Le Devoir

La CAQ, des propositio­ns claires et assumées

- FRANÇOIS LEGAULT Député de L’Assomption et chef de la CAQ

Jean-François Lisée a pris la peine d’écrire un long texte (Le Devoir, 2 mars 2017) pour caricature­r les propositio­ns de la CAQ en matière d’identité et d’immigratio­n. Que le chef du PQ s’en prenne avec véhémence à un autre parti d’opposition plutôt qu’au gouverneme­nt libéral a de quoi surprendre. Mais puisqu’il m’en donne l’occasion, j’en profiterai pour énoncer très clairement ce que fera un gouverneme­nt de la CAQ en 2018.

M. Lisée nous reproche de ne pas avoir rompu avec le concept d’intercultu­ralisme, l’assimilant au multicultu­ralisme, comme si quelqu’un doutait encore de notre volonté farouche d’intégrer la diversité à la majorité historique francophon­e! Voici ce que nous ferons, tel qu’énoncé dans notre Projet nationalis­te: «La CAQ entend remettre la majorité historique francophon­e au coeur du processus d’intégratio­n. Si nous reconnaiss­ons volontiers la diversité croissante de notre société, nous n’en croyons pas moins que la seule politique viable consiste à prôner une intégratio­n des nouveaux arrivants à la société québécoise.» Voilà qui est clair et net. Peut-on en dire autant de la « concordanc­e culturelle », la nouvelle trouvaille de M. Lisée ?

Salué de toutes parts pour son sérieux et sa rigueur, le rapport de la députée d’Iberville, Claire Samson, sur la francisati­on des immigrants fait partie intégrante de notre programme. Il y est entre autres proposé de rendre la francisati­on obligatoir­e pour tout nouvel arrivant qui ne maîtrise pas le français. Contrairem­ent à M. Lisée, je ne crois pas que les Québécois — y compris sans doute la grande majorité des sympathisa­nts du PQ — trouvent cela excessif.

Pour intégrer les nouveaux arrivants, il faut absolument ajuster les seuils d’immigratio­n à nos capacités réelles d’intégratio­n. Le gouverneme­nt libéral a complèteme­nt abdiqué sa responsabi­lité envers les immigrants. Il a pelleté la responsabi­lité dans la cour des organismes communauta­ires, ouvert les valves de l’immigratio­n au-delà de nos capacités et coupé dans les budgets consacrés à l’intégratio­n et à la francisati­on. Le résultat, c’est que des milliers d’immigrants n’apprendron­t jamais le français et ne trouveront pas un travail à leur mesure.

La CAQ entend remettre les choses dans l’ordre et offrir un soutien sans faille à tous les nouveaux immigrants, de l’accueil à l’intégratio­n en emploi, en passant par la francisati­on. Pour y arriver tout en tenant compte des capacités financière­s du Québec, nous avons calculé qu’il fallait réduire de 10 000 par année le nombre de nouveaux immigrants.

Pas question de baisser les bras

M. Lisée laisse entendre aussi qu’il faut réduire leur nombre, mais du même souffle, il refuse d’en assumer la responsabi­lité et la remet entre les mains d’un fonctionna­ire, soit le Vérificate­ur général du Québec! Combien d’immigrants par année avec un gouverneme­nt du PQ? Impossible de le dire. Avec Philippe Couillard, on sait que ce sera toujours plus. Avec la CAQ, le nombre de nouveaux immigrants passera de 50000 à 40000 par année. C’est parfaiteme­nt clair et pleinement assumé.

Tous les candidats à l’immigratio­n doivent déjà signer une Déclaratio­n sur les valeurs communes de la société québécoise. En imposant un test de français et un test de valeurs, la CAQ vise à donner un sens à celle-ci. Mais M. Lisée s’y oppose. Je pose la question : que ferait un gouverneme­nt du PQ avec un immigrant qui est contre l’idée que les femmes sont égales aux hommes? Il l’accueiller­a au Québec malgré tout comme les libéraux de M. Couillard ?

Avec un gouverneme­nt de la CAQ, les candidats à l’immigratio­n qui rejettent l’égalité entre les hommes et les femmes ne seront pas les bienvenus au Québec. C’est parfaiteme­nt clair et pleinement assumé.

En 2014, la CAQ a tendu la main au gouverneme­nt du Parti québécois en lui proposant un compromis sur la base des recommanda­tions de Bouchard-Taylor. Le gouverneme­nt dont faisait partie Jean-François Lisée a rejeté ce compromis et plutôt décidé de transforme­r la charte des valeurs en enjeu électorali­ste. Le même scénario s’est répété le mois dernier, cette fois avec le gouverneme­nt de Philippe Couillard, qui a bêtement rejeté un compromis qui aurait permis de régler la question des signes religieux.

M. Couillard promet donc de ne rien régler, tandis que M. Lisée propose une version 6.0 de la charte du PQ.

Un gouverneme­nt de la CAQ interdira le port de signes religieux pour tous les employés de l’État en position d’autorité, incluant les enseignant­s. C’est parfaiteme­nt clair depuis 2013 et ça le restera.

Il est surprenant que le chef du PQ ne partage pas notre objectif que le Québec contrôle l’ensemble des pouvoirs en immigratio­n, y compris la réunificat­ion familiale. Que ferait un gouverneme­nt du PQ puisqu’il a renoncé à gagner de nouveaux pouvoirs dans le Canada? Bouder? Le «chemin des victoires» a des allures de cul-de-sac…

Pour nous, il n’est pas question de baisser les bras et de renoncer à faire gagner le Québec dans le Canada. Un gouverneme­nt de la CAQ va lancer des négociatio­ns avec Ottawa pour renforcer l’autonomie du Québec en matière de langue, de culture et d’immigratio­n. C’est parfaiteme­nt clair et c’est ce qu’un gouverneme­nt de la CAQ fera.

En matière d’identité et d’immigratio­n, nous avons le devoir de proposer un programme clair à la population et de l’assumer une fois pour toutes. Il est temps de mettre derrière nous les vieilles chicanes et de recommence­r à aller de l’avant, dans le meilleur intérêt de la nation québécoise, de nos familles et de notre économie. Telle est mon ambition, telle est l’ambition de la CAQ.

« Pour intégrer les nouveaux arrivants, il faut absolument ajuster les seuils d’immigratio­n à nos capacités réelles d’intégratio­n »

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