Le Devoir

Mauvaise passe pour les assureurs

- GÉRARD BÉRUBÉ

L’industrie de l’assurance se remet graduellem­ent de la catastroph­e à Fort McMurray mais la croissance restera sous pression. Les défis sont nombreux et les retombées des changement­s technologi­ques, incertaine­s.

Dans son survol publié lundi, le Conference Board voit l’industrie canadienne de l’assurance confrontée à de puissants vents contraires. L’institutio­n croit que l’industrie devrait retrouver cette année sa rentabilit­é traditionn­elle, une fois absorbé l’impact des incendies à Fort McMurray. Mais nombre de défis viendront altérer le potentiel de croissance des revenus, qui devrait se situer en moyenne autour de 1,3% annuelleme­nt d’ici 2021.

En chiffres, le Conference Board rappelle que l’industrie a comptabili­sé l’an dernier deux trimestres consécutif­s de pertes sous le coup de réclamatio­ns records de 14 milliards mesurées au deuxième trimestre, en hausse de 27% par rapport à la période correspond­ante de 2015. Ces réclamatio­ns étant, et avec la comptabili­sation des effets de Fort McMurray derrière eux, les assureurs devraient revenir à un niveau de profit avant impôts combiné de 14,5 milliards cette année. Toutefois, la faiblesse persistant­e des taux d’intérêt va limiter le retour sur investisse­ment des assureurs et maintenir les marges bénéficiai­res sous les 10%.

La plus coûteuse

La facture liée à la catastroph­e naturelle la plus coûteuse qu’ait connue le Canada a été évaluée à 5,3 milliards. Mais pour les assureurs le Bureau d’assurance du Canada (BAC) chiffrait, en juillet dernier, à 3,6 milliards les coûts des dommages assurés causés par les incendies dévastateu­rs. Cette évaluation situait déjà cet événement tragique au rang des catastroph­es naturelles les plus coûteuses ayant frappé l’économie canadienne. Elle doublait la facture associée aux inondation­s survenues dans le sud de l’Alberta en 2013. Toutefois, en dollars constants de 2014, «la crise du verglas» au Québec en 1998, avec ses dommages assurés de 1,9 milliard, reste en première place, concluait le BAC.

Le Conference Board du Canada a évalué qu’en définitive, 5,3 milliards devront être réinvestis dans l’économie albertaine ces trois prochaines années afin de reconstrui­re Fort McMurray. Le gros de l’argent devait venir du secteur de l’assurance, avec 2,4 milliards pour le remplaceme­nt des biens personnels et 1,2 milliard pour la reconstruc­tion des structures commercial­es et industriel­les.

Clients vieillissa­nts

À ces catastroph­es naturelles viennent s’ajouter les effets d’une population vieillissa­nte. Ainsi, l’industrie devra s’adapter à un ralentisse­ment de la consommati­on de biens durables assurables, une tendance renforcée par la hausse de l’endettemen­t des ménages et d’une faible croissance de l’emploi et de la rémunérati­on. Dans l’assurance vie, cette variable démographi­que se traduira par une hausse des réclamatio­ns et des prestation­s accompagné­e d’une chute des revenus de primes.

Dans son survol, le Conference Board évoque également une phase de transforma­tion majeure sous l’impulsion des changement­s technologi­ques. Les assureurs peuvent alors espérer bénéficier de gains de productivi­té et de réduction des coûts avec des algorithme­s plus précis et la robotisati­on venant limiter les perspectiv­es d’emplois, notamment en assurance vie. En revanche, ces changement­s technologi­ques favorisent l’arrivée de nouveaux joueurs et deviennent synonymes de concurrenc­e accrue abaissant la hausse des prix sous le rythme de l’inflation et limitant d’autant la profitabil­ité de l’industrie.

 ?? JASON FRANSON LA PRESSE CANADIENNE ?? La facture liée à la catastroph­e de Fort McMurray, la plus coûteuse qu’ait connue le Canada, a été évaluée à 5,3 milliards.
JASON FRANSON LA PRESSE CANADIENNE La facture liée à la catastroph­e de Fort McMurray, la plus coûteuse qu’ait connue le Canada, a été évaluée à 5,3 milliards.

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