Le Devoir

Pichet doit partir.

L’éditorial de Brian Myles.

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Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, n’a plus l’autorité morale pour accomplir ses fonctions. Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, marche sur les oeufs en refusant de lui réitérer sa confiance, mais en se gardant de le répudier. Il envoie un signal strident à l’administra­tion Coderre, à qui revient l’ultime responsabi­lité de nommer ou dégommer le chef de police. Le maire Denis Coderre n’entend visiblemen­t pas le message. M. Pichet est son homme, et vice-versa.

L’heure est grave au sein du SPVM. M. Pichet a suspendu vendredi son directeur adjoint, Bernard Lamothe, à la suite d’allégation­s inconnues. Autant dire que le chef vient d’amputer son bras droit.

Cette suspension découlerai­t-elle de la sortie fracassant­e du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur? La veille, M. Francoeur a évoqué un cas d’ingérence inappropri­ée d’un cadre supérieur, non identifié, dans une enquête criminelle. Les affaires internes du SPVM sont sous l’équivalent d’une tutelle. L’ancien sous-ministre à la Justice Michel Bouchard dirigera une enquête administra­tive sur les pratiques au sein de cette division en déroute, avec les pouvoirs dévolus à un commissair­e dans une véritable commission d’enquête. En parallèle, la Sûreté du Québec (SQ) et le Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) codirigero­nt une enquête sur des allégation­s de fabricatio­n de preuves.

Les allégation­s en demi-teintes au sujet du SPVM pourraient fort bien s’inscrire dans une stratégie pour déstabilis­er l’organisati­on et son directeur. Il n’empêche que M. Pichet n’a guère d’appuis en dehors de la mairie et de son comité de direction. Les problèmes pourrissen­t depuis trop longtemps aux affaires internes pour qu’il puisse plaider l’ignorance. Ses réflexes naturels l’ont porté à cautionner la surveillan­ce des journalist­es au lieu de faire le nettoyage des écuries. C’est un homme qui a réagi aux crises sous la pression populaire au lieu de prendre les devants pour accroître l’éthique et la transparen­ce au sein du SPVM.

La noblesse de ses intentions et son dévouement pour le SPVM ne sauraient cacher plus longtemps son manque de leadership.

Cette affaire déborde maintenant de la personnali­té et des compétence­s de Philippe Pichet. Les guerres de clans, la multiplica­tion d’allégation­s visant des hauts gradés du service et la perte de confiance accélérée du public à l’égard d’une institutio­n qui mérite mieux nécessiten­t un électrocho­c.

Il est temps de confier à un civil la direction et la réorganisa­tion du SPVM.

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BRIAN MYLES

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