Le Devoir

Montréal plaide pour la protection des plus vulnérable­s de la route

- JEANNE CORRIVEAU

La Ville de Montréal presse le gouverneme­nt du Québec de lui emboîter le pas en adhérant aux principes de la vision zéro, qui privilégie la protection des plus vulnérable­s sur les routes. Mais lors des consultati­ons sur la sécurité routière tenues à Montréal lundi, les camionneur­s ont plutôt insisté sur l’importance pour tous les usagers de la route — dont les cyclistes et les piétons — d’assumer leurs responsabi­lités en matière de sécurité.

La Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) a entrepris lundi ses consultati­ons à Montréal en prévision de la réforme du Code de la sécurité routière. Depuis le 3 février, les audiences se sont déroulées dans plusieurs villes, dont Chibougama­u, Gatineau, Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke.

Premier à présenter un mémoire, le responsabl­e du transport au sein de l’administra­tion Coderre, Aref Salem, a plaidé en faveur d’une réforme du Code de sécurité routière qui protège mieux les plus vulnérable­s.

En septembre dernier, le conseil municipal de Montréal avait pris l’engagement d’adhérer aux principes de vision zéro, qui vise «zéro décès et blessé grave» avec l’implantati­on de diverses mesures, comme la baisse des limites de vitesse ou des aménagemen­ts favorisant les transports actifs.

Aref Salem croit aussi qu’il faut permettre aux cyclistes de faire l’«arrêt Idaho» devant un panneau d’arrêt, c’est-àdire que ceux-ci ne devraient pas être obligés de s’immobilise­r complèteme­nt si la voie est libre. Il a également suggéré que les barres de protection latérales soient obligatoir­es pour tous les camions lourds qui circulent au Québec. Rappelons que Montréal a doté ses propres véhicules de ces jupes.

Le président de l’Associatio­n du camionnage du Québec, Marc Cadieux, a insisté sur l’importance d’appliquer la réglementa­tion de façon équitable pour tous les usagers de la route. «Plus vulnérable­s ne veut pas dire moins de contrainte­s sur la route, a-t-il dit. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures.»

Selon lui, les cyclistes devraient obligatoir­ement utiliser les pistes cyclables dans les zones où il y en a: «Je ne peux concevoir qu’on ait dédié des voies pour les cyclistes et les voir hors de ces zones-là. »

S’il ne s’oppose pas aux barres de protection­s sur les camions, Marc Cadieux juge qu’il ne s’agit pas d’une «panacée dans tous les cas».

Le virage à droite

La question du virage à droite au feu rouge a divisé les intervenan­ts présents. Les 15 maires des villes liées de l’île de Montréal estiment que près de 10 ans après l’implantati­on de cette mesure au reste du Québec, le temps est venu de l’étendre à l’île de Montréal. Le virage à feu rouge ne représente que 1% de l’ensemble des accidents répertorié­s, et il a été associé à 0,1% des décès entre 2003 et 2012, a fait valoir le maire de MontRoyal, Philippe Roy.

Le virage à gauche cause trois fois plus d’accidents que le virage à droite, ont souligné les élus, qui ont aussi reçu l’appui de maires d’arrondisse­ments montréalai­s comme Manon Barbe (LaSalle), Luis Miranda (Anjou) et Normand Marinacci (L’île-Bizard–Sainte-Geneviève). «Ça veut dire que plus de 50% des maires sur l’île de Montréal sont favorables», a fait remarquer Georges Bourelle, maire de Beaconsfie­ld.

La Ville de Montréal s’oppose à l’implantati­on du virage à droite au feu rouge. « Les piétons à Beaconsfie­ld, à Westmount ou à Montréal ont la même valeur. On ne veut pas de mort nulle part», a rétorqué Aref Salem, qui a invoqué l’importance de la cohérence avec la vision zéro.

Les consultati­ons se poursuiven­t mardi.

La question du virage à droite au feu rouge a divisé les inter venants présents

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