NOTRE SÉLECTION ★ CINÉMA
La tortue rouge D’une rare beauté ★★★★1/2et d’un raffinement exceptionnel, MichaelLa tortue Dudok rougede Witdu réalisateurs’attache au néerlandaisdestin d’un homme ayant échoué sur une île. Par magie, il y trouvera une compagne. Évoquant à la fois le paradis terrestre, l’Odyssée d’Homère, Robinson Crusoé de Dafoe et Seul au monde de Zemeckis, ce film d’animation sans parole relate avec une désarmante simplicité, une délicate poésie et un subtil mélange d’humour et d’insolite le cycle de la vie. Un émouvant chef-d’oeuvre d’une portée universelle. MANON DUMAIS Une vie ★★★★
Tiré du roman de Maupassant, Une vie puise dans l’existence difficile de Jeanne, une noble normande du XIXe siècle, la substance d’un film sensible et délicat. Recourant à de belles ellipses et à un montage impressionniste moins linéaire qu’il n’y paraît, Stéphane Brizé (La loi du marché) filme son héroïne au gré des saisons et des désillusions. Chaque fois que Jeanne anticipe un malheur ou pressent une tragédie, elle est contredite par quelque autorité — parentale, conjugale, cléricale — puis renvoyée à sa condition de femme. Or, telle qu’incarnée par Judith Chemla, Jeanne demeure vibrante de dignité, même au pire de l’accablement. Afin d’évoquer l’oppression ambiante, Brizé a opté pour un ratio d’image carré plutôt que rectangulaire. Loin de se borner à composer de jolis tableaux, le cinéaste cherche plutôt sens et vérité dans chaque plan d’une oeuvre d’autant plus émouvante, parce qu’honnête. FRANÇOIS LÉVESQUE Ma vie de Courgette ★★★★
Claude Barras a raté de peu l’Oscar du meilleur film d’animation, mais cette merveilleuse fantaisie en carton-pâte mérite la palme du coeur. Ces marionnettes aux yeux exorbités et aux mouvements brusques affichent une exceptionnelle humanité; même un policier réussit à nous tirer les larmes. Tout comme lui, nous nous prenons d’affection pour Icare, surnommé Courgette, devenu orphelin dans de tragiques circonstances, recueilli dans un foyer qui ferait baver d’envie les personnages de Charles Dickens. Rien n’est tabou chez ces enfants causant aussi bien de suicide et de sexualité que de violence familiale, portés par un courage et une créativité qui séduiront les spectateurs de tous les âges. Du cinéma jeunesse jamais aseptisé, capable de flatter l’oeil et de titiller l’intelligence. ANDRÉ LAVOIE Paterson ★★★★
Dans la ville de Paterson, au New Jersey, un chauffeur d’autobus prénommé Paterson voue un culte au poète William Carlos Williams et à son recueil intitulé Paterson. Lui-même poète, Paterson n’a jamais eu le courage de soumettre son précieux carnet pour publication. D’un minimalisme exquis, ce nouvel opus de Jim Jarmusch est l’un de ses plus rigoureux et maîtrisés. Paterson non seulement réitère la prédilection du cinéaste pour les gens vivant en marge (physiquement ou mentalement), mais ramène celle-ci à sa plus simple expression. Adam Driver se révèle idéal dans le rôle-titre, tout de retenue et de modulations discrètes. Son attachant marginal est, au fond, à l’image du cinéma de Jarmusch: en périphérie, voire en décalage, et ne cherchant pas à attirer l’attention sur soi. Un point de vue, et une attitude, privilégiés pour observer l’humanité sous un angle différent. FRANÇOIS LÉVESQUE Nelly ★★★★
