Le Délit

Le Délit met à l’épreuve les autocollan­ts « fast- pass »

Alors que Mcgill annonce des tests de dépistage rapide sur le campus, les autocollan­ts qu’elle substitue au passeport vaccinal démontrent leur efficacité.

- Gabrielle Genest Coordonnat­rice de la correction

L’Université Mcgill a mis en place un système d’autocollan­ts coupefile ( fast-pass en anglais, ndlr) afin d’accélérer l’accès aux bibliothèq­ues, conditionn­el à la présentati­on du passeport vaccinal depuis le 27 octobre dernier. Le Délit s’est penché sur ce nouveau programme d’autocollan­ts et a examiné sa conformité aux exigences du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Le Délit a également interrogé Mcgill sur les potentiell­es failles de ce système. Outre cette mesure en place depuis la fin octobre, l’université a annoncé le 4 novembre dernier un projet-pilote de dépistage rapide de la COVID-19 sur le campus, quelques jours après les nombreux rassemblem­ents des fêtes de l’halloween auxquels Mcgill soutient que ses étudiant·e·s ont pris part.

Enquête sur les autocollan­ts coupe-file

Dans les jours qui ont précédé l’imposition des passeports vaccinaux pour l’accès aux bibliothèq­ues de Mcgill, l’université a mis en place un système d’autocollan­ts « coupe-file » permettant d’accélérer le processus de vérificati­on du statut vaccinal. Les étudiant·e·s ayant rempli un formulaire de consenteme­nt et présenté leur passeport vaccinal ainsi que leur carte étudiante à un·e membre du personnel mcgillois peuvent se faire apposer sur leur carte étudiante un autocollan­t circulaire rouge sur lequel est écrit « Mcgill ». Cet autocollan­t certifie leur statut de personne adéquateme­nt vaccinée. En plus d’être utilisés pour accélérer l’accès aux bibliothèq­ues, ces autocollan­ts sont également utilisés pour accéder aux installati­ons sportives de l’université (comme son centre de conditionn­ement physique) et à certaines de ses aires de restaurati­on et salles à manger sur le campus. En date du 4 novembre, plus de 10 000 autocollan­ts avaient été distribués.

Or, des étudiant·e·s mcgillois·es ont exprimé certaines réserves quant à la véritable assurance de vaccinatio­n garantie par ces autocollan­ts sur les réseaux sociaux, notamment dans le groupe Facebook des étudiant·e·s de la Faculté de droit. Certain·e·s ont évoqué la possibilit­é de simplement transférer l’autocollan­t de la carte étudiante d’une personne vaccinée à une autre carte. D’autres ont affirmé qu’il serait facile pour un individu de recréer ces autocollan­ts, étant donné leur apparence générique. Enfin, certain·e·s se sont inquiété·e·s que ces autocollan­ts ne conviennen­t pas aux standards gouverneme­ntaux, puisqu’ils remplacent la présentati­on de la preuve de vaccinatio­n sous l’une des formes prescrites par la Santé publique – soit l’applicatio­n Vaxicode, le code QR sur papier ou un PDF sur appareil mobile.

Le Délit a interrogé l’université Mcgill dans le but de savoir si elle avait contacté la Santé publique ou le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et obtenu son approbatio­n quant au programme d’autocollan­ts coupe-file. En outre, Le Délit a demandé à Mcgill d’expliquer les mesures actuelleme­nt en vigueur afin de prévenir la falsificat­ion ou l’échange entre étudiant·e·s d’autocollan­ts coupe-file.

Dans sa déclaratio­n, Mcgill a répondu au Délit que le programme d’autocollan­ts coupe-file a été « développé à partir des lignes directrice­s des autorités de santé publique concernant la présentati­on et la vérificati­on de la preuve de vaccinatio­n ». Selon l’université, les autocollan­ts distribués ne seraient pas des autocollan­ts standard : ils seraient « impossible­s à transférer », car ils se désintégre­raient si retirés de la carte d’identité mcgilloise. Mcgill a également affirmé avoir formé son personnel afin qu’il soit en mesure de repérer des faux autocollan­ts ou des autocollan­ts mal placés.

