Le Devoir

La bataille de Mossoul. Les forces irakiennes reprennent l’aéroport.

Au 5e jour de l’offensive contre le groupe EI, les forces irakiennes sont entrées dans l’aéroport

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Mossoul — Appuyées par des avions, des drones et des hélicoptèr­es, les forces irakiennes sont entrées jeudi dans l’aéroport de Mossoul, au cinquième jour de l’offensive pour finir de reprendre la totalité de Mossoul, dernier grand bastion du groupe État islamique (EI) en Irak.

«Nous sommes dans l’aéroport, en face du terminal. Nos troupes sont en train de le libérer», a annoncé Hicham Abdul Kadhem, commandant d’un régiment des Forces d’interventi­on rapide (FIR).

À l’aide de pelleteuse­s, des équipes nettoyaien­t le site, dont la piste d’atterrissa­ge, très endommagée et recouverte de gravats, ont constaté des journalist­es de l’AFP. La plupart des bâtiments aéroportua­ires ont été détruits par des explosions.

Cet aéroport est désaffecté depuis que le groupe EI a chassé l’armée de Mossoul et de sa région en 2014 lors de son offensive éclair qui lui avait permis de proclamer un « califat » à cheval sur l’Irak et la Syrie.

Des hélicoptèr­es d’attaque ont également ciblé une usine sucrière adjacente. «Ils visent de possibles voitures piégées du groupe EI», explique un soldat alors qu’une grande fumée noire s’élève dans le ciel.

Des Américains sur le front

Au loin émergent les premiers immeubles du sud de Mossoul, prochaine étape des troupes irakiennes qui risquent alors d’affronter une résistance plus importante.

Les djihadiste­s contrôlent encore la partie orientale, dont la vieille ville, où ils seraient quelque 2000, selon des estimation­s du renseignem­ent américain. Encerclés de tous les côtés, ils devraient vendre chèrement leur peau en menant notamment des attentats suicides, la hantise des soldats irakiens.

L’avancée des forces irakiennes est soutenue par des frappes aériennes de la coalition internatio­nale dirigée par Washington et par des soldats

américains présents sur la ligne de front.

Ces militaires ont « essuyé des tirs en différente­s occasions» et «ont riposté […] dans et autour de Mossoul », a indiqué mercredi le colonel John Dorrian, porte-parole de la coalition.

Le commandeme­nt régional,

qui coordonne l’opération, a également annoncé que les forces d’élite du contre-terrorisme avaient pénétré dans la base militaire voisine de Ghazlani, où des soldats étaient stationnés avant que le groupe EI ne s’empare de la ville en juin 2014.

Cette nouvelle avancée intervient un mois tout juste après la reprise de la partie orientale de la ville, où la sécurité reste précaire, plusieurs attentats ayant frappé des zones «libérées».

Ces derniers jours, les forces irakiennes avaient consolidé leurs positions et repris plusieurs zones autour de Mossoul, permettant à des centaines de civils de fuir leurs villages.

Alors que la bataille s’annonce comme l’une des plus meurtrière­s de la guerre contre le groupe EI, l’ONU et les ONG s’inquiètent pour les quelque 750 000 habitants de Mossoul-Ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus précaires dans cette zone désormais coupée de l’extérieur et privée d’approvisio­nnement.

Selon des sources médicales et des habitants s’exprimant de Mossoul-Ouest sous le couvert de l’anonymat, les plus faibles commencent à mourir de malnutriti­on et du manque de médicament­s.

Prise d’Al-Bab en Syrie

La perte de Mossoul représente­rait un revers crucial pour le groupe EI, qui ne cesse de reculer en Irak comme en Syrie, où il a perdu jeudi le contrôle de la ville d’Al-Bab, dont les rebelles proturcs ont annoncé la reprise.

Al-Bab, où résidaient près de 10 000 habitants, «est importante car sa perte priverait le groupe EI d’une importante source de revenus à travers les taxes», a expliqué à l’AFP Aaron Stein, chercheur au centre de réflexion Atlantic Council basé à Washington. «C’était une zone où [les djihadiste­s] se réunissaie­nt et planifiaie­nt des attaques contre les Syriens et l’Occident».

Al-Bab était la dernière grande ville sous son contrôle dans la province d’Alep, mais le groupe ultraradic­al conserve la main sur la partie orientale de cette province.

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AHMAD AL-RUBAYE AGENCE FRANCE-PRESSE L’entrée dans l’aéroport de Mossoul représente une nouvelle avancée, un mois tout juste après la reprise de la partie orientale de la ville.

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