Elle vint au monde Isabelle, adopta le surnom Cynthia, puis mourut Nelly. Des personnalités, elle n’en manquait pas. C’est une identité qui lui faisait défaut. Or, en devenant son propre sujet, l’auteure de Putain et de Folle s’en forgea une, puissante. Hélas, son mal-être transcendait cela, et elle préféra s’en retourner au néant à l’issue d’une vie trop courte de douleur et de création. C’est avec intelligence et finesse qu’Anne Émond raconte Nelly Arcan. Son scénario non linéaire et riche en références aux écrits de la défunte ne prétend pas cerner l’insaisissable, offrant plutôt une alternance entre les différentes facettes du sujet (Mylène Mackay démultipliée, brillante). La cinéaste fait fi du modèle classique du drame biographique. Son film n’est pas un compte rendu «aimablement» bouleversant, et donc rassurant, d’un destin tragique. Émond maintient une distance vis-à-vis de sa protagoniste comme cette dernière maintint sa vie durant une distance vis-à-vis d’elle-même. OEuvre d’évocation et non de reconstitution, Nelly exige beaucoup du cinéphile, mais lui donne davantage en retour. FRANÇOIS LÉVESQUE Rogue One: une histoire de Star Wars (V.F. de Rogue One: A Star Wars Story) ★★★★ La folie Star Wars est repartie de plus belle avec
Rogue One: une histoire de Star Wars. Il s’agit d’un «antépisode» dont l’action est campée juste avant le Star Wars originel. On craignait un exercice de presse-citron hollywoodien puisque, jumelés aux suites, les antépisodes visent d’abord à doubler les revenus. Contre toute attente, on se retrouve plutôt avec l’un des meilleurs films de cette série. Rogue One relate comment les rebelles ont réussi à dérober les plans de l’Étoile noire dans une aventure éminemment plus étoffée que ce à quoi l’on s’attendait. Gareth Edwards livre ici une superproduction blindée — pour peu que l’on soit amateur. FRANÇOIS LÉVESQUE
Manchester by the Sea ★★★★
Au décès de son frère, Lee, un homme solitaire, apprend qu’il a hérité de la garde de son neveu adolescent. De retour dans la ville portuaire qu’il a fuie après un drame personnel, Lee (un Casey Affleck extraordinaire d’authenticité) peine à décider de la suite tout en faisant face à ses démons. Une fois le mystère de son passé élucidé au terme du premier acte, le regard que l’on pose sur la situation de Lee change considérablement. Beaucoup plus complexes qu’il n’y paraissait d’emblée, les enjeux psychologiques ainsi étoffés reconfigurent le drame qui est en train de se jouer. Un drame, heureusement, que le cinéaste et scénariste Kenneth Lonergan émaille de brefs moments d’humour par cette complicité un peu bourrue qui unit toujours Lee et son neveu. Une oeuvre admirablement construite qui met un moment à se déposer dans l’esprit, et le coeur, du cinéphile. C’est a posteriori que son impact se ressent, bouleversant, prégnant. FRANÇOIS LÉVESQUE L’arrivée (V.F. d’Arrival) ★★★★
Premier long métrage du Québécois Denis Villeneuve dans la science-fiction, ce film américain tourné au Québec se démarque par l’élégance de sa mise en scène et des effets spéciaux. Ces beaux vaisseaux spatiaux ovoïdes, ces créatures tentaculaires, ces liens ténus établis entre les humains et les aventuriers de l’espace ont de la classe. Adaptant une nouvelle de Ted Chiang, misant sur une approche linguistique de la communication entre les mondes, le film, malgré quelques scories sentimentales mal collées à l’ensemble et des personnages masculins sans relief, bien joué par Amy Adams, se révèle insolite et intelligent, surtout techniquement au-dessus de bien des productions du genre. ODILE TREMBLAY Pour l’amour d’Hollywood (V.F. de La La Land) ★★★★
Comédie musicale et romance de Damien Chazelle (Whiplash), La La Land, inspiré, sur une trame contemporaine, des oeuvres de l’âge d’or d’Hollywood, est un bijou de fantaisie colorée et référencée sur une poésie lunaire et une mise en scène de haute voltige. Ryan Gosling et Emma Stone (particulièrement inspirée) forment un couple de jeunes artistes à la conquête de Los Angeles, ici brillamment filmée en terre de mirages. Les chorégraphies exceptionnelles et la trame musicale ne font pas d’ombre au récit, qui coule et respire comme dans un conte, sur un dénouement sublime. Le film devrait monter haut aux Oscar. ODILE TREMBLAY Les figures de l’ombre (V.F. de Hidden Figures) ★★★★
