Le Devoir

Abolition de Sainte-Marie– Saint-Jacques : le DGE doit dire la vérité

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La semaine dernière, le directeur général des élections (DGE), monsieur Pierre Reid, recevait dans ses bureaux la députée Manon Massé, qui conteste le projet de refonte qui ferait disparaîtr­e sa circonscri­ption de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Le DGE s’est dit ouvert à de nouvelles consultati­ons publiques sur la carte électorale. M. Reid a toutefois déclaré qu’il faudrait que les parlementa­ires modifient la Loi électorale pour lui permettre de procéder.

Par ses propos, le DGE semble faire une interpréta­tion très timide de son mandat et de son pouvoir. Si monsieur Reid croit que la réforme cause un préjudice à la députée et aux électeurs de sa circonscri­ption en imposant des délais déraisonna­bles pour la tenue de consultati­ons, il a l’obligation de le dire clairement et ouvertemen­t. Cette responsabi­lité lui appartient. Il ne peut pas simplement s’en remettre aux politicien­s comme il le fait en ce moment. Après tout, c’est lui le gardien des règles du jeu énoncées dans la Loi électorale. Personne au Québec n’est mieux placé que lui pour juger de l’impartiali­té du processus de refonte de la carte électorale.

Le DGE a le devoir de protéger et maintenir la confiance du public dans les institutio­ns électorale­s. S’il est d’avis que les citoyens de Sainte-Marie–Saint-Jacques ne seront pas capables d’exercer adéquateme­nt leur droit de parole dans les changement­s à leur circonscri­ption, il doit exprimer haut et fort sa préférence pour des consultati­ons plus longues. Si la majorité politique à l’Assemblée nationale choisit de ne pas suivre ses recommanda­tions et de ne pas changer la loi, le DGE aura au moins défendu l’intégrité de sa fonction et montré au public de quel côté logeait l’équité dans toute cette affaire. Denis Saint-Martin, professeur titulaire au Départemen­t de science politique de l’Université de Montréal Montréal, le 21 février 2017

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