Rona Ambrose veut envoyer les juges à l’école
Il ne devrait plus y avoir de juge demandant à une victime d’agression sexuelle pourquoi elle n’a pas «gardé les jambes fermées». Et c’est pour cette raison que la chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, veut obliger les futurs magistrats fédéraux à suivre des formations sur les mythes et stéréotypes liés aux plaintes pour agression sexuelle.
Le projet de loi déposé par Mme Ambrose modifierait la Loi sur les juges pour faire de l’assistance à ces formations une condition préalable à une nomination à la magistrature. Les juges déjà en poste ne seraient pas visés, mais le Conseil canadien de la magistrature aurait l’obligation de produire un rapport annuel détaillant les formations offertes et le nombre de juges présents. Les juges n’y seraient pas nommés.
«On ne peut pas exiger qu’ils soient nommés, et ce, au nom du respect de l’indépendance judiciaire », a expliqué Mme Ambrose. Le rapport du Conseil canadien de la magistrature devrait cependant inclure des statistiques sur le nombre d’affaires d’agressions sexuelles traitées par des juges n’ayant pas suivi de formation.
Trop tard
Mme Ambrose s’est dite motivée par le témoignage de nombreuses victimes qui se sont senties jugées pendant les procédures judiciaires ou qui ne font plus confiance au système. «Je ne veux pas montrer du doigt un cas particulier, mais nous savons tous qu’il y en a beaucoup. […] Les juges s’excusent de leurs commentaires. Acceptent de suivre une formation après avoir refusé d’en suivre une dans le passé. Mais rendu là, il est trop tard!»
En 2014, à Calgary, le juge Robin Camp avait demandé à une femme victime d’agression sexuelle pourquoi elle n’avait pas fermé les jambes. Il lui avait aussi dit que «la douleur et le sexe vont parfois de pair». M. Camp fait l’objet d’une procédure de destitution, qu’il conteste. L’homme qu’il avait acquitté a aussi été acquitté à son second procès.