Le Devoir

Le corps d’Iggy dansé pour vous

Dans Idiot, Helen Simard s’inspire de la biographie, de la musique et des gestes de Pop

- CATHERINE LALONDE

C’est en assistant dans les années 1980 à un concert du groupe Swans que la chorégraph­e et danseuse Helen Simard a eu une illuminati­on. «Ce groupe noise joue toujours trop fort, pour faire vivre une expérience réellement physique. C’était bouleversa­nt. J’ai vécu quelque chose, en regardant autant les mouvements de la foule, des spectateur­s, que ceux des musiciens: j’y ai vu une chorégraph­ie.»

Plus tard, c’est sur Iggy Pop que se concentrer­a son attention créatrice, jusqu’à lui consacrer une trilogie chorégraph­ique. Idiot, comme l’album The Idiot, premier geste solo du chanteur en 1977 — et référence directe au roman L’idiot, de Dostoïevsk­i —, en est le deuxième volet, pour quatre danseurs et trois musiciens, et se dévoile ce soir au public.

Une pratique corporelle

«Les chanteurs comme les danseurs ont une pratique qui vient du corps et seulement du corps, indique la jeune chorégraph­e. J’ai pensé d’abord travailler sur James Brown ou Mick Jagger, mais ils font trop clairement de la danse. Iggy Pop est un corps, unique, très artiste, très engagé, et qui en plus fait carrière depuis 50 ans.»

La chorégraph­e joue depuis longtemps avec la culture populaire et ses expression­s. Elle danse encore le break — elle était de Solid State Breakdance —, a travaillé avec le hip-hop. Sa création cette fois s’est faite en passant par des retranscri­ptions d’entrevues et de performanc­es d’Iggy Pop, des improvisat­ions, des lectures, afin de produire «un va-etvient entre le personnage Iggy Pop, les interprète­s et moi, pour trouver quelque chose qu’on pourrait tous incarner [embody] pleinement».

Helen Simard s’inspire donc à la fois de la biographie, de la musique et des gestes même de Pop, forcément très, très librement. NO FUN (2014), chorégraph­ie précédente, s’attardait au début de la carrière du chanteur. Idiot se concentre sur les années 1977-1979, période berlinoise marquée par l’amitié avec David Bowie et par le désir de se démarquer comme artiste solo, inspirée par l’expression­nisme allemand, le krautrock, les musiques de Brian Eno et Kraftwerk; «une période où il voulait se réinventer, où il a sorti cinq albums, mais où il n’a pas eu le succès commercial qu’il aurait souhaité. Je suis très inspirée par l’échec, par la faillite; je me sens très humaine face aux échecs», explique Helen Simard.

IDIOT Une chorégraph­ie d’Helen Simard. Avec Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Jackie Gallant, Sébastien Provencher, Emmalie Ruest, Roger White et Ted Yates. Au théâtre La Chapelle, du 27 février au 3 mars.

Sa création s’est faite en passant par des retranscri­ptions d’entrevues et de performanc­es d’Iggy Pop

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CINDY LOPEZ Idiot se concentre sur les années 1977-1979, période berlinoise marquée par l’amitié avec David Bowie.

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