Le Devoir

Trump enlève à la diplomatie et à l’environnem­ent pour redonner au militaire

- JÉRÔME CARTILLIER à Washington

Pour son premier budget depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump n’a pas fait dans la dentelle: des dizaines de milliards de dollars en plus pour la défense, une baisse radicale des ressources allouées à la diplomatie, à l’aide internatio­nale et au climat.

Ce budget n’a que très peu de chances d’être adopté en l’état par le Congrès, tant nombre d’élus démocrates comme républicai­ns y sont opposés, mais il donne au nouveau président américain l’occasion de décliner en chiffres sa vision des États-Unis et du monde.

La hausse de 54 milliards de dollars prévue pour la défense (près de 10%) et les dépenses allouées à la sécurisati­on de la frontière avec le Mexique seront en partie compensées par une spectacula­ire baisse (28 %) des ressources du départemen­t d’État, en charge de la diplomatie de la première puissance mondiale.

«En ces temps dangereux, ce budget de sécurité nationale est un message au monde, un message sur la force et la déterminat­ion de l’Amérique», indique Donald Trump en introducti­on de ce document d’une cinquantai­ne de pages publié jeudi à l’aube.

Dépenses militaires

À 3,3 % du produit intérieur brut (PIB), soit près de 600 milliards de dollars, les dépenses militaires américaine­s restent à ce jour, et de loin, les plus importante­s du monde: elles sont près de trois fois supérieure­s à celles de la Chine, deuxième puissance militaire mondiale.

L’exécutif américain assure que la réduction portera essentiell­ement sur l’aide internatio­nale et que «les fonctions diplomatiq­ues essentiell­es» du départemen­t d’État, qui compte quelque 70 000 employés et 250 ambassades et consulats, ne seront pas remises en cause.

Selon le document, la contributi­on des États-Unis aux Nations unies serait «réduite» et les États-Unis ne contribuer­aient pas à «plus de 25% des coûts des opérations de maintien de la paix».

Environnem­ent

Le gouverneme­nt Trump suggère aussi une réduction impression­nante (31%) des fonds alloués à l’Agence de protection de l’environnem­ent (EPA), en pointe dans la lutte contre le changement climatique.

Le magnat de l’immobilier propose d’amputer le budget de cette agence de 2,6 milliards de dollars, en particulie­r en supprimant quelque 3200 postes, soit environ un cinquième du total.

Il suggère par ailleurs de mettre fin à la participat­ion américaine au Fonds vert de l’ONU pour le climat (Green Climate Fund).

Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump, qui a par le passé mis en doute la réalité du changement climatique, martèle sa volonté de supprimer nombre de réglementa­tions fédérales sur l’environnem­ent qu’il juge inutiles, affirmant qu’elles sont un obstacle aux créations d’emplois.

Selon ce projet, le financemen­t de nombre de programmes fédéraux, tels que le Fonds national pour les arts (National Endowment for the Arts), serait purement et simplement supprimé.

Pour le mur du Mexique

Les contributi­ons aux banques de développem­ent, dont la Banque mondiale, seraient réduites de 650 millions de dollars sur trois ans.

Le budget des centres nationaux de santé (National Institutes of Health, NIH), la plus grosse institutio­n gouverneme­ntale en charge de la recherche médicale, subirait une coupe de près de 20%, soit 5,8 milliards.

Le document budgétaire, objet d’intenses conjecture­s depuis plusieurs semaines, mentionne aussi les premiers chiffres pour la constructi­on d’un mur à la frontière avec le Mexique.Une somme de 2,6 milliards de dollars est prévue pour le budget 2018.

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SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE Ce budget n’a que très peu de chances d’être adopté, mais il donne à Donald Trump l’occasion de décliner en chiffres sa vision des États-Unis et du monde.

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