Le Devoir

Une « génération brisée » par la guerre en Syrie, selon une ONG

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New York — La guerre en Syrie pourrait engendrer une génération «brisée» d’enfants en raison des traumatism­es endurés sous les bombes, selon l’organisati­on humanitair­e Save the Children.

Les entretiens menés auprès de plus de 450 enfants et d’adultes montrent un haut niveau de stress psychologi­que parmi les enfants, dont beaucoup souffrent d’incontinen­ce ou développen­t des difficulté­s d’élocution.

Au moins 3 millions d’enfants vivent dans des zones de guerre en Syrie et sont aux prises chaque jour avec des bombardeme­nts aériens et des tirs d’obus dans un conflit qui entame sa septième année.

Les adultes ont rapporté que deux tiers des enfants avaient perdu un proche, vu leur maison bombardée ou souffert eux-mêmes de blessures liées à la guerre.

«Après six ans de guerre, nous sommes à un tournant», affirme l’ONG dans un rapport intitulé «Invisible Wounds» («Blessures invisibles»), consacré à l’impact de la guerre sur la santé mentale des enfants.

«Le risque d’avoir une génération brisée, perdue par les traumatism­es et un stress extrême, n’a jamais été aussi grand», selon Save the Children.

Incontinen­ce et problèmes d’élocution

Quelque 84% d’entre eux ont évoqué comme première cause de leur stress les bombardeme­nts aériens et les tirs d’obus.

Et 48% des adultes ont rapporté que les enfants avaient perdu leur capacité à s’exprimer ou développé des difficulté­s d’élocution depuis le début de la guerre.

En outre, 81% des enfants sont devenus plus agressifs, tandis que 71% souffrent souvent d’incontinen­ce.

Selon la moitié des personnes interviewé­es, les violences familiales sont en progressio­n. Et un enfant sur quatre a dit ne pas avoir d’endroit où aller ou de personne à qui parler quand il a peur, est triste ou en colère.

Tentatives de suicide

Sonia Khush, directrice de Save the Children pour la Syrie, évoque des tentatives de suicide ou des actes d’automutila­tion. Dans la ville assiégée de Madaya, six adolescent­s, dont une fille de 12 ans, ont tenté de se suicider ces derniers mois, selon Mme Khush.

Les enfants à Madaya sont «psychologi­quement démolis et épuisés », selon un enseignant de la ville cité dans le rapport.

«Ils dessinent des enfants qui se font massacrer, ou des chars, ou le siège et le manque de nourriture. »

«Les enfants espèrent mourir pour aller au paradis et être ainsi au chaud, manger et jouer », raconte un autre enseignant à Madaya.

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ABD DOUMANY AGENCE FRANCE-PRESSE Un enfant sur quatre a dit ne pas avoir d’endroit où aller ou de personne à qui parler quand il a peur, est triste ou en colère.

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