Le Devoir

Explorer la banquise... dans le Jura

L’Espace des mondes polaires devient le seul musée permanent dans le monde consacré aux pôles

- ANGELA SCHNAEBELE à Prémanon

Une blancheur intense, des vidéos immenses faisant défiler la banquise, dans le bruit glaçant du blizzard: un musée sur l’Arctique et l’Antarctiqu­e présenté comme unique en son genre vient d’ouvrir dans l’est de la France.

L’Espace des mondes polaires Paul-Émile Victor est «le seul musée permanent consacré à l’Arctique et à l’Antarctiqu­e dans le monde», affirme Anthony Renou, responsabl­e de la communicat­ion de ce site implanté à Prémanon dans le massif du Jura, à 5 kilomètres de la frontière suisse.

Un ours blanc naturalisé de 3,30 mètres de haut, des manchots et des loups peuplent la salle d’exposition. Des photograph­ies, des vidéos et des objets rapportés d’expédition­s polaires (kayaks, harpons, chants enregistré­s…) plongent les visiteurs dans l’expérience des pôles, pour leur faire comprendre leur importance scientifiq­ue à l’échelle planétaire.

Le lieu, dans un bâtiment en forme d’iceberg et enterré à 60%, a été conçu par l’anthropolo­gue Jean-Christophe Victor, fils de l’explorateu­r français Paul-Émile Victor, et Stéphane Niveau, guide naturalist­e et directeur du lieu.

Jean-Christophe Victor, décédé en décembre à l’âge de 69 ans, souhaitait « créer le premier centre culturel français consacré aux pôles» pour «émouvoir» et « faire ressentir la beauté de ces paysages et de ces lumières polaires, faire prendre conscience de la dispropor tion de l’homme par rappor t à la nature qui l’entoure».

Le projet s’appuie largement sur les objets et les documents rapportés des expédition­s de son père, Paul-Émile Victor (1907-1995), pionnier de l’écologie moderne. L’aventurier, qui a passé une grande partie de son enfance dans le Jura, avait mené ses premières missions au Groenland en 1934.

Pédagogiqu­e et ludique

L’exposition permanente propose, notamment aux enfants, de deviner quel animal émet ce cri étrange ou si cette fourrure appartient à un renne ou à un ours.

Des explorateu­rs racontent aussi leurs aventures dans de petites vidéos, alors que d’autres films abordent des thèmes tels que les écosystème­s, le froid et la nuit polaire, les peuples de l’Arctique, le réchauffem­ent climatique ou les enjeux écologique­s contempora­ins.

«L’idée était d’ouvrir un lieu qui puisse servir de support pédagogiqu­e sur le monde polaire, tout en l’abordant de manière ludique», explique Stéphane Niveau, directeur de l’établissem­ent.

«Il n’y a pas de linéarité dans la visite, les gens picorent ce qui les intéresse», renchérit Anthony Renou.

La salle d’exposition de 650m2 s’organise en deux pôles matérialis­és d’un côté par une photograph­ie de l’Antarctiqu­e de 42 mètres de long et, de l’autre, par la photo d’une vingtaine de mètres d’un village côtier inuit de l’Arctique.

L’exploratio­n se termine dans un espace intitulé «Alerte aux pôles», où une vidéo interroge et sensibilis­e les spectateur­s sur la préservati­on des pôles et sur les conséquenc­es de la fonte de la banquise et de la hausse du niveau des mers.

Plus qu’un musée

L’Espace des mondes polaires, qui a bénéficié de fonds régionaux et européens, est doté d’un centre de documentat­ion qui rend les collection­s accessible­s aux étudiants et aux chercheurs, ainsi qu’aux représenta­nts d’autres musées.

Plus qu’un simple musée, le bâtiment conçu par les architecte­s jurassiens Gilles Reichardt et Gilles Ferreux comprend aussi une salle d’exposition temporaire, une patinoire, une salle de conférence, une salle polyvalent­e et un restaurant, sur surface totale de 5300 m2.

L’édifice de verre et de métal, à l’allure de glacier acéré, se veut écodurable. Il bénéficie d’une grande inertie thermique et, avec ses faibles besoins, vise l’autonomie énergétiqu­e grâce à 16 puits géothermiq­ues et à la récupérati­on de la chaleur des générateur­s de froid, utilisés pour la glace de la patinoire.

Les pouvoirs locaux qui gèrent l’établissem­ent (la communauté de communes de la station des Rousses) espèrent attirer de 50000 à 70000 visiteurs par an.

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PHOTOS SÉBASTIEN BOZON AGENCE FRANCE-PRESSE L’exposition permanente offre des informatio­ns sur la faune qui peuple les espaces polaires, mais aussi des données sur l’importance scientifiq­ue des pôles à l’échelle planétaire.
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