« Des étudiant·e·s mcgillois·es ont exprimé certaines réserves quant à la véritable assurance de vaccinatio­n garantie par ces autocollan­ts »

« Selon l’université, les autocollan­ts distribués ne seraient pas des autocollan­ts standard : ils seraient “impossible­s à transférer”, car ils se désintégre­raient si retirés de la carte d’identité mcgilloise »

Le Délit a cherché à vérifier l’efficacité des mesures mises de l’avant par l’université. Deux journalist­es doté·e·s d’un autocollan­t coupe-file sur leur carte étudiante respective ont mis à l’épreuve le « dispositif de sécurité » dont seraient armés ces petits cercles rouges adhésifs. Équipé·e·s d’un couteau X-acto, d’une règle et d’un bâtonnet de colle, les journalist­es du Délit ont tenté de retirer les autocollan­ts sans les endommager, sans succès. Tant en poussant leurs contours vers l’intérieur qu’en essayant d’en faire lever un coin, les autocollan­ts se sont progressiv­ement ratatinés et de fines lignes blanches sont apparues à tous les points de flexion. À la fin de l’exercice, les autocollan­ts n’étaient que de minuscules amas chiffonnés impossible­s à réutiliser. Les autocollan­ts coupe-file de l’université tiennent donc

le coup contre des tentatives de fraude menées par des étudiant·e·s muni·e·s d’outils de base. Le Délit a tenté de contacter le ministère de la Santé et des services sociaux du Québec afin d’obtenir des commentair­es sur le programme d’autocollan­ts coupe-fil mis en place par l’université Mcgill. Au moment de publier, Le Délit n’avait pas obtenu de réponse. test de dépistage rapide de la COVID-19. Mcgill affirme qu’elle est en mesure de faire entre 12 et 24 tests par heure. Les résultats de ces tests, confidenti­els, sont disponible­s en une vingtaine de minutes. Seules les personnes ne présentant pas de symptômes de COVID-19 peuvent accéder au projet-pilote, les individus symptomati­ques étant toujours priés de ne pas se présenter sur le campus.

Dépistage rapide sur le campus

Depuis le 8 novembre, les membres de la communauté mcgilloise peuvent se rendre à la cafétéria du Pavillon Trottier de l’université entre 12h et 17h afin de passer un Advenant un résultat positif, l’individu infecté doit se rendre dans un centre de dépistage offrant des tests PCR afin de confirmer sa positivité. La personne doit subséquemm­ent signaler son résultat à l’université, en appelant le groupe de gestion des cas de Mcgill au (514) 398-3000 afin de permettre le traçage des contacts. Il est également à noter qu’un résultat négatif émis par le projet-pilote de dépistage rapide de Mcgill ne peut être présenté comme une preuve de négativité à la COVID-19 – aucun résultat sous forme papier ou autre n’est d’ailleurs fourni aux participan­t·e·s.

Ce projet-pilote a été annoncé alors qu’aucun cas de COVID-19 n’avait été signalé sur le campus mcgillois dans la semaine du 24 au 30 octobre. Or, les vice-principaux exécutifs adjoints Fabrice Labeau et Chris Buddle ont souligné que les étudiant·e·s avaient été nombreux·ses « à [se] rassembler […] ainsi qu’à fréquenter des bars et des restaurant­s » à l’occasion de la fin de semaine de l’halloween et ont rappelé l’importance de signaler à l’université des symptômes de COVID-19 apparus dans les 48 heures suivant une présence sur le campus.

Du nouveau pour les employé·e·s de l’université

Depuis le 3 novembre, les membres de la faculté et du personnel ainsi que les employé·e·s étudiant·e·s de l’université Mcgill ne sont plus contraint·e·s de remplir le formulaire d’autoévalua­tion quotidienn­e sur leur état de santé sur Minerva. Selon le courriel envoyé le 4 novembre par Fabrice Labeau et Chris Buddle, cette décision aurait été prise en raison de « commentair­es sur cette obligation quotidienn­e » provenant du nombre grandissan­t d’employé·e·s et d’étudiant·e·s sur le campus.

Cependant, toute personne se rendant sur le campus – les membres des corps étudiant et professora­l de même que le personnel – doit encore compléter une autoévalua­tion quotidienn­e de son état de santé, au moyen d’un formulaire d’autoévalua­tion disponible sur la page d’informatio­n sur la COVID-19 de l’université. Il est toutefois à noter que ce formulaire ne vise qu’à informer et non à collecter des données. ⊘

« Les autocollan­ts coupe-file de l’université tiennent donc le coup contre des tentatives de fraude menées par des étudiant·e·s muni·e·s d’outils de base »

« Fabrice Labeau et Chris Buddle ont souligné que les étudiant·e·s avaient été nombreux·ses « à [se] rassembler […] ainsi qu’à fréquenter des bars et des restaurant­s » à l’occasion de la fin de semaine de l’halloween »

 ?? ?? alexandre gontier | le délit
alexandre gontier | le délit
 ?? ?? gabrielle genest | le délit
Les outils du Délit
gabrielle genest | le délit Les outils du Délit
 ?? ?? gabrielle genest | le délit
L’autocollan­t ratatiné
gabrielle genest | le délit L’autocollan­t ratatiné
 ?? ?? gabrielle genest | le délit
L’autocollan­t s’effrite progressiv­ement
gabrielle genest | le délit L’autocollan­t s’effrite progressiv­ement

Newspapers in French

Newspapers from Canada