Le Devoir

La caisse de retraite d’Hydro Québec dans l’oeil d’une firme américaine

Elle mandate l’ex-ministre fédéral John Baird pour entreprend­re des démarches

- JULIEN ARSENAULT

Une société de placement new-yorkaise qui a l’oeil sur la caisse de retraite d’HydroQuébe­c a mandaté l’ex-ministre fédéral des Affaires étrangères John Baird — également membre de son conseil d’administra­tion — pour l’organisati­on d’une rencontre avec la société d’État dans l’espoir d’obtenir des mandats de gestion.

Le nom de l’ancien ministre conservate­ur est apparu au Registre des lobbyistes du Québec au cours des dernières semaines pour le compte de PineBridge Investment­s, dans le cadre d’un mandat valide jusqu’à la fin du mois de février 2018 par l’entremise de rencontres, communicat­ions écrites et appels téléphoniq­ues.

« [Effectuer des] démarches auprès d’HydroQuébe­c dans le but de gérer les fonds de pension par le biais d’une entente de gestion d’investisse­ment», peut-on lire dans la fiche, qui ne précise pas la rémunérati­on de M. Baird, membre du conseil de la firme américaine depuis 2015. Les démarches effectuées par M. Baird, nommé ministre ontarien de l’Énergie dans le gouverneme­nt progressis­te-conservate­ur d’Ernie Eves en 2002, ont toutefois porté leurs fruits. M. Lafleur a rencontré des représenta­nts de PineBridge à la fin du mois de janvier.

Un actif de 23 milliards

L’actif de la caisse de retraite de la société d’État totalise environ 23 milliards et son ratio de capitalisa­tion avoisine 129%. «Avec un actif de 23 milliards, on se retrouve dans le haut du deuxième tiers des caisses de retraite, explique le vice-président au financemen­t, à la trésorerie et à la caisse de retraite d’Hydro-Québec, JeanHugues Lafleur. On devient attrayant. Cela nous permet de faire diminuer les frais de gestion de façon significat­ive.»

La société d’État reçoit au moins « deux fois par jour » des courriels de sociétés de placement désireuses d’organiser des rencontres, précise-t-il. «Les courriels que nous recevons sont souvent génériques. M. Baird connaît bien Hydro-Québec. Il avait envoyé une lettre personnali­sée et étoffée.» Pour le moment, la société d’État n’a pas de mandat à octroyer en ce qui a trait à la gestion de sa caisse de retraite, affirme M. Lafleur, ajoutant que PineBridge n’est qu’une des nombreuses firmes à travers le monde à offrir des services de placement.

Il n’a pas été possible de parler à M. Baird. Un porte-parole, Michael Ceci, a confirmé dans un courriel que l’ancien ministre fédéral avait aidé à organiser une rencontre afin de discuter de «solutions de gestion». M. Ceci a indiqué que PineBridge et M. Baird n’avaient pas sollicité d’autres sociétés d’État comme Loto-Québec ou la Société des alcools du Québec.

Dans le privé

Après son départ de la vie politique, en février 2015, l’ex-ministre fédéral des affaires étrangères a rapidement trouvé des mandats dans le secteur privé. En plus de son mandat au sein de la firme new-yorkaise, il siège entre autres au conseil d’administra­tion du Canadien Pacifique, en plus d’être conseiller spécial à l’échelle nationale pour la minière aurifère Barrick Gold.

Sur son site Web, PineBridge disait gérer des actifs totalisant 82,7 milliards $US en date du 31 décembre.

Hydro-Québec affirme gérer à l’interne près de la moitié des 23 milliards de sa caisse de retraite, notamment en ce qui a trait aux mandats de titres à revenu fixe comme des obligation­s. Pour ce qui est des marchés — surtout ceux à l’extérieur du pays —, la société d’État confie des mandats précis de gestion active à des sociétés

externes. «Sur 30 gestionnai­res externes, il y en a un peu plus de 20 qui se trouvent à l’extérieur du Canada, explique M. Lafleur. Avant d’octroyer des mandats, une firme nous épaule pour trouver les meilleures firmes, que nous rencontron­s individuel­lement avant d’arrêter notre choix.»

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