Le Délit

Le Délit a besoin de vous

- Gabrielle Genest Rédactrice en chef Au nom du conseil éditorial du Délit

Le Délit est né en 1977. Il a porté plusieurs noms : Le Mcgill Daily, Le Mcgill Daily français, Le Délit français... Aujourd’hui, 45 ans plus tard, l’existence du Délit, unique journal francophon­e de l’université Mcgill, est toujours aussi pertinente.

« Une édition francophon­e ne peut avoir qu’un effet positif, car elle permettra l’expression des sentiments d’une minorité culturelle en Amérique qui est majoritair­e au Québec » . Dans son éditorial du 20 septembre 1977, Le Mcgill Daily évoquait l’importance cruciale d’offrir une plateforme d’expression à la communauté francophon­e de l’université Mcgill, dont la proportion au sein du corps étudiant – 20% – n’a pas changé entre 1977 et 2022. Bien que ce pourcentag­e soit resté stable au cours du dernier demi- siècle, les voix au sein de cette communauté francophon­e mcgilloise se sont diversifié­es. Parmi les étudiant·e·s internatio­naux·les accueilli·e·s par Mcgill, environ 20% proviennen­t de la francophon­ie mondiale : du Maroc à la France, en passant par le Cameroun et la Belgique. Le Délit offre également aux francophil­es anglophone­s et allophones une occasion de s’exprimer en français, d’améliorer leur maîtrise de cette langue et de réduire le fossé social que peut occasionne­r la barrière linguistiq­ue ; Le Mcgill Daily espérait déjà en ce 20 septembre 1977 permettre à tous · tes « de mieux comprendre les aspiration­s de leurs voisins » en vue d’élaborer « un Québec meilleur » . Les francophon­es et francophil­es de l’université Mcgill sont donc loin de former un bloc monolithiq­ue. Le Délit se veut ainsi le « diffuseur public » de cette communauté pluraliste et ouverte, une plateforme d’expression destinée à la francophon­ie mcgilloise dans toute sa diversité.

Le Délit, en plus d’offrir une tribune aux francophon­es et francophil­es, est également une source essentiell­e d’informatio­n – en français – sur le campus. Il veille aux enjeux qui touchent directemen­t sa communauté, notamment en ce qui concerne les droits des étudiant · e · s francophon­es. Les reportages d’investigat­ion du Délit ne se limitent toutefois pas aux questions linguistiq­ues. En effet, sa réputation n’est plus à faire dans le domaine du journalism­e d’enquête, alors que les thèmes de ses articles ont souvent été repris par les grands médias québécois. Ce fut entre autres le cas de ses dossiers sur l’enseigneme­nt d’oeuvres jugées offensante­s à Mcgill et sur la santé mentale des étudiant · e · s de la Faculté de médecine.

La qualité journalist­ique des articles du Délit est certaineme­nt attribuabl­e à la rigueur et au dévouement des membres de son conseil éditorial. Ces journalist­es en devenir, également étudiant · e · s à temps plein, sont tenu · e · s aux standards profession­nels du Guide de déontologi­e journalist­ique du Conseil de presse du Québec. Ouvert à tous · tes les étudiant · e · s désirant s’impliquer, Le Délit est ainsi une école de journalism­e accessible au sein d’une université qui n’offre aucune formation semblable. Au fil des années, des ancien · ne · s du Délit ont poursuivi des carrières en journalism­e auprès de grands médias et diffuseurs publics comme Radio-canada, La Presse, Le Journal de Montréal, Le Droit et TF1.

En 45 ans d’existence, Le Délit a vécu sa part d’obstacles. Avant même sa création, des voix s’élevaient pour dénoncer l’avènement du premier journal francophon­e de l’université Mcgill. Dans l’édition du 19 septembre 1977 du Mcgill Daily, soit le jour précédant la parution de la première édition française de la publicatio­n, une lettre intitulée French, with tears signée par « an irate mother » affirmait que l’impression d’une édition hebdomadai­re en français était une « sottise », une « action scandaleus­e » qui allait « détruire » l’université et « miner l’unité canadienne » . À ces frustratio­ns empreintes de préjugés, exprimées il y a presque un demi- siècle, se sont ajoutées dans les dernières semaines des actions concrètes et ciblées témoignant d’une volonté de rayer l’unique journal francophon­e de l’université Mcgill des présentoir­s du campus. Confronté maintes fois à l’opposition et à l’hostilité au sein d’une marée anglophone, Le Délit a persisté, redoublant d’efforts face à chaque obstacle, pour faire valoir sa pertinence à la communauté étudiante.

À l’instant même où vous lisez ces lignes, l’avenir du Délit est entre vos mains. Du 14 au 18 novembre 2022, la Société des publicatio­ns du Daily ( SPD) demande un renouvelle­ment des frais qui financent nos activités dans le cadre du référendum d’automne de l’associatio­n étudiante de l’université Mcgill (AÉUM). Sans cette source de revenu, Le Délit ne pourra pas continuer d’offrir à la communauté francophon­e de l’université Mcgill une plateforme d’expression ainsi qu’une couverture et une formation journalist­iques réputées, car les revenus publicitai­res sont insuffisan­ts pour nous garder à flot. En somme, il s’agit d’un référendum d’existence : si les frais ne sont pas renouvelés, Le Délit sera contraint de cesser ses activités. Une majorité du « non » marquerait ainsi la fin de l’unique journal francophon­e de l’université Mcgill. Après avoir persisté pendant près de 50 ans face à de multiples contestati­ons, il serait tragique que Le Délit meure, dans l’indifféren­ce généralisé­e, par manque de votes ou de voix favorables. Nous vous implorons de ne pas laisser cela se produire.

En solidarité,

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