Le Délit

Retrait d’une question au référendum

Va-et-vient autour de la Politique de solidarité avec la Palestine.

- MYRIAM BOURRY-SHALABI Éditrice Actualités Félix A. Vincent Éditeur Actualités

Le 14 mars dernier, le conseil judiciaire de l’associatio­n étudiante de l’université Mcgill (AÉUM) a ordonné à Élections AÉUM d’enlever une question du référendum de l’hiver 2022 portant sur l’adoption de la Politique de solidarité avec la Palestine. La question a été retirée « jusqu’à ce qu’une décision juridique puisse être rendue » par le conseil judiciaire, selon un communiqué d’élections AÉUM. Cependant, elle a été remise sur le scrutin quelques heures plus tard par Élections AÉUM. La Politique est proposée par le groupe Étudiant·e·s de Mcgill en solidarité pour les droits humains palestinie­ns ( Students for Palestinia­n Human Rights , SPHR). Le groupe exige toujours des justificat­ions de la part du conseil judiciaire quant à sa décision initiale de retirer la question du référendum.

La Politique de solidarité avec la Palestine en question engagerait L’AÉUM à « boycotter les instituiti­ons et corporatio­ns complices dans l’apartheid israélien contre la Palestine ». Le préambule de la Politique définit que « ce système d’apartheid colonial se caractéris­e par un régime brutal d’appropriat­ion des terres, de postes de contrôle, de démolition­s de maisons, de destructio­n de l’environnem­ent, de déportatio­ns et d’exécutions extrajudic­iaires aux mains des soldats, de la police et des colons ». La Politique dénonce que « l’université Mcgill investisse et collabore étroitemen­t avec plusieurs sociétés et institutio­ns complices d’un système bien établi d’apartheid colonial contre les Palestinie­ns ». D’après le document, cela contribuer­ait à ce que « les Palestinie­ns de la bande de Gaza continuent de vivre dans des conditions qui ne cessent de s’aggraver, sous un blocus destructeu­r, où les tentatives de protestati­on ou de résistance se heurtent aux balles des tireurs d’élite ou à des bombardeme­nts meurtriers ».

La nouvelle Politique mettrait de l’avant la mise en place d’un Comité en solidarité avec la Palestine qui serait chargé d’assurer sa mise en oeuvre pour les cinq années suivant son adoption.

Selon SPHR, le retrait de la question est « l’exemple le plus récent de comment les exécutifs de L’AÉUM réduisent au silence ou répriment les voix pro-palestinie­nnes ». En mai 2021, le groupe militant a avancé que certains exécutif·ve·s de L’AÉUM auraient participé à la rédaction d’une liste noire d’étudiant·e·s pro-palestinie­n·ne·s sur le campus. Un mois plus tard, L’AÉUM a lancé une enquête sur ces allégation­s. Le 18 novembre dernier, pendant une rencontre du conseil d’administra­tion de L’AÉUM, le vice-président Finance Éric Sader a affirmé que cette enquête s’inscrit dans le travail de l’associatio­n : « L’AÉUM a lancé une enquête [...]. L’associatio­n travaille activement pour assurer la sécurité de tous ses membres ».

À la suite du retrait de la question du référendum le 14 mars, les membres de SPHR ont dénoncé le geste comme étant « une violation inacceptab­le allant à l’encontre du processus démocratiq­ue de L’AÉUM ». Le groupe militant a donc exhorté L’AÉUM de remettre la question sur le scrutin, tel qu’initialeme­nt prévu.

Quelques heures plus tard, Élections AÉUM a publié un communiqué annonçant l’annulation du référendum déclaré comme étant « défectueux et incomplet ». Un nouveau scrutin a donc été mis en place, où figurait la question sur l’éventuelle Politique de solidarité avec la Palestine.

Selon les membres de SPHR, cette décision d’enlever la question n’est pas conforme à la section 1.2 du Règlement des élections et des référendum­s. Cette dernière stipule que « Élections AÉUM est le seul organe pouvant administre­r les élections ». L’AÉUM ne devrait donc pas être en mesure d’interférer. SPHR attend des justificat­ions plus précises de la part du conseil judiciaire : « Les deux entités [Élections AÉUM et le conseil judiciaire, ndlr] se sont comportés avec honte et nous ne pouvons pas leur pardonner tant qu’ils n’auront pas démontré qu’ils reconnaiss­ent la gravité de l’action qu’ils ont commise ». ⊘

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Alexandre gontier | le délit

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