La prison aggraverait les ennuis de santé de Michael Applebaum, craint son fils
La Couronne réclame une peine d’emprisonnement ferme de deux ans pour l’exmaire de Montréal par intérim, Michael Applebaum, reconnu coupable le mois dernier de fraude, d’abus de confiance et de complot. Venu témoigner mercredi, le fils de Michael Applebaum a dit craindre pour la santé physique et mentale de son père si celui-ci se retrouve en prison.
À l’occasion des observations sur la peine devant la juge Louise Provost, Dylan Applebaum, 23 ans, a décrit avec émotion l’impact du verdict de culpabilité sur la vie de son père. «Il est triste, abattu, fait moins de blagues et a moins d’énergie.» Dylan Applebaum s’est dit très préoccupé par l’état de santé de son père, non seulement physique, mais également psychologique. « Je l’ai vu pleurer à la maison », a-t-il expliqué, des sanglots dans la voix.
Après son arrestation en juin 2013, Michael Applebaum a tenté de travailler comme agent immobilier, mais ce fut difficile, voire impossible en raison de la médiatisation de son cas. Il souffre de problèmes de santé chroniques, que son arrestation a aggravés, a relaté Dylan Applebaum. «Si mon père va en prison, ça ne va pas juste l’affecter lui, mais aussi sa mère, ma mère et toute la famille », a-t-il avancé.
La défense a aussi fait témoigner Salvatore Sansalone, qui possédait l’agence immobilière qui a embauché M. Applebaum en 2014. Mais l’ancien maire avait peu de succès et, en trois ans, il n’a pu effectuer qu’une seule transaction et a touché une commission de 12 050 $.
Idées suicidaires
L’avocat de M. Applebaum, Me Pierre Teasdale, a par ailleurs déposé divers certificats médicaux, ainsi qu’une lettre du rabbin Allan W. Bright, de la congrégation Shaare Zedek. Le rabbin y évoque les idées suicidaires de Michael Applebaum: «Aujourd’hui, c’est un homme brisé. Un homme pour qui le suicide paraît être le seul soulagement possible à son angoisse.»
À l’instar de Dylan Applebaum, le rabbin indique être inquiet de la détérioration de l’état de santé physique et mentale de l’ancien maire. Il prie le tribunal de faire preuve de clémence.
Rappelons que, le 26 janvier dernier, Michael Applebaum avait été déclaré coupable de 8 des 14 chefs d’accusation qui pesaient contre lui, dont fraude envers le gouvernement, abus de confiance et complot. Il était accusé d’avoir touché des potsde-vin en échange de l’approbation d’un projet immobilier et de l’octroi d’un contrat d’entretien pour un centre sportif à l’époque où il était maire de l’arrondissement de Côte-desNeiges–Notre-Dame-de-Grâce.
Message dissuasif
La Couronne a demandé une peine de deux ans d’emprisonnement ferme, assortie d’une probation de deux ans. «Il y a un message clair de dissuasion qui doit être envoyé pour en finir avec le cynisme que les gens ont envers les institutions publiques et démocratiques », a indiqué la procureure de la Couronne, Me Nathalie Kleber.
Selon l’avocate, les problèmes de santé de M. Applebaum ne devraient pas empêcher l’imposition d’une peine d’emprisonnement puisque rien n’indique que l’ancien élu ne pourrait bénéficier de traitements adéquats en détention.
De son côté, la défense juge que la peine proposée par la Couronne est «disproportionnée». Le risque de récidive est nul. Déjà stigmatisé, Michael Applebaum fera face à de grandes difficultés pour gagner sa vie, a souligné Me Pierre Teasdale.
La défense a ainsi suggéré une peine mixte de 12 à 15 mois pouvant inclure un emprisonnement en discontinu, une période de probation et des travaux dans la communauté.
La juge Provost prononcera la sentence le 30 mars prochain.