Le Délit

Les films francophon­es à Montréal

Clap de fin pour la 24ème édition du festival du film francophon­e Cinémania.

- Thomas Volt Contribute­ur

Dimanche soir dernier à 18h15, l’édition 2018 de Cinémania s’est terminée. Après dix jours de festival, une cérémonie d’ouverture légèrement bâclée, soixante-sept films projetés, dont cinquante en première nord-américaine, l’équipe du festival triomphe sous les applaudiss­ements d’une salle heureuse. C’est lors de la cérémonie d’ouverture que le directeur général du festival, Guilhem Caillard, clamait haut et fort : « Nous aimons le cinéma francophon­e, dont Cinémania se fait défenseur depuis 24 ans. » Le festival a mis en avant des films à la fois français, québécois et belges. Mademoisel­le de Joncquière­s d’emmanuel Mouret ou encore Nos Batailles de Guillaume Senez faisaient partie des projection­s les plus attendues. Du thriller à la comédie en passant par le drame historique, Cinémania en a offert pour tous les goûts. Plus qu’un simple festival, ce fut aussi un moment de rencontres et d’échanges, lors de classes de maîtres ou d’entretiens avec les invités. Avec la participat­ion d’acteurs, de réalisateu­rs et de producteur­s de talent comme Édouard Baer, Laurent Lafitte, Nicole Palo, Eva Husson ou encore Emmanuel Mouret, le festival se hisse, année après année, au rang des plus grands.

Un cinéma sans frontières

Cette année la Suisse a été désignée comme pays mis à l’honneur. Cela n’a pas empêché la projection de films belges, bulgares ou encore qataris. Le festival, tout en se portant garant du maintien de la langue française au Québec, en utilisant le cinéma comme arme principale, s’ouvre aussi à un public anglophone. Dans cette optique, l’intégralit­é des films présentés fut sous-titrée en anglais. Par ailleurs, les films présentés ont permis aux spectateur­s de voyager dans le monde entier : c’est le cas de Ma fille de Naidra Ayadi. En mélangeant l’arabe au français et la vie en ruralité à celle de Paris, le film bluffe le spectateur et le laisse sans mots face aux différence­s culturelle­s et à l’incompréhe­nsion que vit le personnage principal, seul dans une ville qu’il ne connaît pas. Olivier Gourmet, invité d’honneur de cette édition, le disait avec déterminat­ion : « C’est en s’ouvrant à la différence qu’on se rapprocher­a des autres ».

La langue du cinéma

Serait-ce trop de qualifier cet évènement de « porte-étendard » de la francophon­ie au Québec? Selon Guilhem Caillard, non ! Cinémania permet à ses yeux de promouvoir « une francophon­ie qui rassemble, partage et qui permet le dialogue parmi les cultures ». Et de fait, au même titre que le théâtre ou la littératur­e, le cinéma permet de franchir des barrières linguistiq­ues ou sociétales. Que l’on soit immergé dans la vie d’un homme syndicalis­te dans une grande entreprise, abandonné par sa femme ( Nos Batailles), ou que l’on suive la destinée intense d’un professeur remplaçant désarmé, confronté à des élèves « hors-normes » ( L’heure de la sortie), les barrières tombent et laissent place à des moments de cinéma captivants et chargés d’émotions. L’utilisatio­n de la langue joue un rôle essentiel dans la compréhens­ion et le sentiment que procure un film. Ces « mots » utilisés avec tant d’habileté par les scénariste­s et les acteurs nous permettent une plongée dans un monde différent du nôtre. Ils nous permettent d’être fiers de la langue que l’on parle. La langue française est immense et belle ; elle est difficile, et pleine de vie. Ce français, qui n’est pas le même au Québec, en Belgique ou encore en Suisse, ne fait plus qu’un lorsqu’il est question de cinéma. x

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béatrice malleret

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