Moitié moins pour Hydro
Hydro-Québec demandait une augmentation de 1,6 % pour ses clients résidentiels. La Régie de l’énergie lui accorde 0,7%. L’organisme de réglementation renvoie la société d’État à sa capacité à réaliser des gains d’efficience.
Hydro devra une nouvelle fois se contenter d’une hausse de 0,7% pour l’ensemble de ses clients autres que ceux bénéficiant du tarif L. La Régie de l’énergie estime que la société d’État pourra récupérer, grosso modo, les mêmes revenus que ceux sous-tendant sa demande initiale d’une hausse tarifaire de 1,6%. Elle lui rappelle qu’elle a prouvé sa capacité de maintenir la hausse de ses coûts sous le niveau de l’inflation.
Autrement dit, dans sa décision de quelque 200 pages, la Régie de l’énergie indique en gras que «le Distributeur sous-estime historiquement sa capacité à réaliser des gains d’efficience dans sa gestion, ses processus d’affaires et ses activités, conduisant ainsi à une surestimation annuelle de ses charges, qu’elles soient par abonnement, par kilowattheure ou par kilomètre de réseau». La Régie constate que ce même Distributeur
«atteint son objectif d’efficience et de performance, soit de contenir, sur une période mobile de cinq ans, la croissance annuelle moyenne de ses indicateurs de coûts sous le niveau de l’inflation».
Hydro demandait une hausse tarifaire de 1,6%, ce sera 0,7% (dont 0,5 venant de l’indexation du coût de l’électricité patrimoniale) à compter du 1er avril. Elle voulait une augmentation de 1,1 % pour sa clientèle au tarif L, elle aura 0,2 %, après un gel l’an dernier. La Régie estime que ces hausses permettront à Hydro de récupérer des revenus requis d’environ 11,7 milliards. Hydro parlait de 11,79 milliards dans sa demande initiale.
Autre élément, «pour la première fois depuis que la Régie l’a autorisé, le mécanisme de traitement des écarts de rendement s’appliquera aux résultats de l’année 2017. Ainsi, advenant que le taux de rendement excède celui autorisé par la Régie, soit 8,2 % pour l’année 2017, les excédents seront partagés entre les clients et le Distributeur lors de l’établissement des tarifs pour l’année 2019 », souligne la Régie dans son communiqué. Il y a, ici, un petit jeu pour Hydro, la décision de la Régie s’appuyant sur un taux de rendement de base de tarification du Distributeur d’un peu moins de 7% et sur un coût du capital prospectif de 5,05 %. Faire mieux
Bref, la Régie calcule qu’Hydro peut faire mieux, beaucoup mieux, en matière d’efficience, d’efficacité opérationnelle et de productivité. D’autant que, dans son Plan d’approvisionnement 2017-2026 déposé en novembre, Hydro faisait ressortir des besoins en énergie plutôt modérés sur un horizon de dix ans. «La croissance sera moins marquée que ce que Hydro-Québec envisageait auparavant», disait-elle dans sa présentation. Ce qui s’ajoute aux gains d’efficacité énergétique. Résultat: des ventes domestiques moindres et des surplus d’énergie persistants, plus importants qu’anticipé. À l’opposé, les clients seront avantagés dans la mesure où l’existence des surplus « permettra d’éviter des achats pouvant exercer une pression à la hausse sur les tarifs».
La précédente hausse de 0,7 % n’a pas empêché Hydro-Québec de garder le cap sur les 3 milliards ou plus de bénéfice net atteint en 2014 et en 2015. En 2016, après neuf mois, il se situe à près de 2,2 milliards, contre 2,5 milliards après neuf mois un an plus tôt. Et l’augmentation actuelle doit lui permettre de couvrir ses frais d’entretien liés à la pérennité de son réseau et à sécuriser ses infrastructures pour éviter les cyberattaques, et d’absorber une baisse des ventes d’énergie en 2017 d’environ 1 %, croit la Régie.
Tous se réjouissaient jeudi. Du moins, tant chez les organismes voués à la protection des consommateurs que chez Hydro. Option consommateurs juge la hausse raisonnable. Chez Hydro, malgré une progression des tarifs de plus de 11% en cinq ans, « les Québécois continueront de bénéficier des tarifs d’électricité les plus bas de l’Amérique du Nord. En 20172018, ils paieront leur électricité à un prix deux fois moins élevé qu’à Toronto et quatre fois moins qu’à New York», peut-on lire dans son communiqué.
La Régie calcule qu’Hydro peut faire beaucoup mieux en matière d’efficience