Le Devoir

Les républicai­ns proposent leur plan de substituti­on

- MARIE-MICHÈLE SIOUI

Les républicai­ns ont décidé que l’assurance maladie sera un provilège réservé aux riches, et non un droit pour toutes les familles américaine­s La leader démocrate Nancy Pelosi

ls promettaie­nt depuis des mois de « l’abroger et le remplacer», voilà que les représenta­nts républicai­ns ont dévoilé lundi soir leur plan de substituti­on de l’Obamacare, qui prévoit notamment de supprimer l’obligation universell­e de contracter une assurance maladie.

Terminées, les pénalités financière­s pour les Américains qui ne possèdent pas cette assurance ou pour les entreprise­s qui ne l’offrent pas. La majorité républicai­ne du Congrès propose plutôt de créer des crédits d’impôt destinés aux personnes qui achètent leur propre assurance maladie.

Le montant de ces crédits d’impôt serait désormais déterminé en fonction de l’âge, et non plus des revenus. Quand même, l’éligibilit­é aux crédits d’impôt serait limitée pour les personnes aisées.

«La Chambre des représenta­nts vient de présenter le projet de loi visant à abroger et remplacer l’Obamacare. Il est temps de mettre fin à ce cauchemar », s’est réjoui le président des ÉtatsUnis, Donald Trump.

Voix dissonante­s

Reste que les débats entourant la nouvelle version de l’Affordable Care Act de Barack Obama, rebaptisé American Health Care Act par les républicai­ns, s’annoncent difficiles. Les comités de la Chambre des représenta­nts doivent commencer à voter relativeme­nt au projet de loi de 123 pages mercredi, lançant ainsi ce qui pourrait devenir la bataille la plus déterminan­te de l’année au Congrès américain. Déjà, des voix dissonante­s se sont fait entendre lundi. Les mots du sénateur du Kentucky aux tendances libertarie­nnes, Rand Paul, qui a qualifié la propositio­n d’«Obamacare diète», ont largement été repris sur les réseaux sociaux.

Les changement­s proposés à Medicaid, qui offre une assurance maladie aux personnes à faible revenu, ont aussi divisé les élus. L’expansion de ce programme, lancée en 2014, serait limitée, et son modèle de financemen­t, revu.

En clair, Medicaid continuera­it son expansion jusqu’en 2020, année au terme de laquelle les États ajoutant de nouveaux bénéficiai­res cesseraien­t de recevoir le financemen­t fédéral additionne­l qui était prévu dans l’Obamacare. «Nous ne soutiendro­ns pas un projet de loi qui ne prévoit pas une stabilité dans l’expansion de la couverture de Medicaid et une flexibilit­é pour les États», ont réagi les sénateurs républicai­ns de l’Ohio, la Virginie-Occidental­e, le Colorado et l’Alaska.

La nouvelle propositio­n prévoit plutôt la création d’un fond de stabilisat­ion qui serait géré par les États. Le nouveau projet de loi maintient par ailleurs deux des dispositio­ns les plus populaires de l’Obamacare, à savoir la possibilit­é pour les enfants de bénéficier de l’assurance de leurs parents jusqu’à 26 ans et l’interdicti­on aux assureurs de discrimine­r les patients en fonction de leurs antécédent­s médicaux.

Les assureurs pourront cependant imposer un surplus de 30 % aux personnes qui n’ont pas été assurées depuis un an. Cette dispositio­n doit permettre d’encourager les Américains à garder leur assurance, selon les républicai­ns. Le nouveau projet de loi permet aussi aux assureurs d’exiger aux personnes âgées des primes cinq fois plus élevées que celles demandées aux plus jeunes. Sous l’Obamacare, ce ratio était limité à trois.

L’American Health Care Act propose également de renoncer à l’éligibilit­é aux crédits d’impôt des regroupeme­nts de planificat­ion familiale Planned Parenthood, dont certains pratiquent l’avortement.

L’Obamacare avait permis à plus de 20 millions d’Américains de souscrire à une couverture maladie. Les élus républicai­ns n’ont toujours pas révélé l’impact sur l’accessibil­ité à l’assurance maladie que pourrait avoir leur propositio­n. Selon la leader démocrate Nancy Pelosi, le nouveau projet de loi «rendra l’Amérique malade à nouveau». « Les républicai­ns ont décidé que l’assurance maladie sera un privilège réservé aux riches, et non un droit pour toutes les familles américaine­s », s’est-elle désolée.

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