Les pertes n’ébranlent pas le grand patron de Transat A.T.
Malgré des pertes l’an dernier, un premier trimestre à l’encre rouge et une concurrence de plus en plus vive, le voyagiste québécois Transat A.T. a toujours un avenir devant lui, assure son président et chef de la direction.
En 38 ans de carrière, Jean-Marc Eustache dit avoir traversé des crises bien plus corsées, comme celles provoquées par le choc pétrolier de 1991 ainsi que les attaques terroristes de 2001 aux États-Unis. «Nous allons continuer de transformer la compagnie et nous allons continuer à faire de l’argent», a-til affirmé jeudi, en marge de la 30e assemblée de la société, qui a affiché une perte de 32,1 millions, ou 87¢ par action, au premier trimestre.
Recul du titre
Depuis un an, l’exploitant du transporteur aérien Air Transat a vu son action reculer d’environ 32%. L’an dernier, la société a aussi enregistré une perte nette d’environ 42 millions en raison d’une économie canadienne au ralenti, de la faiblesse du huard, d’une menace de grève de ses pilotes, des craintes entourant le virus Zika et des attaques terroristes survenues en Europe. En dépit d’une demande touristique croissante, le nombre élevé de sièges offerts par les rivaux de Transat A.T. a aussi mis de la pression sur les prix.
« Certainement, a répondu M. Eustache lorsque questionné pour savoir si l’entreprise avait encore un avenir devant elle. Est-ce que nous avons déjà eu des problèmes financiers? Jamais. » Celui-ci a toutefois reconnu que la concurrence, surtout d’Air Canada Rouge, est venue gruger les parts de marché dans les Antilles et en Europe.
Transat A.T. ne détient plus la plus importante part de marché pour les destinations soleil. De plus, une augmentation de la capacité de l’ordre de 21% à destination de Londres l’an dernier de la part d’Air Canada et WestJet a pesé sur sa performance transatlantique. M. Eustache s’attend à un été moins difficile en 2017, mais un élément pourrait venir changer la donne. «La livre sterling pourrait être un problème, parce que sa valeur diminue, a-t-il analysé. Est-ce que les Britanniques vont voyager autant si leur monnaie n’est plus aussi forte?»
Malgré tout, Transat A.T. prévoit de transporter davantage d’Européens, d’Américains et d’Asiatiques à destination du Canada, comme c’est le cas depuis maintenant quelques années.
M. Eustache a par ailleurs pris ses distances de la suggestion d’un analyste ayant récemment évoqué que son entreprise pourrait être une cible intéressante pour WestJet. Dans un rapport publié le mois dernier, Turan Quettawala, de la Banque Scotia, estimait que Transat A.T. permettrait au transporteur aérien de Calgary de générer des synergies et de devenir plus concurrentiel.
«C’est un analyste qui a réfléchi à ça et qui a écrit là-dessus, a lancé M. Eustache. Nous sommes une entreprise publique. Demain matin, n’importe qui peut faire une offre sur Transat, puis on sera obligés de la regarder. Mais aujourd’hui, il n’y a rien. »
Perte trimestrielle
« Nous allons continuer de transformer la compagnie et nous allons continuer à faire de l’argent »
La perte nette pour la période de trois mois terminée le 31 janvier était deux fois moins élevée par rapport à celle de 61,2 millions, ou 1,43 $ par action, enregistrée à la même période l’an dernier. Sur une base ajustée, Transat A.T. a vu sa perte passer de 30,4 millions, ou 82¢ par action, à 36 millions, ou 98¢ par action. La société a expliqué ce résultat par une augmentation des prix du carburant ainsi que par un huard plus faible. Ses revenus ont fléchi de 5 %, à 689,3 millions
L’entreprise anticipe une amélioration de ses résultats au deuxième trimestre, ce qui, de l’avis de Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, n’est pas une garantie de retour à la rentabilité pour la saison hivernale. «Une détérioration de sa rentabilité au cours de la saison estivale, historiquement rentable, ainsi que la diversification par l’entremise d’acquisitions ajoutent des éléments d’incertitude», écrit l’analyste dans une note.