Combattre l’image par l’image
La virtuosité du groupe armé État islamique sur les réseaux sociaux a fait la preuve par mille de la puissance de l’image à l’heure de l’Internet. Imitation de jeux vidéo, scénarios à la Hollywood, prises de vue spectaculaires : autant de recettes qui font mouche auprès de certains jeunes de la «génération du numérique». Or, si l’école s’affaire à doter les élèves des compétences liées à la critique et à l’analyse de textes, qu’en est-il de l’image ? «Les enfants passent une bonne partie de leur journée sur leur téléphone intelligent, il presse de les amener à développer un sens critique en ce qui concerne ces images. À cet égard, l’école est complètement dépassée », affirme Jihan Rabah, doctorante au Département de l’éducation à l’Université Concordia. Carolina Cambre, chargée de cours au même département, affirme que les images, plus que les textes, frappent plus que jamais l’opinion publique et sont susceptibles d’induire des comportements qui chamboulent les sociétés. L’école ne peut plus continuer d’ignorer cette nouvelle donne. À cet égard, l’image d’Aylan Kurdi, petit Syrien de trois ans retrouvé noyé le 2 septembre 2015 sur les plages de Turquie, a suffi à renverser l’opinion publique occidentale et à engendrer un revirement politique dans plusieurs pays occidentaux.