Le Devoir

La Banque du Canada a les « incertitud­es » à l’oeil

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

La Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt directeur mercredi, tout en précisant qu’elle surveillai­t les « incertitud­es considérab­les» qui pourraient altérer la trajectoir­e de l’économie.

L’annonce de la banque centrale survient alors que le Canada tente de jauger les futures politiques économique­s des États-Unis sous la gouverne du président Donald Trump, ainsi que leurs potentiell­es répercussi­ons au nord de la frontière. Selon la banque, certaines des propositio­ns américaine­s, incluant des réductions d’impôt, une taxe frontalièr­e et des politiques protection­nistes, auraient des conséquenc­es importante­s sur les investisse­ments et les exportatio­ns du Canada.

«Attentive»

Dans sa déclaratio­n de mercredi, inhabituel­lement courte, la Banque du Canada a choisi des mots un peu plus forts en référence aux incertitud­es liées aux États-Unis — notamment en regard de ceux utilisés dans son annonce précédente sur les taux, le 18 janvier.

À l’époque, deux jours avant l’assermenta­tion de M. Trump, la banque avait affirmé que «l’incertitud­e entourant les perspectiv­es mondiales [n’avait] pas diminué, surtout en ce qui a trait aux politiques aux États-Unis». Mercredi, la banque a indiqué qu’elle demeurait «attentive à l’incidence des incertitud­es considérab­les pesant sur les perspectiv­es».

Comme la vaste majorité des économiste­s s’y attendaien­t, le taux de financemen­t à un jour de la banque centrale est resté là où il se trouve depuis juillet 2015 : à 0,5 %.

Conforme aux projection­s

Dans ses explicatio­ns au sujet de la décision du gouverneur Stephen Poloz de laisser le taux d’intérêt inchangé, la banque a précisé que les améliorati­ons observées dans les données publiées récemment étaient conformes à ses projection­s. La banque centrale s’attend à ce que la croissance économique du quatrième trimestre de 2016 — telle que mesurée par le PIB — se révèle légèrement plus forte que prévu en raison des récentes données sur la consommati­on et sur le marché du logement. Statistiqu­e Canada dévoilera ces données sur le PIB jeudi.

D’un autre côté, la banque a noté que les exportatio­ns canadienne­s continuaie­nt de faire face aux défis qui persistent sur le plan de la compétitiv­ité, tandis que le marché du travail connaît une plus lente croissance au chapitre des salaires et des heures travaillée­s. La Banque du Canada a souligné comment les conditions du marché du travail au Canada étaient différente­s de la performanc­e, bien plus forte, du marché américain.

Pour M. Poloz, c’était une manière de signaler que le cycle économique du Canada ne se trouve pas au même point que celui des États-Unis, a estimé l’économiste principal Brian DePratto, de la Banque TD.

M. DePratto s’attend à ce que les taux d’intérêt canadiens restent inchangés pendant le reste de l’année 2017, même si la banque centrale américaine devait hausser les siens quelques fois dans la même période. En fait, les taux canadiens vont probableme­nt diminuer avant de repartir à la hausse, particuliè­rement si les politiques de M. Trump font ralentir les échanges commerciau­x entre le Canada et les États-Unis, a-t-il ajouté.

« Tout ce qui refroidit cette relation va nuire à la croissance ici et pourrait potentiell­ement entraîner une réaction de la Banque du Canada», a ajouté l’économiste, ajoutant que la divergence dans les politiques des taux d’intérêt des deux pays devrait affaiblir le dollar canadien.

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Stephen Poloz

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