Si l’histoire a retenu le nom de John Glenn, on ne peut en dire autant des noms de Katherine Johnson, de Dorothy Vaughn et de Mary Jackson (éblouissantes Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monae). Or, sans ces trois brillantes scientifiques afro-américaines, l’astronaute n’aurait peut-être pas conquis l’espace. Éclatante page d’histoire méconnue de l’histoire des Noirs, ce drame historique rend un vibrant hommage à ces fières et courageuses pionnières tout en illustrant sans fard l’Amérique ségrégationniste. MANON DUMAIS Get Out ★★★1/2
Beaucoup de films nous reviennent en mémoire devant celui de Jordan Peel, acteur et humoriste qui signe ici sa première réalisation au cinéma. On songe autant à Rosemary’s Baby qu’à Guess Who’s
Coming to Dinner; la palette est diversifiée et les bonnes surprises, nombreuses. D’abord, la question du racisme au sein de la société américaine est traitée de manière moins frontale que les prémisses du film le laissent croire, et le récit, rarement précipité et tapageur, distille un malaise diffus mais tenace. Tout cela se déroule dans un magnifique domaine, tenu par des domestiques aux allures d’automates, un détail qui n’échappe pas à ce photographe afro-américain venu rencontrer ses possibles beaux-parents, pas très rassuré par sa copine qui ne leur a rien dit sur la couleur de sa peau. Ce détail peut tout changer, même chez les bien-pensants. ANDRÉ LAVOIE Je ne suis pas votre nègre (V.F. d’I Am Not Your Negro) ★★★1/2
Quelle excellente idée a eue le cinéaste Raoul Peck (Lumumba) de s’inspirer du livre inachevé de l’écrivain afro-américain James Baldwin, Remember
this House, pour mettre en lumière l’histoire des Noirs en Amérique. Percutant montage d’extraits d’archives, de films de fiction et d’entrevues, Je ne
suis pas votre nègre (narré en anglais par Samuel L. Jackson et en français par JoeyStarr) s’avère un puissant plaidoyer pour le respect et les droits des Noirs, toujours brûlant d’actualité. MANON DUMAIS L’érotisme et le vieil âge ★★★1/2
Après 65 ans, est-ce que la sexualité prend aussi sa retraite? Les plus jeunes en sont convaincus, imaginant mal leurs grands-parents s’aimer comme au premier jour. S’il est vrai que l’intensité n’est plus la même, ce n’est ni un désert ni un naufrage: de cela, Fernand Dansereau est convaincu. Le cinéaste est parti à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont su conjuguer leur amour avec les contraintes du temps qui passe. Cette quête donne lieu à de multiples confidences sur la solitude, la tendresse, l’image corporelle, l’obsession de la performance, et la mort qui rôde plus souvent qu’à son tour. Sur ce sujet, la psychologue Édith Fournier et le cinéaste Jean Beaudin se livrent avec autant d’intelligence que d’abandon, concluant un film jamais en panne d’idées, ou de désirs, devant les préjugés. ANDRÉ LAVOIE
Le client (V.F. de The Salesman) ★★★1/2
C’est à la fois un retour au bercail et un retour en force pour Asghar Farhadi (La séparation, Le
