Le nombre de travailleurs de 55 ans et plus est en constante augmentation
La progression de 2016 s’explique surtout par la forte présence des 55 ans et plus
Le plus récent bilan du marché du travail au Québec publié mercredi par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) offre une nouvelle preuve irréfutable des impacts du vieillissement de la population : en dix ans, le nombre de travailleurs âgés de 55 ans et plus a augmenté de 64 %.
Le rapport sur l’état du marché du travail au Québec montre une croissance de 36 000 emplois en 2016, soit une augmentation de 0,9% par rapport à l’année précédente. L’emploi à temps plein a bondi de 54 000, tandis que l’emploi à temps partiel a reculé de 18 000. « Tout comme c’est le cas depuis plusieurs années, la hausse de l’emploi au Québec en 2016 se concentre chez les personnes de 55 ans et plus», fait remarquer l’ISQ dans un communiqué.
Forte progression
On dénombre actuellement 824 000 travailleurs appartenant à cette catégorie d’âge, ce qui représente une hausse de 30 000 par rapport à 2015, et de 320 000 en dix ans. Entre 2006 et 2016, l’emploi chez les 55 ans et plus a progressé de 63,5% alors qu’il a stagné chez les 15 à 24 ans et légèrement augmenté chez les 25-54 ans (+2,6%).
«La présence accrue des 55 ans et plus sur le marché du travail reflète le vieillissement de la main-d’oeuvre, mais aussi la participation plus forte de ce groupe au marché du travail», note le rapport.
En l’espace d’une décennie, cette présence accrue de travailleurs plus expérimentés a fait basculer le marché du travail québécois. En 2006, les 55 ans et plus représentaient 14% des travailleurs, comparativement à 15% pour les 15 à 24 ans. En 2016, les employés plus âgés ont presque atteint le cap des 20 %, pendant que le groupe des plus jeunes est descendu à 13 %.
Taux de chômage record
Le bilan annuel du marché du travail, produit depuis 2007 par l’ISQ, est un important document de référence puisque les données qu’il présente sont des moyennes des douze derniers mois. Elles permettent de tirer des conclusions plus précises que des données mensuelles qui ne tiennent pas compte des variations saisonnières.
Le taux de chômage au Québec a ainsi atteint un creux historique de 6,2% en novembre 2016 et en janvier 2017, mais pour l’ensemble de l’année cet indicateur s’établit à 7,1%. Il s’agit malgré tout d’une baisse de 0,5 point de pourcentage par rapport à 2015 et du plus bas taux de chômage observé au Québec depuis 1976, soit depuis que les données sont rendues disponibles.
Mis à part l’apport des 55 ans et plus, la contribution de la population immigrante est également déterminante, révèlent les données de l’ISQ. Le nombre d’immigrants en emploi a atteint 625 000 en 2016, soit 40 000 de plus que l’année précédente.
En dix ans, la croissance de l’emploi chez les immigrants (+53%) a largement surpassé celles des natifs (+5%), de sorte que leur poids dans l’ensemble du marché du travail est passé de 10% à 14%. Le taux de chômage des immigrants est quant à lui descendu en 2016 sous la barre des 10% pour la première fois depuis 2006.
Présence syndicale en baisse
Une autre tendance s’exprime dans le rapport de l’ISQ: celle de l’effritement de la proportion des emplois syndiqués au Québec.
Les plus récentes données indiquent que le taux de présence syndicale s’est établi à 38,6% en 2016, ce qui constitue le plus bas niveau jamais vu en 20 ans. Cette proportion frôlait les 41,5 % en 1997, avant d’évoluer en dents de scie dans les années suivantes.
Ce constat n’ébranle pas Serge Cadieux, le secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), la plus grande centrale syndicale québécoise. Il estime que la baisse est modeste et qu’elle ne témoigne pas d’un rejet du syndicalisme. «Il y a eu des mises à pied massives dans de grandes entreprises au Québec dans la dernière année. Je pense à Bombardier,à Rio Tinto, au secteur de la forêt », énumère-t-il, montrant du doigt la conjoncture économique.
Cela dit, M. Cadieux admet que la syndicalisation demeure un défi dans certains milieux, particulièrement au sein des PME. Les employés désirant se regrouper peuvent dans certains cas subir des pressions de la part de l’employeur, dit-il.
Encore mieux en 2017?
Sur la scène nationale, le Québec se distingue en affichant pour 2016 la plus forte hausse de l’emploi à temps plein parmi l’ensemble des provinces canadiennes. Son taux de chômage historiquement bas de 7,1 % lui confère le 5e rang, derrière la ColombieBritannique, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Ontario.
Si le rapport 2016 a offert plusieurs bonnes nouvelles, l’année qui vient de débuter devrait nous réjouir encore davantage, prédit l’ISQ en s’appuyant sur les analyses de différentes institutions financières. En 2017, on devrait assister à une croissance de l’emploi variant entre 0,8 % et 1,4%, donc sans doute davantage que le 0,9 % de 2016. Pour ce qui est du taux de chômage, il devrait établir un nouveau record, entre 6,4% et 6,9 %.