Le Délit

Hommage en talons hauts

Le Délit était présent au drag show rendant hommage aux cultures noires.

- Audrey Bourdon Éditrice Culture

Ce mercredi passé était organisée au Cabaret Mado la soirée Black Tribute : Hommage à l’histoire

des Noir·e·s. Deuxième édition de cet événement, on pouvait sentir l’excitation émanant des organisate­urs ainsi que du public. Le spectacle a débuté avec la présentati­on d’un poème de l’américaine Maya Angelou « Still I Rise », un hymne à la résilience des communauté­s noires face à la discrimina­tion et aux injustices.

Reines du soir

Par la suite, les différente­s performanc­es nous étaient données par quatre drag queens noires, interpréta­nt uniquement des titres de chanteurs et chanteuses noir · e · s. Barbada, la drag queen coorganisa­trice de l’événement, a mentionné que c’était là de la discrimina­tion positive. « J’ai souvent vu des drags blanches performer du Rihanna, du Beyoncé, du Whitney (Houston, ndlr). Ce n’est pas que ce n’est pas bon, mais là, on peut vraiment dire qu’« on se l’approprie » . Il y a tellement une belle vibe, une belle énergie qui se dégage de ces chansons- là. Il y a beaucoup de gens qui ne réalisent pas que ces chansons sont chantées par des interprète­s noir · e · s, il suffit que l’artiste soit un peu moins connu·e. » Cela étant mon tout premier drag show, j’en fus d’autant plus renversée. L’énergie exubérante des drag queens est inévitable­ment contagieus­e, me laissant avec des crampes de joues à force de trop sourire.

Un rendez-vous unique

L’autre organisate­ur et animateur de la soirée, Marlot, m’expliquait à la fin du show pourquoi l’initiative d’un tel spectacle lui avait semblé nécessaire : « On ne parle jamais ou que très rarement des Noir · e · s LGBTQ+, on ne met jamais cette histoire- là de l’avant. Je me disais que c’était important de rassembler des personnes noires, comme moi et Barbada, de dire « voici un peu notre histoire, notre perspectiv­e sur celle- ci » . Et le show ne rend pas seulement hommage aux Noir·e·s LGBTQ+, mais à la contributi­on des Noir · e · s de manière plus générale. On veut amener la ré- flexion. Je travaillai­s au Drague à Québec avant et je voyais beaucoup de shows, et il y a tellement de choses qui se passent dans la communauté homosexuel­le, qui se disent, et de styles vestimenta­ires qui viennent directemen­t de la communauté noire, mais dont on ne connait pas la provenance. Si on ne montre pas notre identité, notre bagage, qui va le faire à notre place? Probableme­nt personne. »

Lorsque j’ai demandé à Barbada ce que représenta­it cet événement pour elle, elle a souligné l’unicité d’un pareil spectacle : « On n’a pas d’autres soirées dans l’année qui réunit uniquement des artistes noir · e · s. Alors c’est vraiment un show unique, il ne se fait pas ailleurs ici, ni au Drague à Québec. C’est très significat­if qu’on le fasse à ce temps- ci de l’année, malgré la températur­e, on ne sait jamais si les gens vont venir à cause d’une tempête comme aujourd’hui, mais ça reste que c’est important de le faire ce mois- ci, ne serait- ce que pour se rappeler. Par nécessaire­ment pour brag que c’est notre mois, juste pour se rappeler de la contributi­on des artistes noir · e · s. » x

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Audrey Bourdon

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