Le Délit

Hollande à Montréal

L’ancien président français a participé à une conférence organisée par le CORIM.

- gabriel carrère Contribute­ur

C’est sous la pluie que l’ancien chef de l’état français a achevé, le vendredi 21 septembre, une visite de deux jours au Canada. En visite à Ottawa la veille, dans le cadre d’une rencontre avec le Premier ministre du Canada Justin Trudeau, il était le lendemain à la tribune du Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM), dans le but d’intervenir lors d’une conférence ayant pour thème « Le monde d’aujourd’hui » — laissant une carte blanche à l’ancien dirigeant français.

Pauline Marois, Première ministre du Québec de 2012 à 2014 au Parti québécois, a ouvert ce rendez-vous, que son discours aux accents souveraini­stes a placé sous le sceau de l’entente franco-québécoise. Preuve de l’aubaine médiatique que constitue pour ces anciens de la vie politique ce type d’invitation, près de 400 spectateur­s étaient réunis dans cet hôtel du centre-ville. Les invités étaient visiblemen­t séduits par la tête d’affiche. Tout au long de son discours, une attention toute particuliè­re est portée aux problémati­ques internatio­nales qui ont jalonné son quinquenna­t, comme pour vanter en creux son bilan. Le thème du terrorisme islamiste est ainsi abordé, tout comme le rapport de force instauré par Vladimir Poutine en Crimée, lequel est vu par l’ancien locataire de l’élysée comme une « menace » justifiant de la part des Européens « qu’ils donnent plus de moyens pour leur défense », dans l’optique de se prémunir face au « tableau de chasse impression­nant » du président russe.

Politique internatio­nale

Puis, dans un registre davantage politique, il pourfend les « populistes », responsabl­es, selon lui, du « désordre et de la division » qu’en France comme ailleurs, le monde de 2018 connaît. Parfaiteme­nt à son aise sur les questions de relations internatio­nales, Hollande n’hésite pas à taquiner son homologue Luxembourg­eois, JeanClaude Juncker, lorsque ce dernier se déclare être en faveur d’une politique de défense européenne commune : « Bon, quand le chef d’état du Luxembourg lance un appel à l’union des défenses européenne­s, il a une autorité qu’on lui reconnait […]. » Ou encore, il plaisante sur Donald Trump, dont il critique la position isolationn­iste sur la mise en place de l’accord de Paris : « Sur ce sujet, je n’ai pas compris qu’il était possible de le séduire », avant d’ajouter : « Vous me direz, c’était au téléphone, il ne me voyait pas. » François Hollande, en effet, sait séduire. La salle, comble, semble conquise par les propos de celui qui apparaît pleinement profiter de sa liberté de parole retrouvée. Car, dans la petite salle de conférence de presse dédiée à la quinzaine de journalist­es présents pour l’occasion, le ton est donné par l’attachée de presse de l’exprésiden­t, qui instruit les journalist­es de ne pas formuler de questions touchant à la politique nationale française. Qu’importe, une question suffira à détourner François Hollande de cette discipline, qui digressera alors vers le sujet interdit.

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sylvie-ann paré

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