Le Délit

Un courriel qui fait du bruit

Conseil législatif : la Politique en solidarité avec la Palestine ne passe pas inaperçue.

- Thomas fridmann Éditeur Actualités

La rencontre du conseil législatif de l’associatio­n étudiante de Mcgill (AÉUM) avait lieu par Zoom le jeudi 23 mars au soir. Outre les activités normales, la rencontre a été marquée par des discussion­s entourant le courriel envoyé par Fabrice Labeau (Premier vice-principal exécutif adjoint) sur la nouvelle Politique de solidarité avec la Palestine ( Palestine Solidarity Policy, ndlr) adoptée le 21 mars dernier. Le message de Labeau mentionne que cette politique serait « contraire aux principes mêmes de L’AÉUM » et demande à L’AÉUM de remédier à la situation, faute de quoi le protocole d’entente entre cette dernière et l’université pourrait être résilié. Au terme de la rencontre, le conseil a approuvé une motion déposée durant la soirée qui proposait l’écriture d’une réponse de L’AÉUM au message de Labeau.

Des débats sur la réponse à apporter face à Mcgill

La rencontre du conseil a commencé dans le calme, mais il n’a suffi que de 10 minutes pour entrer dans le vif du sujet. Au moment d’approuver l’ordre du jour de la réunion, la représenta­nte de la Faculté des Arts, Yara Coussa, a proposé un point de discussion supplément­aire sur le message de Fabrice Labeau reçu le jour même, seulement quelques heures avant la réunion. Ce message faisait part d’accusation­s de l’administra­tion mcgilloise comme quoi la Politique de solidarité avec la Palestine polarisera­it la communauté étudiante et promouvrai­t une culture d’ostracisat­ion. La Politique avait été adoptée dans le dernier référendum, 71,1% des étudiants s’y étant montrés favorables. Le taux de participat­ion au référendum s’élevait à 16,5%, plus qu’à la dernière élection de l’exécutif de L’AÉUM. Les modificati­ons proposées par la représenta­nte Coussa ont été approuvées avec 16 voix en faveur et trois contre. La présidence du conseil en a ensuite profité pour rappeler les règles parlementa­ires – comme le fait de ne pas interrompr­e l’agenda et de ne pas s’adresser directemen­t aux conseiller­s – aux membres de la galerie, venus en grand nombre afin de questionne­r leurs représenta­nts sur le message qu’ils avaient eux aussi reçu. En effet, les membres de la gallerie ne savaient pas à qui s’adresser, ni quand intervenir ou pas.

Bien qu’il ait été absent de la soirée en raison de ses obligation­s au Conseil des gouverneur­s de Mcgill, le président de L’AÉUM Darshan Daryanani a toutefois publié un communiqué le vendredi 25 mars à l’attention des membres du conseil législatif. Il y a mentionné sa peur que la récente sortie de Mcgill empiète sur l’autonomie de L’AÉUM tout en soulignant que « l’intention de Mcgill de mettre fin au protocole d’entente avec L’AÉUM » est préoccupan­te.

Lors de la période des questions, le v.-p. aux Affaires externes, Sacha Delouvrier, a mentionné que l’université mettait de la pression sur L’AÉUM afin de changer le contenu de la Politique, malgré le fait qu’elle ait été approuvée démocratiq­uement. Il a suggéré une « consultati­on avec [leurs] avocats quant à la réponse à donner et pour discuter de nos options. » Au sujet de la possible réaction de L’AÉUM, le v.-p. aux Finances, Éric Sader, a rappelé l’importance d’entamer des discussion­s avec l’administra­tion plutôt qu’adopter une approche frontale. La représenta­nte Yara Coussa a souligné l’importance de ne pas abandonner la Politique, car elle a été approuvée par la majorité des votants. La représenta­nte de la Faculté des Arts, Charlotte Gurung, a quant à elle répondu que la prochaine étape serait une décision du conseil judiciaire sur la constituti­onnalité de la Politique en solidarité avec la Palestine.

Une période de discussion a ensuite eu lieu, prolongée à deux reprises. Plusieurs des intervenan­ts du public ont incité L’AÉUM à répondre immédiatem­ent à la prise de position publique de Mcgill. Cependant, les différents conseiller­s et membres exécutifs ont appelé au calme, Delouvrier et Gurung expliquant par exemple qu’il fallait prendre en compte qu’une « bataille judiciaire » contre Mcgill serait particuliè­rement coûteuse. Selon les représenta­nts, cette bataille judiciaire utiliserai­t de l’argent venu de la poche des étudiants dont 83,5% ne se sentent pas suffisamme­nt concernés pour voter. L’idée d’écrire une affirmatio­n conjointe avec le mouvement Étudiants de Mcgill en solidarité pour les droits humains palestinie­ns ( Solidarity for Palestinia­n Human Rights, SPHR) a été écartée. Toutefois, la motion concernant l’écriture d’une déclaratio­n par L’AÉUM sur le message du Mcgill Relations Office (MRO) de l’université a été approuvée par 11 voix en faveur, mais quatre s’y sont opposées et deux se sont abstenues. Elle implique la consultati­on de SPHR et de l’équipe légale de L’AÉUM avec pour objectif de publier la déclaratio­n le 28 mars.

Autres sujets d’intérêt

Parmi les points importants soulevés durant la rencontre du conseil législatif, le v.-p. aux Finances, Éric Sader, a fait une courte présentati­on sur le désinvesti­ssement dans les finances de L’AÉUM. Il a ainsi mentionné la priorisati­on des compagnies vertes, transparen­tes, et l’importance de ne pas investir dans des compagnies socialemen­t irresponsa­bles. Il a reconnu que l’institutio­n dans laquelle est placé l’argent de L’AÉUM, la Banque royale du Canada (RBC), n’est pas la meilleure option en raison de ses investisse­ments dans les sables bitumineux. Selon lui, cependant, il serait difficile de transférer vers une autre banque, en prenant l’exemple d’un transfert passé des finances de L’AÉUM de la Banque Scotia vers RBC.

« Delouvrier et Gurung [expliquaie­nt] par exemple qu’il fallait prendre en compte qu’une “bataille judiciaire ” contre Mcgill serait particuliè­rement coûteuse »

Deux autres motions ont également été approuvées à l’unanimité. La première visait à confirmer la nomination de FL Fuller Landau LLP comme vérificate­ur de l’année fiscale 2023. La deuxième touchait à l’accessibil­ité aux bibliothèq­ues sur le campus, et donnera comme mandat au v.-p. aux Affaires universita­ires la responsabi­lité d’évaluer l’accessibil­ité dans les bibliothèq­ues et de recommande­r des changement­s.

La rencontre du conseil s’est clos avec les rapports des différents conseiller­s et comités. Bon nombre de ces rapports ont été repoussés à la prochaine rencontre. ⊘

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Alexandre gontier | le délit

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