Le Devoir

Un appel pour « vivre ensemble dans la dignité »

- RABAH MOULLA Enseignant au cégep RADHIA BEN AMOR Coordonnat­rice – Centre de recherche (CHU Sainte-Justine) KAHINA BOUCHEFA Profession­nelle – Enseigneme­nt supérieur FARIDA CHEMMAKH Fonctionna­ire du gouverneme­nt du Québec

Une centaine d’autres personnes ont aussi signé cette lettre. La liste en est publiée sur notre site Web.

Nous, citoyennes et citoyens du Québec de toutes les origines et de toutes les conscience­s, préoccupés par l’avenir de notre nation, appelons tous les élus de l’Assemblée nationale du Québec à se comporter, dans le dossier de la laïcité et du vivre-ensemble, en gardiens du bien commun.

Au lendemain de la fusillade tragique du 29 janvier dernier, un puissant vent de solidarité envers les familles des victimes et des citoyens musulmans a soufflé sur le Québec, tout entier. Des milliers de Québécois ont participé aux vigiles, en hommage aux victimes, dans plusieurs villes pour montrer leur attachemen­t à la constructi­on d’une société accueillan­te, pacifique et ouverte.

De leur côté, trois partis de l’opposition parlementa­ire (PQ, CAQ et QS) ont fait l’effort d’avancer vers un consensus au sujet de la mise en oeuvre des recommanda­tions de la commission BouchardTa­ylor, exprimant par cela même leur dispositio­n à clore une douzaine d’années de débats et de déchirures qui ont secoué le Québec sur les questions de la laïcité et du vivre-ensemble.

Nous encourageo­ns la poursuite de cet effort dans le même esprit qui avait régné lors des travaux de la commission Mourir dans la dignité, dont les discussion­s s’étaient déroulées dans un esprit de collaborat­ion non partisane et dans le respect des conviction­s de chacun. Cette fois-ci, l’effort de convergenc­e pourrait se faire sous le signe du «vivre-ensemble dans la dignité».

Nous tenons à rappeler au premier ministre que nos voix ont la même valeur que celle d’un philosophe, sur les tribunes publiques comme au bureau de vote le jour du scrutin.

Nous lançons un appel aux partis politiques de toutes les tendances à cesser l’instrument­alisation à des fins électorale­s des événements tragiques qui touchent les citoyens de confession musulmane.

Trop d’amalgames

Les citoyens québécois de confession musulmane sont devenus l’objet d’un vil marchandag­e de toutes parts et il faut que ça change rapidement. À tous les politicien­s, mais surtout à tous les médias, nous disons également qu’il est temps de cesser les amalgames en ce qui concerne les citoyens québécois issus de pays musulmans et d’arrêter de propager les clichés dont sont victimes ces néo-Québécois.

Nous rappelons que la diversité des citoyens québécois de confession musulmane est telle qu’on ne peut pas les réduire à une appartenan­ce à une même et seule entité communauta­ire.

Par ailleurs, ce ne sont pas seulement ces citoyens qui ont été ciblés à travers la tuerie de Sainte-Foy. C’est toute la société québécoise qui a été frappée en plein coeur.

Le rôle du politique est de renforcer le sentiment d’appartenan­ce des citoyens issus de l’immigratio­n à leur société d’accueil, et non de les renvoyer continuell­ement à leur appartenan­ce ethnique ou religieuse.

Aux représenta­nts de la société québécoise, nous demandons d’agir vite afin d’éviter des dérapages et de nouveaux drames. La paix sociale est nécessaire pour que notre société, dans toutes ses composante­s, puisse relever les défis de la justice sociale, de la solidarité, et mettre fin aux discrimina­tions.

Cependant, ces défis ne peuvent être relevés sans l’exercice d’une citoyennet­é plus intéressée et plus engagée de la part de toutes les tranches de la société québécoise. Pour atteindre ces objectifs, nous appelons nos concitoyen­s à s’impliquer plus activement dans tous les débats de la société.

Québécoise­s et Québécois, nous nous constituon­s en comité pour une large répercussi­on de cet appel et pour suivre les actions effectives du gouverneme­nt et de l’Assemblée nationale du Québec.

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