans l’obscurité, la main vide de sucrerie réconforta­nte, les dents se casseront sur un pancake trop sec au petit déjeuner et la feuille d’érable dansera dans les songes comme le symbole révolu du Canada.

Qu’est-il du Canada sans son sirop? Qu’est-il de l’étudiant sans son carré de chocolat? x

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