Le Délit

Le français gagnerait-il enfin en importance à Mcgill?

- Lara Benattar Rédactrice en chef

La défense et la promotion du français à Mcgill et la représenta­tion des voix de la francophon­ie à Montréal constituen­t la raison d’être du Délit depuis plus de quarante ans. Depuis, nous publions chaque année de multiples articles et éditoriaux sur la question, empreints de frustratio­n, toujours, de désillusio­n, souvent, et de satisfacti­on, rarement. Suite à des élections provincial­es où l’importance du français au Québec a été au coeur des controvers­es et suite aux débats dans les médias mcgillois sur la légitimité du combat des Québécois·e·s pour la protection de la langue, il nous paraît essentiel de revenir à notre tour sur la question.

Dans une province dont la langue officielle est le français et où l’histoire des luttes entre les peuples et les cultures est si forte, la défense du français est un combat essentiel. Le rôle de Mcgill est d’autant plus important qu’il s’inscrit dans un contexte complexe dont la plupart des étudiant·e·s n’ont pas la moindre idée.

Nous sommes encore aujourd’hui témoins de trop de manquement­s à ce devoir, les traduction­s en français des textes de l’administra­tion et de L’AÉUM notamment sont parfois inexistant­es et souvent mauvaises (« Palmarès des meilleures/pires Listservs », p. 3). Il semble évident que de nombreuses institutio­ns mcgilloise­s manquent de traducteur·rice·s vraiment qualifié·e·s. Aussi, si rendre ses travaux en français est officielle­ment possible dans la plupart des programmes, il n’est jamais garanti que les devoirs rendus en français et en anglais soient corrigés de manière équitable. Souvent, l’étudiant·e ayant choisi d’écrire en français se voit plutôt désavantag­é·e par ce choix.

Selon l’enquête « À la conquête de vos droits, Francophon­es! », il est évident que les efforts de l’université pour l’inclusion des étudiant·e·s francophon­es sont conséquent­s : le nombre de traducteur·rice·s traduisant de l’anglais vers le français que Mcgill approche a augmenté ces dernières années. Malgré ces efforts, nous sommes souvent peu enclin·e·s à rendre nos travaux en français. Ces réticences semblent infondées puisque de nombreux·ses affirment être en mesure de corriger les travaux en français sans problème.

Nous tenons à saluer les efforts des groupes francophon­es et notamment de L’OFM pour chercher à regrouper les acteur·rice·s de la francophon­ie mcgilloise, souvent trop fragmentée. Aussi, la volonté de L’AÉUM de traduire sa documentat­ion, la promesse de la création d’un comité pour la promotion du français (« Mcgill et son côté francophon­e », p. 3) et l’élection d’un nouveau commissair­e des Affaires francophon­es sont encouragea­ntes. Nous osons une nouvelle fois nous risquer à espérer que ces changement­s porteront leurs fruits. x

Newspapers in French

Newspapers from Canada