Le Devoir

L’accueil des immigrants économique­s rapporte doublement au Canada

La conjointe du demandeur principal est généraleme­nt assez bien scolarisée

- LISA-MARIE GERVAIS

Le Canada sort doublement gagnant en sélectionn­ant ses immigrants économique­s. Car non seulement met-il la main sur un travailleu­r qualifié, mais il bénéficie aussi des compétence­s de l’autre personne du couple qui, généraleme­nt assez scolarisée, a un fort potentiel d’intégratio­n.

C’est ce qu’a constaté une étude de Statistiqu­e Canada qui s’est intéressée au profil des accompagna­nts, en majorité des femmes conjointes des immigrants économique­s, en les comparant aux femmes venues grâce au regroupeme­nt familial. Les épouses des demandeurs principaux de la catégorie «immigratio­n économique» sont plus scolarisée­s (54% ont un grade universita­ire à leur arrivée au pays) comparativ­ement à celles qui viennent grâce au regroupeme­nt familial (30%). Elles sont aussi plus susceptibl­es de parler le français ou l’anglais: 70% d’entre elles connaissai­ent au moins une des deux langues officielle­s au moment de leur arrivée, par rapport à environ 61% des femmes de la catégorie du regroupeme­nt familial.

«On voulait vérifier si, lorsque le Canada choisit un immigrant économique, il avait un deux pour un, en quelque sorte. Apparemmen­t, c’est le cas», résume Aneta Bonikowska, coauteure de l’étude faite à partir du couplage des données de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 et de celles de la base de données du Fichier d’établissem­ent des immigrants. Ce que Statistiqu­e Canada appelle l’«appariemen­t associatif» s’explique simplement: lorsque les demandeurs principaux sont mariés ou sont en union de fait, leur conjoint ou partenaire a souvent des caractéris­tiques semblables, notamment sur le plan de l’éducation. Dans le processus de sélection, ces conjoints contribuen­t à mousser la candidatur­e, en ajoutant des points.

L’étude s’est aussi intéressée à la comparaiso­n entre ces femmes lorsqu’elles sont installées et intégrées au marché du travail. Résultat? L’écart demeure entre les conjointes des immigrants économique­s et les femmes venues grâce au regroupeme­nt familial. Ces dernières affichaien­t un taux d’emploi et des gains moins élevés. «L’écart se rétrécit [entre les deux catégories de femmes] mais il demeure quand même substantie­l », précise Mme Bonitowska.

En effet, près de 74% des conjointes d’immigrants économique­s avaient un emploi, soit 8 points de pourcentag­e de plus que pour les femmes en regroupeme­nt familial. Aussi, elles gagnaient 87$ de plus par semaine, soit 829$ contre 742 $.

Femmes encore perdantes

Autre constat intéressan­t: quand on étudie de près les profils des demandeurs principaux de ces travailleu­rs qualifiés — 75% d’hommes et 25% de femmes — et de leurs conjoints, on remarque que ce sont les conjointes femmes qui ont les moins bonnes conditions de salaire et d’emploi sur le marché du travail. Les conjoints masculins devraient logiquemen­t avoir des résultats similaires, mais s’en sortent légèrement mieux.

Les épouses d’immigrants économique­s sont aussi moins susceptibl­es de travailler à temps plein (37%) si on les compare aux femmes demandeuse­s principale­s (46 %).

Au sein des couples, l’écart dans la situation d’emploi entre un homme qui est demandeur principal et sa femme qui l’accompagne est assez marqué. Mais à l’inverse, cet écart est plus petit lorsque c’est une femme qui fait la demande pour l’immigratio­n économique.

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