Élargir l’aide à mourir
Je suis contente d’entendre que les élus acceptent de se pencher sur l’élargissement de l’aide à mourir pour y inclure les maladies dégénératives du cerveau. Nous sommes sur le bon chemin. Je sais, cela va être long et j’avoue que ce n’est pas simple, mais je sais de quoi je parle. Ma mère, mes frères et soeurs, atteints de la maladie d’Alzheimer, ont vivoté pendant des années avec leurs peurs, leurs insomnies, leurs dépressions, leur totale dépendance à leur entourage et à celle des soignants souvent débordés. Mes deux soeurs ont manifesté leur désir d’en finir. Si elles en avaient eu l’énergie et le minimum de capacité de planification que suppose un tel acte, elles se seraient suicidées à temps, mais au nom du respect de la vie et faute d’accès à l’aide à mourir, elles se sont finalement éteintes dans la plus grande indignité. Je n’ai pas envie de mourir ainsi.
Bien que la maladie d’Alzheimer soit diagnostiquée de plus en plus tôt et les ravages ainsi retardés, il n’y a pas de temps à perdre pour tous ceux qui se savent atteints. Je suggère à chaque malade actuellement atteint d’une maladie dégénérative du cerveau de faire une demande anticipée d’aide à mourir en suivant la procédure légale. Ils favoriseront ainsi l’accélération du débat et l’avancement d’une loi plus juste pour tous ces hommes et femmes qui n’en finissent pas de finir emmurés dans un corps qui ne sait pas partir. Cette demande pourrait être renouvelée par le patient à chaque consultation chez le médecin traitant ; jusqu’à la phase 5 dans le cas de la maladie d’Alzheimer quand la perte d’autonomie devient évidente. Plus tard, c’est trop tard. Plus tôt, c’est trop tôt. Françoise Bouffiere Le 25 février 2017