Le Devoir

Desjardins pourrait faire une acquisitio­n avec le produit de la vente de Western

Les ristournes versées aux membres devraient totaliser 145 millions

- JULIEN ARSENAULT

Toujours en processus de révision de ses activités, le Mouvement Desjardins prévoit utiliser les 775 millions découlant de la vente de Western annoncée plus tôt ce mois-ci pour accélérer certains investisse­ments à l’interne dans de nouvelles technologi­es, mais aussi pour tenter de réaliser d’autres acquisitio­ns au Canada.

Si des transactio­ns sont conclues, elles risquent de toucher les secteurs du paiement, de la gestion du patrimoine ainsi que de l’assurance de dommage, a expliqué lundi le président et chef de la direction de la coopérativ­e établie à Lévis, Guy Cormier. Ce dernier commentait les résultats de l’exercice 2016, pour lequel les excédents avant ristournes ont été de 1,8 milliard, en baisse de 9,5% par rapport à l’exercice précédent.

«Le monde du paiement va se transforme­r en raison des technologi­es, a-t-il dit. Avec Desjardins Assurances générales, La Personnell­e et State Farm, nous sommes troisièmes au Canada [dans l’assurance de dommage]. C’est un marché qui va se consolider dans les cinq à huit prochaines années.»

L’acquisitio­n des activités canadienne­s de l’assureur State Farm en 2014 a notamment incité Desjardins à céder Western Financial Group et Western Life Assurance à Trimont Financial, une division de l’assureur Wawanesa spécialisé­e dans le courtage d’assurance au Canada. La coopérativ­e avait mis la main sur Western en 2011 pour 443 millions.

Le tiers des revenus de l’extérieur

Le plus important groupe coopératif au pays tire actuelleme­nt entre 30 et 35% de ses revenus de l’extérieur du Québec. Cette proportion est appelée à augmenter au cours des prochaines années, a indiqué M. Cormier, en prenant soin de préciser que cela ne se ferait pas au détriment de l’offre de service au Québec.

À l’interne, au sein de sa filiale de courtage en ligne Qtrade — dans l’Ouest canadien —, Desjardins offre depuis peu les services de robots conseiller­s. «Si c’est porteur, comme on le pense, on voudra le déployer», a dit M. Cormier, sans toutefois dire à quel moment ce service serait offert au Québec.

Le dirigeant a attribué le recul des excédents de l’an dernier à des investisse­ments supplément­aires de plus de 130 millions dans de nouvelles technologi­es, à des indemnités de départs totalisant 40 millions à la suite des réductions d’effectifs ainsi qu’à l’inscriptio­n, en 2015, d’un « gain exceptionn­el» de 52 millions généré par les activités canadienne­s de State Farm. «En excluant ces éléments, nos résultats de 2016 auraient été supérieurs à ceux de 2015», a souligné M. Cormier.

Réduction de l’effectif

Peu après son entrée en fonction, le dirigeant de Desjardins avait mis en place une restructur­ation qui s’était traduite par le départ de 28 vice-présidents et l’abolition de 83 postes de directeurs et de directeurs principaux.

Questionné, M. Cormier n’a pas écarté une réduction de la taille de l’effectif — qui comptait 47 655 employés à la fin de 2016 — au cours de la prochaine année. «Quand entre 50 et 60% de nos coûts concernent la masse salariale, s’il y a des changement­s à apporter, nous allons les faire, a-t-il affirmé. Si la question est de savoir si l’on envisage d’optimiser nos coûts, la réponse est oui.»

M. Cormier a toutefois souligné que, bon an mal an, 4000 personnes quittent annuelleme­nt Desjardins ou prennent leur retraite. Avant de procéder à d’autres restructur­ations, la coopérativ­e évaluera s’il est pertinent ou non de remplacer les personnes parties.

Au cours de l’exercice terminé le 31 décembre, le rendement des capitaux propres — un indicateur clé dans le secteur financier — a été de 8%, en comparaiso­n de 9,1% pour l’exercice précédent. Les ristournes versées aux membres devraient totaliser 145 millions, soit un peu moins que les 154 millions versés l’an dernier. En comptabili­sant les dons, commandite­s et autres avantages octroyés à certains membres, ce montant atteint 260 millions, estime M. Cormier.

La réflexion de Desjardins entourant l’avenir des ristournes n’est pas encore terminée, mais son président et chef de la direction a laissé entendre que les excédents risquaient davantage d’être retournés aux détenteurs de produits offerts par la coopérativ­e. «Pour des produits comme l’assurance de dommage, l’assurance vie et les valeurs mobilières, il n’y a pas de ristournes, a-til dit. C’est cela que nous voulons faire évoluer.»

Quant au quatrième trimestre, le plus important mouvement coopératif financier au pays a affiché des excédents avant ristournes aux membres de 509 millions, ce qui constitue une hausse de 10 %.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le président et chef de la direction de Desjardins, Guy Cormier

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