Le régime syrien ne veut pas parler de transition politique
Genève — Le régime de Damas utilise le prétexte du terrorisme pour éviter de s’engager dans des discussions sur une transition politique en Syrie, a accusé dimanche le porte-parole de la délégation principale de l’opposition, alors que les pourparlers organisés par l’ONU à Genève peinent à démarrer.
«Depuis qu’ont commencé les négociations de Genève, le seul mot que le régime a à la bouche est le terrorisme. En fait, il bloque les choses en utilisant ce prétexte», a déclaré à l’AFP Salem alMeslet, porte-parole du Haut comité des négociations (HCN).
Le chef de la délégation du régime syrien à Genève, Bachar al-Jaafari, a déclaré samedi que la priorité des pourparlers était de discuter de la lutte contre le terrorisme, après un attentat sanglant contre les services de renseignement à Homs (centre), revendiqué par Fateh alCham, l’ex-branche syrienne d’al-Qaïda.
M. Jaafari a également sommé l’ONU et l’opposition de condamner clairement le terrorisme et l’attaque de Homs, qui a fait entre 30 et 42 morts samedi.
Des avions de combat du gouvernement syrien ont par ailleurs pilonné un quartier détenu par les rebelles dans la ville centrale de Homs, dimanche, tuant au moins trois personnes et en blessant des dizaines, ont affirmé des militants de l’opposition.
«Jaafari tergiverse, il ne veut pas entamer la discussion sur la transition politique. Et de la même manière qu’il insiste sur notre condamnation de ce qui s’est passé à Homs [samedi], nous demandons à la délégation du régime de dire clairement qu’elle est engagée à parler de transition politique [...] pour trouver une solution en Syrie», a lancé Salem al-Meslet.
«Genève est l’endroit où nous devons parler de la question politique», a-t-il dit. «Les questions militaires doivent être discutées à Astana», a-t-il poursuivi, en référence au processus de négociations au Kazakhstan parrainé par les Russes (alliés de Damas) et la Turquie (soutien des rebelles), et centré sur l’application du cessez-lefeu concernant le gouvernement et l’opposition armée. Les groupes djihadistes du groupe État islamique (EI) et Fateh Al-Cham en sont exclus.
En dépit de ce cessez-le-feu, au moins 13 civils ont été tués samedi dans des raids du régime syrien dans plusieurs régions du pays, dont Douma, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Le médiateur de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura avait pourtant indiqué mercredi que
Moscou avait demandé au gouvernement syrien de suspendre les bombardements aériens durant les discussions.
Plusieurs séances de discussions pour tenter de trouver un règlement au conflit syrien se sont tenues à Genève depuis 2014. Elles ont toutes échoué en raison de la violence sur le terrain et du fossé séparant les belligérants.
Les nouveaux pourparlers dans la ville suisse, ouverts jeudi à l’ONU, se tiennent dans un contexte différent: le régime
a renforcé ses positions grâce à ses alliés russe et iranien, notamment en reprenant Alep, l’ancien fief de l’insurrection dans le nord. La Turquie, alliée des rebelles, s’est rapprochée de Moscou. Et les États-Unis de Donald Trump n’ont pas encore donné de signaux sur leur implication dans la recherche d’une solution politique au conflit.
Vers une reprise de Palmyre
Les forces fidèles au président syrien Bachar al-Assad ont progressé dans leur offensive pour reprendre la ville historique de Palmyre des mains du groupe EI.
L’OSDH et des médias
proches de Bachar al-Assad ont affirmé que des soldats se trouvent à environ neuf kilomètres à l’ouest de Palmyre, ville où se trouvent certains des plus importants sites archéologiques au monde. Le groupe EI a déjà détruit des parties de Palmyre.
Le groupe islamiste s’est emparé de la ville pour une deuxième fois en décembre. En mars 2016, les forces du gouvernement avaient pris le contrôle de Palmyre, mettant fin à une emprise de 10 mois du groupe extrémiste.
L’Observatoire a affirmé que les forces gouvernementales et leurs alliés contrôlent désormais les collines surplombant trois champs pétrolifères à l’ouest de la ville dans un contexte de frappes aériennes intenses. Les forces fidèles à Bachar al-Assad et leurs alliés ont lancé une vaste offensive pour le contrôle de Palmyre à la mi-janvier, soutenus par des frappes aériennes russes.
La pression s’est accentuée contre le groupe EI en Irak et en Syrie au cours des derniers mois, et la progression vers Palmyre survient quelques jours après que le groupe extrémiste eut perdu le contrôle de la ville d’Al-Bab aux mains des soldats turcs et des combattants de l’opposition soutenus par la Turquie.