Le Devoir

La Ville de Québec pourrait sévir contre Anacolor

L’administra­tion Labeaume devra toutefois détenir une preuve scientifiq­ue

- ISABELLE PORTER

Un avis juridique obtenu par l’opposition révèle que la Ville de Québec a le pouvoir de déposer une demande d’injonction pour forcer la fermeture de l’entreprise Anacolor. Il lui faudra toutefois constituer une preuve scientifiq­ue dont elle ne dispose pas.

«La Ville se déresponsa­bilise depuis le début dans ce dossierlà, a dénoncé mercredi la chef de Démocratie Québec, Anne Guérette. Elle va en cour dans toutes sortes de dossiers. […] Son choix n’a pas été de prioriser ce dossier-là.»

L’administra­tion Labeaume martèle depuis des mois que sa capacité à sévir contre Anacolor est limitée et qu’il appartient au ministre du Développem­ent durable, David Heurtel, de piloter le dossier. L’usine de coloration de pièces métallique­s produit des odeurs si insupporta­bles dans le secteur de Cap-Rouge que l’école voisine a suspendu les récréation­s dehors.

Prié de réagir, le cabinet du maire a réitéré que «le ministre était plus outillé pour intervenir ». L’avis juridique produit par la firme Tremblay-Bois-Mignault-Lemay établit en effet que la Ville peut déposer une demande d’injonction. Or il ajoute que de telles procédures judiciaire­s « supposent » qu’elle détienne la preuve scientifiq­ue d’une contravent­ion à la Loi sur la qualité de l’environnem­ent ou le Règlement sur l’assainisse­ment de l’atmosphère. Selon Mme Guérette, il appartient à la Ville de «monter sa preuve» et elle aurait déjà dû le faire.

Le gouverneme­nt étudie ses options

En juin, un rapport de la Santé publique dévoilé par Le Soleil a établi que les émanations n’étaient pas toxiques, mais a aussi confirmé que les nausées et les maux de tête ressentis par la population provenaien­t bel et bien de là.

Le ministère du Développem­ent durable et l’entreprise doivent se retrouver devant le tribunal administra­tif le 20 mars parce que l’entreprise conteste une exigence que lui a imposée le ministère cet automne.

Du côté de l’Assemblée nationale aussi, l’opposition réclame une demande d’injonction. Questionné là-dessus cette semaine, le ministre Heurtel a renvoyé la balle à la procureure générale et à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, chargée de ce genre de recours. Au cabinet de Mme Vallée, on nous indique que «les divers moyens d’interventi­on sont à l’étude présenteme­nt ».

Or, pour le député caquiste Éric Caire, c’est trop lent. «Les libéraux sont des spectateur­s dans ce dossier-là, dit-il. Le premier ministre doit mettre son pied à terre et demander à ses ministres de prendre leurs responsabi­lités. »

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