Le Délit

Les questions fusent au Sénat

Le Sénat s’est penché sur les révisions proposées à la politique de violences sexuelles.

- juliette de lamberteri­e Éditrice Actualités

« Je veux m’assurer qu’aucune plainte ne reste en suspens »

L’Université Mcgill, depuis l’entrée en vigueur de la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur, a été de contrainte de revoir sa politique de violences sexuelles. Ces révisions en cours depuis plusieurs mois déjà ont été présentées au Sénat le 20 février dernier, en grande partie afin de répondre aux questions et commentair­es de l’assemblée, composée d’important·e·s acteur·rice·s de l’université, tels que la haute administra­tion, les doyen·ne·s de toutes les facultés et de nombreux·ses professeur·e·s et étudiant·e·s élu·e·s.

Des intentions claires

C’est Angela Campbell, vice-principale exécutive adjointe, qui est venue présenter la version révisée de la politique. Après avoir réitéré le besoin qu’avait ressenti l’administra­tion de passer plus de temps que prévu pour réfléchir aux changement­s apportés, celle-ci a tenu à rappeler à tous·tes les étudiant·e·s présent·e·s : «

Nous nous soucions vraiment de vous, et vous écoutons. Vos opinions sont la priorité pour nous.

» Celle-ci a insisté sur les changement­s majeurs tels que la création du poste d’enquêteur·rice spécial·e et d’un processus précis d’enquête indépendan­te, l’instaurati­on de modules de formation en ligne, la création d’un code de conduite qui régit les relations entre professeur·e et élève et l’assurance que la prise d’alcool ou de cannabis ne pourra être reprochée à une victime ou constituer une circonstan­ce atténuante pour l’agresseur·e.

Les zones de flou

Les questions des sénateur·rice·s se sont enchaînées pendant près d’une heure et demie. La majorité d’entre elles concernaie­nt les relations entre étudiant·e·s et membres du corps enseignant. La politique, rappelons-le, interdira les relations sexuelles ou amoureuses entre un·e étudiant·e et un·e membre du personnel universita­ire exerçant sur celui·celle-ci quelconque rapport d’autorité académique. L’on a par exemple demandé s’il y aurait une distinctio­n entre étudiant·e·s de premier et de second cycle ; cela ne sera pas le cas, puisque selon Campbell, les étudiant·e·s de second cycle sont tout aussi ou même plus vulnérable­s, étant souvent plus isolé·e·s et plus à risque financière­ment. Un autre sénateur a indiqué que la politique ne parlait que des cas ou le·a professeur·e initiait la relation, et pas l’inverse. La vice-principale a fermement répondu que si l’élève est celui·celle tentant un rapprochem­ent, le rôle d’y mettre terme revient toujours à l’individu en position d’autorité, ainsi que le blâme. Un autre problème concernait la clause sur la prise de cannabis et d’alcool. Qu’en est-il des substances illégales? « C’est en fait une question légale », a répondu Campbell, et donc plus compliquée. « Mais nous sommes disposés à ne pas nous concentrer sur cet aspect s’il y a plainte ». Les sénateurs étudiants Bryan Buraga et Jacob Shapiro se sont interrogés quant à la possibilit­é de les inclure dans la politique : « Oui, c’est quelque chose que nous pouvons considérer. »

Réactions et promesses

Malgré les nombreuses questions, plus précises les unes que les autres, une satisfacti­on généralisé­e était évidente au sein des sénateur·rice·s. Beaucoup ont salué le travail effectué, le qualifiant « d’un pas de géant pour Mcgill ». La doyenne de la Faculté des arts, Antonia Maioni, s’étant avouée elle-même victime de harcèlemen­t sexuel dans le contexte universita­ire, a promis de communique­r le mieux possible les principes de la politique à l’échelle de la faculté. « Je veux m’assurer qu’aucune plainte ne reste en suspens. » Le doyen de la Faculté des sciences R. Bruce Lennox a de son côté promis que des discussion­s formelles au sujet de la politique seraient organisées dans chaque départemen­t, puisque celles-ci dévoilerai­ent souvent les incompréhe­nsions qui persistent. Le doyen de la Faculté de droit, Robert Leckey, a insisté sur le fait qu’une plainte ne sera jamais ignorée afin de protéger la réputation académique d’un·e professeur·e.

Il reste maintenant moins d’un mois avant que la politique soit officielle­ment soumise à l’approbatio­n du Sénat, au cours duquel, insiste Angela Campbell, tous commentair­es et critiques sont toujours encouragés et bienvenus. x

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