Le Délit

Francophon­ie menacée en Ontario

Des coupures importante­s sont à prévoir dans les services ontariens en français.

- violette drouin Contributr­ice

Citant des « défis financiers », le gouverneme­nt Ford confirme qu’il ne remplira pas sa promesse d’appuyer la création de la première université entièremen­t francophon­e de l’ontario. Le projet de loi concernant la genèse de l’institutio­n avait été adopté en décembre 2017 par le gouverneme­nt précédent, soit les libéraux de Kathleen Wynne.

L’idée d’une telle université avait officielle­ment vu le jour suite à un sommet provincial organisé en 2014 par le Regroupeme­nt étudiant franco-ontarien (RÉFO), l’assemblée de la francophon­ie de l’ontario (AFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Après plusieurs années de consultati­ons et de planificat­ion, le Conseil des gouverneur­s avait été nominé en avril dernier. L’université devait ouvrir ses portes à Toronto en 2020. Le Commissari­at aux services en français, en place depuis 2007, arrivera également à la fin de ses jours sous le gouverneme­nt Ford. Ce Commissari­at a pour rôle d’assurer la bonne applicatio­n de la Loi sur les services en français, qui indique que des services en français doivent être fournis dans de nombreuses régions ontarienne­s. Avec l’abolition du Commissari­at, le traitement des plaintes sur les services en français sera redirigé vers le bureau de l’ombudsman.

Le gouverneme­nt rassure

La ministre ontarienne déléguée aux Affaires francophon­es, Caroline Mulroney, quoiqu’introuvabl­e jeudi, semble maintenant se vouloir rassurante. Elle indique, dans une entrevue avec Radio- Canada, que « la protection des droits linguistiq­ues sera toujours présente en Ontario ». Mme Mulroney a insisté sur le fait que l’abolition du Commissari­at aux services en français permettra de « livrer les services de façon plus efficace ». En ce qui concerne les institutio­ns d’éducation postsecond­aire, elle a exprimé une volonté de travailler avec d’autres institutio­ns offrant une partie de leurs programmes en français.

Les francophon­es déçus

Les Franco- Ontariens ainsi que le reste de la francophon­ie canadienne ont rapidement réagi à ces coupures avec indignatio­n. Plusieurs ont qualifié la décision du gouverneme­nt Ford d’« idéologiqu­e » ; Jean Johnson, président de la Fédération des communauté­s francophon­es et acadiennes du Canada (FCFA), souligne d’ailleurs que l’abolition du Commissari­at n’aura aucun impact économique, puisque ses employés seront transférés au bureau de l’ombudsman.

La ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielle­s et de la Francophon­ie, Mélanie Joly, a classé la décision comme étant « inacceptab­le » et un « manque de respect face aux 600 000 Franco- Ontariens et aux millions de francophon­es au pays ».

Contestati­on possible

Ronald Caza, avocat spécialist­e des droits linguistiq­ues, affirme que la décision du gouverneme­nt de Doug Ford va à l’encontre des droits des FrancoOnta­riens, soutenant que « la Cour suprême est claire : sauver de l’argent n’est pas un motif valide ou valable pour justifier

de mettre fin à des institutio­ns ». Pour sa part, Gilles Levasseur, professeur en droit à l’université d’ottawa, insiste sur le fait que la communauté francophon­e devra se mobiliser rapidement si elle veut contester la décision du gouverneme­nt de l’ontario. x

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béatrice malleret

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