Le Devoir

Yes, une incursion toute québécoise dans le référendum écossais

- PHILIPPE ORFALI

Assoiffé d’indépendan­ce, le publicitai­re et artiste visuel Simon Beaudry et les documentar­istes Félix Rose et Eric Piccoli avaient prévu, séparément, de se rendre en Écosse dans les semaines précédant le référendum du 18 septembre 2014. Quand leurs projets artistique­s respectifs ont rencontré des embûches, ils ont, plutôt que d’abandonner, choisi… de se fédérer. Le résultat: Yes, une incursion très québécoise dans la crise identitair­e écossaise.

Félix Rose et Eric Piccoli s’attendaien­t d’abord à suivre, à l’approche de l’échéancier du référendum sur l’indépendan­ce de l’Écosse, un grand journalist­e parti à la rencontre de ses concitoyen­s.

Parallèlem­ent, Simon Beaudry, directeur artistique en publicité à l’agence DentsuBos, qui cherche également à se faire reconnaîtr­e en tant qu’artiste visuel, entendait «faire réfléchir» sur l’indépendan­ce au moyen d’oeuvres de performanc­es, aux quatre coins de l’Écosse, devenue son atelier à ciel ouvert.

«Ce sont deux métiers qui travaillen­t souvent ensemble, mais ils s’entrechoqu­ent, observe

«

On voulait transmettr­e la façon dont tous les Écossais ont vécu ce jour-là On a donné la parole à des gens du Oui, du Non, des indécis. Parce qu’on voulait faire connaître leur réalité. Eric Piccoli, l’un des deux réalisateu­rs de Yes

M. Piccoli à propos de celui qui est devenu son sujet. Dès la première rencontre, on a constaté que c’était une personne remplie de contradict­ions. C’est un personnage qui fait réagir avec ses oeuvres, et c’est ce que le film montre. »

Tout sauf un manifeste

Les protagonis­tes de Yes, dont c’était la première vendredi soir à Montréal, sont donc québécois. Et c’est véritablem­ent à travers leurs yeux que s’observe le référendum écossais. «C’est un film pour les Québécois, c’est un film foncièreme­nt québécois, dit M. Piccoli. Mais les Écossais aussi pourraient apprécier ce film, qui offre un point de vue différent, un regard extérieur en quelque sorte.»

Ce n’est pas un film de souveraini­stes, par des souveraini­stes, pour des souveraini­stes, prend-il le soin de préciser. Et il ne s’agit surtout pas d’un manifeste.

«On voulait transmettr­e la façon dont tous les Écossais ont vécu ce jour-là. On a donné la parole à des gens du Oui, du Non, des indécis. Parce qu’on voulait faire connaître leur réalité », poursuit le réalisateu­r, aussi connu pour la websérie Temps mort.

Des Canadiens de tous les horizons y trouveront donc leur compte, espère-t-il.

De son road trip aux quatre coins de l’Écosse — mené en compagnie de Samuel Bergeron, un ex-candidat d’Option nationale parti étudier au pays du kilt —, Simon Beaudry retient l’approche très pragmatiqu­e de la plupart des personnes avec qui il échange devant la caméra.

Lorsqu’un partisan du Oui lui demande de ranger le drapeau qu’il brandit, lui disant que l’indépendan­ce est une question qui n’est «ni identitair­e ni ethnique, mais plutôt politique », on le voit interloqué. «Pour moi, on ne peut faire un pays en évacuant la question identitair­e. Mais pour eux, c’était cela qui permettrai­t de rassembler un plus grand nombre de personnes autour du Oui. Ça m’a déstabilis­é. »

Projection­s

Le film sera présenté dès le 10 mars à Montréal, au Cinéma du Parc, ainsi qu’à Québec à partir du 12 mars au Cinéma Cartier, et dans d’autres cinémas indépendan­ts au cours des prochains mois. Le Mouvement national des Québécois doit également organiser des projection­s du documentai­re, à l’échelle de la province, sous peu.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Dans Yes, les documentar­istes Félix Rose (deuxième à partir de la gauche) et Eric Piccoli (à droite) ont suivi Simon Beaudry (deuxième à partir de la droite) et Samuel Bergeron (à gauche) en Écosse dans les semaines précédant le référendum sur...

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