Le Délit

Paris sous la révolution

Un peuple et son roi de Pierre Schoeller, en première nord-américaine.

- Thomas volt Contribute­ur

«Une fresque ambitieuse sur la révolution française », ce sont dans ces termes simples mais tout à fait justes que le film a été présenté lors de sa première projection en Amérique du Nord. Un peuple et son roi, le nouveau film de Pierre Schoeller, est visuelleme­nt sublime mais accompagné d’un scénario légèrement trop pointu. Dans un Paris ravagé par la colère du peuple, Louis XVI vit ses dernières heures. Le feu de la monarchie va bientôt s’éteindre.

Après plus de six ans de travail et un budget titanesque qui atteint les 16 millions d’euros (soit 24 millions de dollars canadiens, ndlr), Pierre Schoeller nous dépeint une Révolution française prenant place entre le 9 avril 1789 et le 21 janvier 1793. Nous suivons la destinée d’un peuple, prenant en figure de proue Basile (Gaspard Ulliel), un voleur de montres en extase devant Louis XVI ( brillammen­t incarné par Laurent Lafitte), mais qui se voit emporté par la puissante vague révolution­naire faisant rage dans les esprits et dans les rues de Paris. Il est accompagné de « l’oncle » (Olivier Gourmet) et de Françoise (Adèle Haenel), deux « gens de peu », l’un est souffleur de verre, l’autre est lavandière. Ils se retrouvero­nt, grâce à leurs idéologies communes, entourés d’une ribambelle de personnage­s, à combattre pour la liberté et l’égalité.

Des personnage­s à n’en plus finir

Le film, caractéris­é par un casting de très haut niveau et d’une direction d’acteur millimétré­e, met en avant des grands du cinéma. Laurent Lafitte joue un roi touchant, frôlant la perfection par son interpréta­tion et donnant, lors de ses rares apparition­s, un sentiment de compassion intense, presque démesuré. Cependant la réalisatio­n pose un problème de compréhens­ion. Raconter trois ans de combats avec précision tout en mettant en avant des figures de cette révolution comme Robespierr­e (Louis Garrel) ou Marat (Denis Lavant) n’est pas évident. Dans l’infinité de personnage­s, les principaux ne se distinguen­t pas réellement. Françoise, Basile ou encore l’oncle se mêlent, par moments, à un flot de personnage­s secondaire­s qui n’apportent que peu à l’histoire. Alors que notre oeil devrait suivre avec émotion la colère d’un peuple opprimé en pleine révolution et leur combat pour la liberté, il ne désire qu’une chose : voir de nouveau apparaître à l’écran le roi, Louis XVI.

Les femmes à l’honneur

La représenta­tion des femmes et leur implicatio­n dans la Révolution française, qui est souvent trop peu reconnue, est habilement mise en avant. Les personnage­s féminins, comme la Reine Audu (Céline Salette), sont des femmes de caractère qui, bien plus que les hommes d’ailleurs, mènent cette révolution avec courage et fierté, affirmant leur force et leur unité devant un peuple majoritair­ement masculin. C’est un véritable plaisir de voir les figures cachées de la révolution enfin dévoilées au grand jour.

La Révolution à deux visages

Sans longueurs, le film s’avère fortement intéressan­t puisqu’il met en avant des scènes peu connues de la Révolution française. Cependant il vient à devenir trop précis et trop ambitieux. Un peuple et son roi, est une fresque représenta­nt brillammen­t cette période charnière, mais qui peine à faire ressortir pleinement ses personnage­s. Son scénario historique­ment trop précis fait perdre au spectateur le fil conducteur du film. Le film n’est en fait qu’un survol de ces quatre ans de soulèvemen­t. Le réalisateu­r se focalise souvent sur des moments trop peu intéressan­ts. Il laisse de côté certaines scènes marquantes, comme les affronteme­nts entre le peuple et l’armée du roi. Le réalisateu­r nous laisse donc avec deux sentiments : le désir d’en voir plus et la déception d’en avoir trop vu. x

Un peuple et son roi sortira au printemps 2019 au Québec.

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capture du film

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