passé), ce fin observateur de la société iranienne, capable aussi d’une grande virtuosité visuelle qui rend tous ses films hypnotiques. Une fois encore, il excelle à décrypter les tumultes d’un couple pour en faire une brillante caisse de résonance. Après une agression dont on ne connaîtra jamais l’étendue des dégâts, Rana, une comédienne, préfère se réfugier dans un silence obstiné, forçant Emad, son conjoint avec qui elle partage aussi la scène (dans Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller, une métaphore un peu étriquée), à chercher le coupable de cette ignominie. La curieuse chasse à l’homme ne constitue qu’un des enjeux de cette radiographie à la fois intimiste et sociale, riche en nuances, et en rebondissements. ANDRÉ LAVOIE Sous le sable (V.O., s.-t.f.) Land of Mine (V.O. s.-t.a.) ★★★1/2
Mai 1945. Deux millions de mines ont été enfouies par les Allemands le long des côtes du Danemark. Dans les jours qui suivent la capitulation nazie, des prisonniers y sont transportés pour déminer les plages. Plusieurs ne sont que des adolescents envoyés au front aux derniers mois du conflit. Implacable mais traversé par des moments de grâce, Sous le sable est habile à communiquer la peur sourde qui tenaille ces démineurs néophytes. Le scénario, plein de fines observations, s’attarde entre autres à la complicité fragile qui naît entre l’un d’eux et le sergent en charge, ce dernier tiraillé entre sa haine pour l’ennemi au sens large et son désir de maintenir ce qu’il lui reste d’humanité. De fait, c’est aussi à mettre en lumière ce qu’il y a de laid chez les «bons» et ce qu’il subsiste de beau chez les «méchants» que s’applique ce film, qui n’offre pas tant une réflexion sur le bien et le mal qu’une exploration de tout ce qu’il y a de flou entre les deux. FRANÇOIS LÉVESQUE A Man Called Ove (V.O., s.-t.f.) ★★★1/2
Ove, un retraité suédois, est le portrait type du grincheux. Dans sa communauté à accès restreint, il effectue sa ronde chaque matin et fait la leçon à tout un chacun. Évidemment, toute cette aigreur tire sa source dans une profonde tristesse. Si la prémisse n’est pas neuve, la manière, à forte teneur en humour noir, est assez irrésistible. Il faut voir Ove, qui refuse de vivre sans sa défunte épouse, essayer d’en finir à répétition, sans succès. Entre une voisine entêtée et un matou errant qui s’impose, Ove s’humanise à son corps défendant. La réalisation de Hannes Holm est entièrement au service d’excellents interprètes. C’est toutefois Rolf Lassgard qui fait que le film fonctionne, et ce, malgré un scénario non dénué de facilités. Doté d’une présence physique imposante, le comédien dégage, lors de moments clés, une fragilité bouleversante. Il élève le film, qui en retour élève le spectateur. FRANÇOIS LÉVESQUE Toni Erdmann (V.O., s.-t.f.) ★★★1/2
Inès conçoit pour des multinationales des modèles impopulaires, telle l’externalisation de la main-d’oeuvre, en laissant croire à ses clients que c’est elle et sa boîte qui portent l’odieux de telles initiatives. Inès est, en apparence, le cliché de la femme qui a réussi mais qui n’est pas épanouie. Arrive à la rescousse papa Winfried, alias Toni Erdmann, un hurluberlu mû par un besoin irrépressible de déstabiliser. Mais est-ce bien un sauvetage? Winfried vient de perdre son chien adoré, et s’immiscer dans la vie de sa fille lui permet de fuir son désarroi. Ces identités de rechange qu’il adopte ne sont-elles pas qu’un moyen d’éviter toute introspection? Inès, elle, ne se débrouille pas trop mal. Elle a en outre hérité cette propension à déconcerter (ce brunch!). À la fin, c’est Inès qui sauve son père en lui laissant croire qu’il l’a sauvée, elle. Permettre à autrui de vivre dans le déni, c’est sa spécialité. Fascinant, mais plus sombre qu’il n’y paraît, Toni Erdmann… FRANÇOIS LÉVESQUE
Ça sent la coupe Un soir qu’il regarde ★★★le hockey à la télé avec ses
