Enquête au SPVM. Coiteux croit toujours à l’indépendance de la SQ.
Le gouvernement Couillard ne retirera pas à la Sûreté du Québec (SQ) l’enquête sur la fabrication de faux témoignages par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) malgré de nouvelles informations sur la collaboration entre les deux corps policiers.
Jeudi, Le Devoir révélait que des policiers de la SQ avaient transmis au SPVM un rapport de surveillance sur l’un des ex-policiers interviewés dans le reportage de JE, Roger Larivière. C’est à la suite de ce signalement que des agents du SPVM ont fouillé sa résidence et son lieu de travail.
Or, selon le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, cela ne compromet pas l’indépendance de la SQ parce qu’«on parle d’un signalement, on [ne] parle pas d’une enquête ». «Ça ne remet pas du tout les choses en question», a-til réitéré, jeudi matin.
La SQ a quant à elle répété à Radio-Canada que ses quatre policiers en civil ne participaient pas à une filature et qu’ils avaient été témoins par hasard de la rencontre entre Roger Larivière et le chroniqueur Stéphane Berthomet au restaurant Eldorado.
«Ce n’est pas une opération de filature, ce n’est pas une opération de surveillance, mais une rencontre impromptue qui a eu lieu dans un restaurant », a-t-il déclaré à RDI. «On parle de policiers qui étaient au restaurant et qui ont été témoins d’une rencontre. Pour eux, cette rencontre était préoccupante et ils ont choisi de la rapporter à leur
«C’est un argument supplémentaire pour avoir une enquête indépendante», a déclaré Jean-François Lisée
supérieur », a fait valoir le porte-parole Guy Lapointe pour défendre l’indépendance du corps policier. « On ne parle pas d’une opération policière en bonne et due forme. On n’est pas dans ça du tout. »
M. Lapointe a par la suite décliné les autres demandes d’entretiens. «M. Lapointe ne fait plus d’entrevues sur le SPVM », a indiqué son collègue Ronald McInnis en matinée. «On va se concentrer sur l’enquête.»
Au sein de l’opposition, les inquiétudes étaient renforcées jeudi. « On a entendu [jeudi] une nouvelle information, que des enquêteurs de la Sûreté du Québec avaient été impliqués eux-mêmes dans une des enquêtes de la police de Montréal sur les enquêteurs qui ont fait ces révélations cette semaine à JE. Donc, c’est un argument supplémentaire pour avoir une enquête indépendante », a déclaré le chef péquiste Jean-François Lisée.
«Je pense que ça conforte notre position sur le fait qu’il ya, à l’intérieur des corps de police, un esprit de solidarité, a déclaré le député de la Coalition avenir Québec André Spénard. C’est le sentiment qui persiste dans la population, donc ça conforte notre position d’amener ça au Bureau des enquêtes indépendantes.»
Bureau surchargé
Par ailleurs, des sources proches du Bureau des enquêtes indépendantes ont indiqué au Devoir que l’organisation était déjà surchargée et manquait de ressources humaines. L’unité d’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes compte 22 enquêteurs, dont 3 superviseurs. Depuis son entrée en fonction en juin, le Bureau a été saisi de 26 enquêtes indépendantes et 7 enquêtes en matière d’allégations d’inconduite sexuelle.