Les partis d’opposition demandent réparation au nom des femmes du Québec
L’élue péquiste Carole Poirier a dénoncé sans retenue vendredi la «politique économique et sociale ouvertement antifemmes» du gouvernement libéral. «Ne jouons pas sur les mots : depuis deux ans, ce gouvernement s’emploie à mettre en oeuvre des actes de violence et de discrimination sexistes, qui peuvent être physiques, psychologiques, verbaux, économiques, sexuels, sociaux et politiques », a-telle lancé rapidement après le coup d’envoi de l’étude des crédits dévolus à la Condition féminine. Le ton était donné.
La liste des programmes visant à favoriser l’émancipation des femmes endommagés au cours du redressement des finances publiques «est longue» : « Chapeau, les filles!», «À égalité pour décider», «Mauriciennes d’influence», a souligné Mme Poirier. « L’élection d’un gouvernement libéral à la tête du Québec a marqué le tournant de l’austérité et le recul des conditions de vie des femmes du Québec. »
Autre exemple: les femmes ont mis la main sur à peine 20% des emplois créés au Québec en 2015, a-t-elle mentionné, citant un rapport d’étude de L’R des centres de femmes du Québec.
Le réquisitoire antiaustérité de la porte-parole de l’opposition officielle en matière de Condition féminine a fait sursauter les élues libérales Marie-Claude Nichols, Nicole Ménard et Véronique Tremblay. «Wow! Je suis sans mots. […] Je n’en reviens tout simplement pas », a dit Mme Nichols, frappée d’indignation. Ce type de dérapage verbal de la députée d’Hochelaga-Maisonneuve nuit à «la cause des femmes », est-elle d’avis. «Je m’adresse à ma fille, qui a 15 ans. Je ne suis pas sûre qu’elle va avoir le goût de faire de la politique si elle regarde ce qui se passe ici aujourd’hui », a dit l’ex-mairesse de la ville de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot.
La ministre responsable de la Condition féminine, Lise Thériault, a aussi appelé les partis d’opposition à ne pas faire de «la partisanerie à outrance» en matière de condition féminine. La vice-première ministre s’était pourtant décrite, quelques minutes plus tôt, comme «la meilleure alliée des femmes».
Des conservateurs à Québec?
Le programme des libéraux de l’équipe Couillard en matière de Condition féminine est la « même chose» que celui des conser vateurs de l’équipe Harper chassée du pouvoir en novembre dernier, a lâché la présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Mélanie Sarazin, à la sortie de l’Assemblée nationale.
Elle a été «choquée» de constater de visu que Mme Thériault se distancie de la «vision féministe de l’égalité entre les hommes et les femmes» en « gard[ant] » les «yeux fermés» sur les impacts des coupes budgétaires dans les programmes voués notamment à la santé et à l’éducation des femmes. « On est en train de mourir», a-t-elle laissé tomber. Mme Sarazin a exhorté, en vain, le gouvernement libéral «de tout remettre ce qui a été coupé, point à la ligne».
«À l’échelle du gouvernement, ces coupes-là sont des économies de bouts de chandelles, qui ont des conséquences dramatiques sur le pouvoir d’agir des organismes de défense des droits des femmes» ,a ajouté la directrice générale du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), Nathalie Goulet.
L’élue solidaire Manon Massé a fait valoir vendredi que les femmes méritent réparation «en cette année de surplus budgétaire », puisqu’elles étaient les « premières victimes » de l’atteinte du déficit zéro.
Mononcle Guy?
Mesdames Poirier et Massé ont reproché au président de la Commission des institutions, Guy Ouellet, d’avoir accordé un droit de parole jeudi à la députée Marie Montpetit après avoir souligné qu’elle pourra ajouter une «touche féminine » aux échanges. « Le discours de mononcle, on n’est plus capables. Alors, il faut que ça arrête», a fait valoir Mme Poirier. «Ça, c’est le quotidien», a poursuivi Mme Massé, invitant toutefois les médias à ne «pas monter ça en épingle».
Mme Thériault a quant à elle déploré que Mme Poirier ait «ri» du député Marc H. Plante, qui a été le premier élu libéral à prendre la parole lors de l’étude des crédits octroyés la Condition féminine. « Je trouve ça dommage!»