Omerta à l’udem
Les étudiant·e·s de l’université dénoncent le processus disciplinaire des enseignant·e·s.
La Fédération des associations étudiantes du campus de l’université de Montréal (FÉACUM), représentant près de 40 000 étudiant·e·s, a lancé en octobre dernier une campagne nommée Omerta à l’udem. La campagne vise principalement à dénoncer le processus disciplinaire des professeur·e·s de l’université de Montréal.
Un processus critiqué
Le processus dénoncé concerne la gestion des plaintes des étudiant·e·s envers un·e membre du corps professoral. En effet, lorsqu’une plainte est déposée (qu’elle soit de nature académique, de violence physique ou sexuelle ou encore de harcèlement), celle-ci est traitée par un comité de discipline formé de trois autres professeur·e·s qui déterminent de la sanction à appliquer. « Ce processus est opaque, inéquitable et ne favorise pas le dévoilement des plaintes, car il est difficile d’avoir confiance en son impartialité. Il est d’ailleurs critiqué non seulement par la communauté étudiante, mais aussi par le comité de prévention en matière de harcèlement et l’ombudsman de l’université de Montréal », peut-on lire sur le site internet de la FAÉCUM sous la rubrique #Omertàl’udem.
La fédération avance également que ce processus risque de contrecarrer l’efficacité de la prochaine politique contre les violences à caractère sexuel que l’université de Montréal est tenue d’adopter d’ici janvier prochain en vertu de la loi 151. « En effet, sans modifications du règlement disciplinaire concernant le personnel enseignant, le règlement sur les VACS référera à un processus disciplinaire inchangé, toujours opaque, injuste, inéquitable. Un processus où des chums jugent des chums. Un processus qui protège les agresseurs et dissuade les victimes de porter plainte », poursuit la Fédération.
Campagne de mobilisation
Le 10 octobre dernier, la FAÉCUM a publié une lettre ouverte qu’elle a partagée sur sa page Facebook. Dans la lettre, la fédération critique les positions du Syndicat général des professeurs et professeures de l’université de Montréal (SGPUM), qui invoquent « toutes les justifications possibles […] afin de ralentir le processus de modification du comité de discipline », notamment en invoquant les clauses de la convention collective.
Le 12 novembre, la FAÉCUM a publié une vidéo sur les réseaux sociaux dénonçant « l’inaction du SGPUM » depuis le début de la campagne de mobilisation. « Y’a rien qui bouge. Aucune action, aucune réponse, c’est silence radio », dit un étudiant à la caméra. Les étudiant·e·s dénoncent également les autres types de violences n’étant pas à caractère sexuel, comme le harcèlement, l’intimidation, la violence physique et la violence verbale.
Bras de fer à l’udem
Cette campagne s’inscrit dans ce qui a toutes les allures d’une confrontation entre les étudiant·e·s, les professeures·e·s et l’université de Montréal. En effet, selon le quotidien Le Devoir, le SGPUM avance que la direction de l’université de Montréal tenterait d’utiliser le prétexte des violences sexuelles pour forcer le syndicat à renégocier leur convention collective. Jean Portugais, président du SGPUM, indique que l’université veut « le plein pouvoir sur la discipline », déplorant le fait que les membres de la direction aient rejeté l’idée de la création d’un comité autonome.
Toujours selon Le Devoir, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’université de Montréal (SCCCCUM) s’est publiquement dissocié du SGPUM en étant d’avis que « les viols, le harcèlement et les agressions doivent faire l’objet d’un processus disciplinaire identique pour tous les membres de la communauté universitaire ».
De son côté, l’université de Montréal estime être en mesure d’arriver à adopter une politique contre les violences à caractère sexuel d’ici le 1er janvier 2019. x