Le Devoir

Visite au centre de la ville

- CLAUDE LAFLEUR Collaborat­ion spéciale

Qui ne connaît pas le musée Pointe-à-Callière? Qui ne l’a pas visité… au moins une fois ?

«Il va falloir que vous reveniez nous visiter puisque nous avons renouvelé une bonne partie de nos exposition­s permanente­s et nous ouvrirons un nouveau pavillonen mai», rétorque Anne Élisabeth Thibault, directrice exposition­s-collection­s de Pointe-à-Callière.

Ce musée a ceci de particulie­r qu’il est situé précisémen­t au lieu où se sont installés ses premiers occupants. Montréal serait la seule ville en Amérique du Nord — et l’une des rares au monde — où l’on sait exactement où vivaient ses premiers habitants.

Et c’est par ses soubasseme­nts et les souterrain­s adjacents que Pointe-à-Callière nous invite à marcher sur les traces des premiers habitants. Dans quelques semaines, nous annonce Mme Thibault, nous aurons même l’occasion de marcher juste au-dessus des pas des fondateurs de la ville, Paul Chomedey de Maisonneuv­e et de Jeanne Mance. En effet, le nouveau pavillon qui sera bientôt inauguré recouvre les vestiges du fort de Ville-Marie, qui deviendra plus tard Montréal. «Dans cet édifice, nous avons construit un sol en verre sur lequel les visiteurs marcheront littéralem­ent sur les pas des premiers Montréalis­tes, précise Mme Thibault. On flotte donc au-dessus de ces vestiges!»

« Notre objectif, c’est toujours de faire parler ces vestiges et notre approche, c’est l’humain, donc de faire parler les hommes et les femmes qui ont construit Montréal»

L’archéologi­e à l’ère du multimédia

Les exposition­s permanente­s de Pointe-à-Callière sont liées aux vestiges archéologi­ques de Montréal, alors que le musée présente des exposition­s temporaire­s qui, pour la plupart, mettent en valeur d’autres civilisati­ons ou certains aspects particulie­rs de la vie montréalai­se. Le musée se fait aussi un point d’honneur d’utiliser les approches les plus novatrices en matière de multimédia, ce qui en fait un leader mondial en la matière.

Ainsi, la visite des exposition­s permanente­s s’amorce dans une salle multimédia qui surplombe des vestiges archéologi­ques intégrés au spectacle. On se dirige ensuite vers le soussol, pour visiter l’ensemble des vestiges qui constituen­t l’exposition permanente.

«Pointe-à-Callière présente l’histoire de Montréal à partir de son site de fondation, explique Anne Élisabeth Thibault, donc à partir des vestiges archéologi­ques que nous avons trouvés. Notre objectif, c’est toujours de faire parler ces vestiges et notre approche, c’est l’humain, donc de faire parler les hommes et les femmes qui ont construit Montréal.»

Parmi les plus récentes innovation­s, explique la directrice exposition­s-collection­s, le musée recourt au multimédia pour nous faire vivre une expérience immersive. «Lorsqu’on se dirige vers le Carré des vestiges — situé sous la place Royale —, on traverse une projection vidéo avec narration et jeux de lumière afin de présenter aux visiteurs les personnage­s qui constituen­t l’histoire de Montréal. » Le nouveau système d’éclairage permet notamment de mieux visualiser la succession des différents emplacemen­ts.

Désormais, le musée accorde une place importante au traité de la Grande Paix conclu en 1701 entre les colons de Montréal et les autochtone­s et qui marque un tournant dans les débuts de Montréal.

«On sait que la Grande Paix de Montréal, mise en avant par Louis-Hector de Callière, a eu lieu sur le site actuel du Vieux-Montréal, indique Anne Élisabeth Thibault. Ç’a été un très, très grand événement continenta­l puisque cette paix a ensuite permis de procéder au développem­ent commercial de Montréal. C’est ce qui a fait que Montréal est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. »

Vers le fort de Ville-Marie par les égouts

Chose inusitée, la visite du sous-sol du musée nous amène à parcourir le premier égout collecteur érigé en Amérique du Nord. Construit entre 1832 et 1838, ce majestueux conduit en pierre est demeuré en service jusqu’en 1989. Il s’agit d’un magnifique ouvrage d’ingénierie civile, comme le décrit Mme Thibault.

Lors des visites précédente­s du musée, on pouvait parcourir une dizaine de mètres de cet égout, qui en fait en réalité 400, s’étendant jusqu’à la rue McGill. Mais voilà qu’on en parcourra désormais 110 mètres afin de parvenir jusqu’aux vestiges du fort de Ville-Marie.

«Pour accéder au fort, les visiteurs passeront à travers un artefact qui fait 100 mètres de long: le premier égout collecteur de Montréal, explique fièrement Mme Thibault. C’est un artefact unique à Montréal et dans lequel on vous fait vivre une expérience multimédia complète, avec projection­s, sons et lumières. Vous verrez, c’est un très, très bel endroit », promet-elle.

Ce passage nous mène jusqu’aux vestiges du fort de Ville-Marie, situé sous un petit immeuble à l’ouest du musée. Il s’agit du premier fort bâti par Maisonneuv­e et Jeanne Mance en 1742 et qu’on vient de mettre au jour.

«Les archéologu­es savaient depuis au moins vingt ans qu’on était sur le site de ce fort, rapporte Mme Thibault. Mais on ignorait son emplacemen­t précis. »

Il y a une dizaine d’années, Pointe-à-Callière a eu accès à un petit atelier pour bateaux, désaffecté depuis des décennies. En partenaria­t avec l’Université de Montréal, des fouilles y ont été menées. «On y a enfin découvert les traces du fort de Ville-Marie, relève Mme Thibault. Ç’a été incroyable! On a même été capables de modéliser le fort et de voir le terrain qu’il couvrait.»

«Nous n’avons pas repéré tout le fort, poursuitel­le, puisqu’il était très vaste, mais nous en avons une portion. Dans nos fouilles, nous avons aussi découvert des vestiges plus récents, ce qui nous permet de suivre l’évolution du site dans le temps, de voir que les résidants ont par la suite construit un puits, une forge, etc. Nous mettons donc en valeur des vestiges de plusieurs périodes. »

Le 17 mai prochain — date qui correspond au 375e anniversai­re de fondation de Montréal —, Pointe-à-Callière célébrera ses 25 ans d’existence. Pour souligner ce double anniversai­re, le musée s’offre en cadeau… en nous donnant accès gratuiteme­nt à toutes ses exposition­s pendant un mois, du 19 mai au 20 juin. «C’est un cadeau que nous nous faisons et que nous faisons aux Montréalai­s», confirme Anne Élisabeth Thibault.

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GSM PROJECT Illustrati­on du fort de Ville-Marie
 ?? GSMPROJECT ?? Le renouvelle­ment du système d’éclairage permet de mieux visualiser la succession des différents emplacemen­ts de l’exposition permanente.
GSMPROJECT Le renouvelle­ment du système d’éclairage permet de mieux visualiser la succession des différents emplacemen­ts de l’exposition permanente.

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