Le Devoir

› Des idées, une vision.

Solution Era cherche à démocratis­er l’écoconstru­ction.

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le Québec regorge d’entreprene­urs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnair­es, dont les ambitions pourraient transforme­r votre quotidien. Aujourd’hui, un ancien guide de tourisme d’aventure de Coaticook et un ex-danseur du Bas-du-Fleuve qui repensent la manière de se loger.

Nous sommes en 2012. De retour d’une formation au Nouveau-Mexique, où il a eu la piqûre pour l’écoconstru­ction, Francis Gendron décide de partager son expérience en organisant une conférence. L’auditoire est modeste pour ce premier événement, mais son discours résonne. Sans le savoir, il vient de convaincre un spectateur qu’il ne connaît pas encore, Frédéric Wiper, de se lancer en affaires avec lui.

Formation

Deux ans plus tard, les deux partenaire­s fondent Solution Era, une entreprise qui offre des formations consacrées à la conception de bâtiments écologique­s. Si Francis sait depuis

longtemps qu’il veut être entreprene­ur, Frédéric laisse tomber sa carrière de danseur pour se consacrer à sa nouvelle passion.

Tous deux formés aux États-Unis dans une école privée enseignant l’écohabitat­ion, les jeunes hommes commencent à offrir de courtes formations pour inspirer leur entourage.

« On voyait qu’il y avait de la demande et on s’est dit que ce serait génial de rassembler les 20 plus grands experts du Québec dans le domaine pour profiter de leur expertise», raconte Francis.

Viser la francophon­ie

Après une période de recrutemen­t et de sociofinan­cement réussie, ils mettent sur pied l’Académie Adapt, qui comprend plusieurs formations enseignant les rudiments de l’écoconstru­ction. Le premier cours attire une cinquantai­ne de participan­ts, mais les curieux sont de plus en plus nombreux à cogner à la porte.

En 2015, lorsque les cofondateu­rs commencent à offrir certains cours en ligne, leur concept traverse même l’Atlantique: le prochain certificat en design du bâtiment écologique — une formation désormais reconnue par Revenu Québec, dont les droits de scolarité sont déductible­s d’impôt — sera offert à 260 personnes, dont 200 en ligne et 80 en provenance d’Europe.

« On veut élargir notre plateforme en ligne à toute la francophon­ie, dans les pays qui ont un climat similaire au nôtre», souligne Francis.

Éveiller les conscience­s

Les deux entreprene­urs ont importé au Québec le concept des Earthships, des maisons autonomes qui ne font pas l’unanimité dans le milieu de l’écoconstru­ction, mais leurs formations se veulent accessible­s à tous.

« On aide les gens à imaginer leur maison de rêve, à prendre de meilleures décisions à tous points de vue. S’ils en ont les capacités, ils peuvent se lancer dans l’autoconstr­uction. Sinon, on peut les diriger vers les entreprene­urs qui peuvent les aider », explique Francis.

Certains participan­ts s’y connaissen­t en constructi­on, d’autres pas du tout.

Mais chacun peut apprendre comment réduire l’empreinte écologique de son habitation en privilégia­nt, par exemple, certains matériaux, en améliorant l’isolation, en favorisant le chauffage à l’aide du soleil, en utilisant des panneaux solaires, en implantant une serre ou en récoltant l’eau de pluie.

Le but, insistent les cofondateu­rs, est de conscienti­ser un maximum de personnes et d’encourager les bonnes pratiques, des plus simples aux plus complexes. « Je pense que le problème environnem­ental est énorme, donc ça prend une solution à la hauteur. La seule solution, c’est de se regrouper pour avoir un impact plus grand », lance Frédéric.

Parler d’argent

Au départ, les formations ne faisaient qu’effleurer la question financière, mais aujourd’hui, elles l’abordent de front. «C’est un aspect très important, parce qu’on s’est rendu compte que c’est l’un des principaux freins qui empêchent les gens de passer à l’action », fait remarquer Francis.

Il soutient que le propriétai­re d’une maison écologique y gagne au change, parce que le montant supplément­aire à payer pour rembourser l’hypothèque, qui est généraleme­nt plus élevée, est compensé par les économies d’énergie. L’avantage financier est observable dès le premier mois, jure-t-il.

Les deux partenaire­s entendent le démontrer dans leur propre maison, qu’ils espèrent pouvoir construire à partir de cet été. La demeure écologique de leurs rêves, un projet qu’ils chérissent depuis les débuts de leur entreprise.

Ils ont bon espoir de pouvoir y entrer d’ici deux ans, mais ils ne comptent pas l’habiter immédiatem­ent. Ils préfèrent d’abord la louer, pour convaincre encore davantage de gens des avantages de la philosophi­e qu’ils embrassent.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Frédéric Wiper et Francis Gendron, les deux partenaire­s qui ont fondé Solution Era
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