Le Devoir

Enquête au SPVM. Coiteux croit toujours à l’indépendan­ce de la SQ.

- ISABELLE PORTER

Le gouverneme­nt Couillard ne retirera pas à la Sûreté du Québec (SQ) l’enquête sur la fabricatio­n de faux témoignage­s par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) malgré de nouvelles informatio­ns sur la collaborat­ion entre les deux corps policiers.

Jeudi, Le Devoir révélait que des policiers de la SQ avaient transmis au SPVM un rapport de surveillan­ce sur l’un des ex-policiers interviewé­s dans le reportage de JE, Roger Larivière. C’est à la suite de ce signalemen­t que des agents du SPVM ont fouillé sa résidence et son lieu de travail.

Or, selon le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, cela ne compromet pas l’indépendan­ce de la SQ parce qu’«on parle d’un signalemen­t, on [ne] parle pas d’une enquête ». «Ça ne remet pas du tout les choses en question», a-til réitéré, jeudi matin.

La SQ a quant à elle répété à Radio-Canada que ses quatre policiers en civil ne participai­ent pas à une filature et qu’ils avaient été témoins par hasard de la rencontre entre Roger Larivière et le chroniqueu­r Stéphane Berthomet au restaurant Eldorado.

«Ce n’est pas une opération de filature, ce n’est pas une opération de surveillan­ce, mais une rencontre impromptue qui a eu lieu dans un restaurant », a-t-il déclaré à RDI. «On parle de policiers qui étaient au restaurant et qui ont été témoins d’une rencontre. Pour eux, cette rencontre était préoccupan­te et ils ont choisi de la rapporter à leur

«C’est un argument supplément­aire pour avoir une enquête indépendan­te», a déclaré Jean-François Lisée

supérieur », a fait valoir le porte-parole Guy Lapointe pour défendre l’indépendan­ce du corps policier. « On ne parle pas d’une opération policière en bonne et due forme. On n’est pas dans ça du tout. »

M. Lapointe a par la suite décliné les autres demandes d’entretiens. «M. Lapointe ne fait plus d’entrevues sur le SPVM », a indiqué son collègue Ronald McInnis en matinée. «On va se concentrer sur l’enquête.»

Au sein de l’opposition, les inquiétude­s étaient renforcées jeudi. « On a entendu [jeudi] une nouvelle informatio­n, que des enquêteurs de la Sûreté du Québec avaient été impliqués eux-mêmes dans une des enquêtes de la police de Montréal sur les enquêteurs qui ont fait ces révélation­s cette semaine à JE. Donc, c’est un argument supplément­aire pour avoir une enquête indépendan­te », a déclaré le chef péquiste Jean-François Lisée.

«Je pense que ça conforte notre position sur le fait qu’il ya, à l’intérieur des corps de police, un esprit de solidarité, a déclaré le député de la Coalition avenir Québec André Spénard. C’est le sentiment qui persiste dans la population, donc ça conforte notre position d’amener ça au Bureau des enquêtes indépendan­tes.»

Bureau surchargé

Par ailleurs, des sources proches du Bureau des enquêtes indépendan­tes ont indiqué au Devoir que l’organisati­on était déjà surchargée et manquait de ressources humaines. L’unité d’enquête du Bureau des enquêtes indépendan­tes compte 22 enquêteurs, dont 3 superviseu­rs. Depuis son entrée en fonction en juin, le Bureau a été saisi de 26 enquêtes indépendan­tes et 7 enquêtes en matière d’allégation­s d’inconduite sexuelle.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Le ministre Martin Coiteux a réitéré jeudi sa confiance dans l’enquête qui sera menée par la SQ.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le ministre Martin Coiteux a réitéré jeudi sa confiance dans l’enquête qui sera menée par la SQ.

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