Le Trésor américain promet croissance et changement
Le nouveau secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a détaillé jeudi les plans économiques du gouvernement Trump, promettant une croissance de 3% fin 2018 et de «grands changements» sur les plans fiscal et de la déréglementation.
Lors d’une interview sur la chaîne financière CNBC, sa première depuis sa prise de fonction au Trésor il y a une semaine, M. Mnuchin a estimé que les prévisions de croissance du projet économique et fiscal du gouvernement Trump étaient «tout à fait atteignables. Nous croyons que nous pouvons être compétitifs et retrouver une croissance durable à 3%, peut-être même mieux », a assuré M. Mnuchin alors que ces prévisions paraissent optimistes à de nombreux économistes.
La Réserve fédérale, comme le FMI, prévoient seulement 2% de croissance en 2018. L’expansion du PIB n’a été que de 1,6% en 2016, selon les chiffres du département du Commerce. Interrogé sur cette différence d’appréciation, M. Mnuchin a estimé que la banque centrale faisait ses projections sur le statu quo, sans tenir compte des réformes à venir.
Le gouvernement entend faire adopter sa vaste réforme fiscale dès août, a encore précisé M. Mnuchin. Son impact sur l’économie et la régulation se fera sentir «l’année prochaine, lorsqu’on commence à voir des changements dans les comportements », a-t-il expliqué.
Cap sur la croissance
«Nous allons mettre en oeuvre des politiques qui vont vraiment créer de la croissance dans l’économie, a-t-il encore affirmé. Nous allons opérer des changements significatif. » La réforme fiscale va conjuguer une baisse d’impôt pour les revenus moyens et une simplification des taxes pour les entreprises afin de rendre celles-ci «plus compétitives». Les éventuelles réductions d’impôt pour les plus riches seront compensées par l’élimination de déductions, a-t-il promis. Côté dérégulation, «il faut abattre des réglementations pour permettre aux petites et moyennes entreprises d’être à nouveau le moteur de la croissance ».
Rappelant qu’il misait sur l’effet d’entraînement des baisses d’impôt sur la croissance et la consommation, le nouveau ministre des Finances s’est enthousiasmé des talents comptables du personnel du Trésor américain. «Nous avons une cellule d’une centaine de personnes sur la question de la modélisation des taxes. Elles travaillent jour et nuit à tester différents scénarios pour nous », a-t-il confié.
Taxes de frontières
Interrogé sur sa position sur les projets de taxes d’ajustement aux frontières, ces droits sur les importations qui seront au coeur du débat sur le budget de Donald Trump, M. Mnuchin est resté prudent. Il a dit qu’il était en discussion avec des dirigeants du Congrès à ce sujet, estimant que ces taxes « présentaient des aspects intéressants mais posaient aussi des problèmes». Le projet de budget du gouvernement Trump devrait être présenté mi-mars.
Concernant la surveillance bancaire établie par la loi DoddFrank, dont Donald Trump a demandé la révision, M. Mnuchin a été plus vague. «Il faut s’assurer que les banques puissent prêter. Il existe un montant incroyable de liquidités. On veut s’assurer que les banques vont mettre cet argent au travail », a affirmé l’ancien banquier de Goldman Sachs, âgé de 54 ans. Il a révélé avoir demandé au Trésor d’explorer la faisabilité de l’émission de bons du Trésor américain à 50 ans, voire 100 ans.
«Je pense que c’est une sérieuse question que nous devrions explorer. Savoir si lever de l’argent sur 50 ou 100 ans avec une prime faible est une possibilité qu’il est intéressant d’examiner, a-t-il dit. J’en ai déjà parlé au personnel. »
La durée maximale des bons du Trésor américains est actuellement de 30 ans. La France et le Canada ont déjà emprunté à 50 ans, le Mexique à 100 ans.