larguerchums et parsa soeur,sa blonde Max (Émilie (Louis-José Bibeau). Houde) L’adulescentse fait trentenaire comprend alors qu’il doit se prendre en main. Nul besoin d’avoir le CH tatoué sur le coeur pour savourer cette adaptation fidèle du roman de Matthieu Simard par Patrice Sauvé
(Cheech). Distillant une douce mélancolie, composé en courts segments suivant la saison 20092010 du Canadien, Ça sent la coupe explore en un habile mélange de légèreté et de gravité le deuil et le passage à l’âge adulte. MANON DUMAIS Cure de bien-être (V.F. d’A Cure for Wellness) ★★★
À la demande de ses supérieurs hiérarchiques, un jeune cadre carriériste (Dane DeHaan, le nouveau DiCaprio) se rend dans une maison de santé en Suisse afin d’y chercher son patron qui ne donne plus de nouvelles. Ce qu’il y découvre le laisse pantois. Avec ses clins d’oeil gros comme ça à Frankenstein,à Shutter Island et à Au-delà du
réel, cet esthétisant thriller sous influences du réalisateur de la franchise Pirates des Caraïbes tire profit du cadre enchanteur suisse qu’il transforme en un lieu glauque. Lent, mais divertissant. MANON DUMAIS Le fils de Jean ★★★
Adapté d’un roman de Jean-Paul Dubois, couronné à Cinemania, Le fils de Jean, porté par le jeu formidable de Gabriel Arcand en ami bougonneux d’un père disparu, est une oeuvre fine, mais au scénario souvent tortueux et prévisible. Réalisé en grande partie au Québec par le Français Philippe Lioret (Je vais bien, ne t’en fais pas, Welcome), ce film de quête de filiation donne la vedette à Pierre Deladonchamps, très bien en homme venu se chercher une famille de l’autre côté de l’Atlantique. Une bonne interprétation générale, une caméra de finesse et des profils subtilement brossés ne rachètent pas tout à fait les faiblesses de sa trame. ODILE TREMBLAY L’odyssée ★★1/2
Outre qu’il ne semble jamais savoir s’il relate l’existence d’un monstre ou d’un héros, le film de Jérôme Salle (Largo Winch) consacré à JacquesYves Cousteau se révèle au surplus incapable de choisir entre la vie de ce dernier et celle de son défunt fils cadet, Philippe. Idéaliste courageux, bête médiatique sans scrupule, puis homme réformé, le premier s’est vu imparti une épaisseur qui fait défaut au second, défini surtout à travers un conflit père-fils platement traité. Privé d’une focalisation claire, le film éblouit en revanche avec ses images sous-marines magnifiques, sa réalisation ample et sa conception visuelle de haute tenue. Les acteurs, dont Lambert Wilson en figure de proue, ne sont pas en reste. À terme, on se retrouve devant un film beau à regarder, mais dont on ne sait trop ce qu’il veut raconter. FRANÇOIS LÉVESQUE Le fondateur (V.F. de The Founder) ★★1/2
Le fondateur revient sur le parcours d’un homme obsédé par la réussite, Ray Kroc, qui, à défaut d’avoir un rêve à lui, usurpa celui d’autrui: celui des frères McDonald, inventeurs d’un modèle novateur de restauration rapide. L’action démarre juste avant la rencontre avec ceux-ci et se termine juste après la naissance de l’empire. Dans l’intervalle, on suit Kroc (brillant Michael Keaton) au gré de démarches professionnelles qui rendent compte d’un tempérament toxique. Hélas, s’il suggère les différentes failles de son sujet, jamais le film n’explore-t-il celles-ci ni n’en cherche-t-il les causes. Des échos contemporains fortuits, presque de la prescience, fascinent, cela dit. Un exemple: dans un clip juste avant le générique, on voit le vrai Ray Kroc expliquer sans rougir dans une entrevue d’archives qu’il a «choisi» le nom McDonald’s pour ses établissements parce que ça sonnait bien. On regarde ce milliardaire mentir à la face d’une Amérique qui en redemande et on se dit qu’avec l’ère Trump qui s’amorce, Le fondateur est un film de son temps. FRANÇOIS LÉVESQUE