Le Devoir

Des citoyens demandent à David Heurtel de forcer la fermeture d’une usine

- ISABELLE PORTER

Àun mois du passage de l’usine de peinture Anacolor devant le Tribunal administra­tif, les citoyens du secteur de Cap-Rouge, à Québec, qui en subissent les nuisances réclament des actions immédiates pour qu’on interrompe ses activités.

«Encore aujourd’hui, l’école a dû faire rentrer les enfants à l’intérieur sur l’heure du midi parce que les odeurs étaient d’une intensité insupporta­ble», s’indigne Stéphanie Houde, du Regroupeme­nt contre la pollution de l’air à Cap-Rouge.

L’usine de coloration de pièces métallique­s est située en plein coeur de leur quartier résidentie­l. En juin, un rapport de la Santé publique dévoilé par Le Soleil a établi que les émanations n’étaient pas toxiques, mais a aussi confirmé que les nausées et les maux de tête ressentis par la population provenaien­t bel et bien de là.

Mme Houde, qui milite activement dans ce dossier, demande au gouverneme­nt de forcer la fermeture de l’usine en déposant une demande d’injonction interlocut­oire.

Rencontre LabeaumeHe­urtel ce matin

À l’automne, le ministère du Développem­ent a délivré un certificat d’autorisati­on pour forcer la compagnie à investir dans un épurateur d’air censé réduire de 90% les émissions. Anacolor conteste sa validité devant les tribunaux.

La cause doit être entendue devant le Tribunal administra­tif à partir du 20 mars, mais pour les résidants, c’est trop long. « On en a encore pour un mois d’ici aux audiences du 20 mars, ça n’a pas de bon sens », lance Mme Houde.

C’est pour cela que son Regroupeme­nt presse le gouverneme­nt de présenter en cour une requête d’injonction interlocut­oire. Une demande relayée par la Coalition avenir Québec jeudi. «Si le ministre déposait la demande d’injonction qu’on lui demande d’imposer, on pourrait [faire] pression sur l’entreprise pour qu’elle revienne à la raison», a déclaré le député du secteur de CapRouge, Éric Caire.

Le gouverneme­nt du Québec en viendra-t-il à cela? Jeudi, le ministre du Développem­ent durable, David Heurtel, est resté évasif sur la question. «Il faut respecter le processus judiciaire», a-t-il dit. Toutefois, il a laissé entendre qu’on n’aurait pas nécessaire­ment à attendre jusqu’à l’audience du Tribunal administra­tif pour que le dossier progresse. Lorsque Le Devoir lui a demandé si le dossier resterait en suspens d’ici au 20 mars, il a rétorqué: « Je n’ai pas dit ça.»

M. Heurtel et le maire de Québec, Régis Labeaume, se rencontren­t d’ailleurs vendredi matin à Montréal pour faire le point.

Mme Houde souhaite par ailleurs que la Ville de Québec exclue Anacolor de ses appels d’offres. L’entreprise a notamment participé au projet du Centre Vidéotron dans le passé.

Anacolor se défend

Jeudi, l’entreprise a brisé un long silence en déclarant dans un communiqué qu’elle faisait tout le nécessaire pour régler le problème. «Depuis 2013, l’entreprise est fermement engagée dans un plan d’améliorati­on de ses installati­ons et procédés», écrit-elle en affirmant qu’elle pense ainsi pouvoir réduire ses émissions de 77% «à terme».

Elle promet en outre d’installer d’ici la fin du mois de mars un épurateur et d’utiliser un vernis et des peintures moins dérangeant­s. Enfin, elle s’engage à rendre publics les résultats de ses campagnes de prélèvemen­ts.

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