Le Devoir

Le «gré à gré» sera encadré, promet Coiteux

- ISABELLE PORTER à Québec

Avec l’adoption du projet de loi 122, les municipali­tés ne jouiront pas d’une liberté totale pour l’octroi des contrats de 25000 à 100000 $, plaide le ministre des Affaires municipale­s, Martin Coiteux. «En contrepart­ie», il va aussi leur imposer de nouveaux contrôles.

Les municipali­tés auront donc l’obligation de se doter de «politiques de gestion contractue­lle» dont la nature sera définie par règlement. «On demande aux municipali­tés d’adopter une politique de gestion contractue­lle en bonne et due forme et, par règlement, on va préciser nos attentes par rapport à ça», a déclaré M. Coiteux lundi en entrevue au Devoir.

Dans le jargon municipal, la politique de gestion contractue­lle est une politique d’achat dans laquelle une ville décrit la marche à suivre pour donner des contrats.

Le ministre répondait ainsi aux inquiétude­s suscitées par la décision du gouverneme­nt de faire passer de 25 000$ à 100 000 $ le seuil au-dessous duquel les contrats peuvent être donnés sans appel d’offres.

Certains, comme la Ligue d’action civique ou, plus récemment, la mairesse de Mont-Joli, Danielle Doyer, ont dit craindre les impacts pour les plus petites municipali­tés.

« Pour les plus petites municipali­tés, ce sont des sommes faramineus­es à concéder sans cadre ni balise, en plus de représente­r un montant important du budget des petites municipali­tés », écrivait récemment le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, dans une lettre au Devoir. Ce dernier proposait qu’on autorise un gré à gré «proportion­nel à chacune des municipali­tés ».

Une voie qui ne semble pas intéresser beaucoup le ministre. M. Coiteux insiste sur le fait qu’il accorde simplement aux municipali­tés les mêmes droits en la matière qu’aux commission­s scolaires et aux établissem­ents de santé. «On ne fait pas autre chose que normaliser la situation des villes.» À ce compte-là, dit-il, on devrait autant s’inquiéter des contrats donnés par les commission­s scolaires ou les établissem­ents.

Et d’ajouter que le ministère va «accompagne­r les plus petites municipali­tés» et leur donner des «outils» pour rédiger de bonnes politiques de gestion contractue­lle.

Un nouveau contexte « post-Charbonnea­u »

Concernant les pressions accrues que pourraient subir les élus de petites villes de la part de promoteurs et de fournisseu­rs de contrats, il rétorque que le contexte a changé depuis la tenue de la commission Charbonnea­u.

«L’environnem­ent contractue­l post-commission Charbonnea­u» est «radicaleme­nt différent de ce qu’on avait auparavant», dit-il en mentionnan­t l’entrée en scène de l’Autorité des marchés publics (AMP). «On a [aussi] l’intention d’appliquer aux villes la protection des sonneurs d’alerte», a-t-il ajouté.

Le ministre se montre en outre agacé par ceux qui craignent une montée de la collusion dans les petits milieux. « On en déduirait que les élus n’agiraient pas avec honnêteté? Parce qu’il y a eu des cas particulie­rs, il faudrait assumer que l’ensemble des maires et conseiller­s municipaux ne serait pas capables d’adopter les pratiques les plus honnêtes en la matière ? Il faut faire attention d’avoir un jugement comme ça », dit-il.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Le ministre Martin Coiteux
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le ministre Martin Coiteux

Newspapers in French

Newspapers from Canada