Le Délit

Bilinguism­e : de la réputation à la réalité

- Philippe Bédard-gagnon Rédacteur en chef

En s’inscrivant à l’université Mcgill, nous savions que la langue anglaise y serait la langue d’instructio­n. Pour diverses raisons, cela ne nous a pas découragé·e·s d’y étudier. Certain·e·s maîtrisaie­nt déjà l’anglais ou souhaitaie­nt perfection­ner leur connaissan­ce de cette langue. D’autres ont opté pour des programmes dispensés en français. Enfin, nombre d’entre nous ont, malgré leurs difficulté­s avec l’anglais, décidé de s’inscrire à Mcgill en raison des accommodem­ents offerts par l’université qui leur permettent de rester au niveau de leurs camarades anglophone­s. Nous sommes redevables de tous les efforts faits en ce sens par l’administra­tion mcgilloise. Permettons-nous ici de rappeler les droits des étudiant·e·s francophon­es de Mcgill.

À l’article 15 de la Charte des droits de l’étudiant·e, il est inscrit que « chaque étudiant a le droit de soumettre en français ou en anglais tout travail écrit devant être noté (sauf dans le cas des cours dont l’un des objets est la maîtrise d’une langue) ». Ce droit s’applique indépendam­ment de la langue parlée par les responsabl­es du cours et de leurs assistant·e·s. L’alinéa (f ) de l’article 21, quant à lui, autorise un·e étudiant·e à se défendre en français dans les cas d’accusation d’infraction disciplina­ire. Pour enchâsser le tout, l’article 2.1 interdit toute forme de traitement discrimina­toire envers un·e étudiant·e en raison (entre autres) de la langue – une pratique déjà proscrite par la Charte des droits et libertés de la personne. Cela veut dire qu’un travail remis en français devrait, en théorie, être noté selon les mêmes critères d’évaluation qu’un travail remis en anglais sans pénalité ou désavantag­e indu.

Cependant, il se dégage des nombreuses lacunes dans les ressources de l’université Mcgill une image de négligence envers les francophon­es du corps étudiant. Nous ne pouvons attester du véritable sentiment de l’administra­tion mcgilloise que nous espérons attentionn­ée ; ainsi offrons-nous de bonne foi une liste de demandes à l’administra­tion de Mcgill afin de corriger cette situation.

1. Traduire les pages Web officielle­s de Mcgill.

La liste de pages à traduire est longue et certaines sont essentiell­es, dont celles de Minerva (« Bourses et aide financière » et la majorité des pages du Menu des étudiant·e·s), du Pôle Bien-être, des résidences et les pages en lien avec les étudiant·e·s de premier cycle.

2. Cesser d’envoyer les courriels en anglais, puis en français plus tard.

Si une informatio­n est si cruciale qu’elle doit être communiqué­e immédiatem­ent, elle l’est suffisamme­nt pour que sa traduction soit également immédiate. Dans le cas contraire, le courriel anglais peut attendre la traduction. Cela aurait comme effet supplément­aire d’alléger les boîtes courriel des étudiant·e·s en diminuant le nombre de courriels envoyés. On remarque déjà un effort de l’université en la matière, il ne faut toutefois pas qu’elle revienne à ses mauvaises habitudes.

3. S’assurer que le droit de soumettre ses travaux en français soit inscrit dans tous les plans de cours de l’université, indépendam­ment des facultés.

Y ajouter les manières par lesquelles les professeur·e·s évalueront les travaux en français afin que les étudiant·e·s aient confiance qu’il·elle·s ne se feront pas attribuer une note aléatoire ou que leur travail ne sera pas piètrement traduit par Google traduction.

Mcgill se targue d’être accessible aux francophon­es. Il lui reste encore un peu de travail à faire pour se montrer à la hauteur de ses prétention­s.

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