Le Devoir

Le fédéral serre la vis sur l’usage de drones récréatifs

- FRANÇOIS DESJARDINS

L’industrie aérienne et les pilotes d’avion ont poussé un soupir de soulagemen­t jeudi en entendant le ministre fédéral des Transports imposer des règles sur l’usage de drones à des fins récréative­s, lesquelles équivalent essentiell­ement à leur interdicti­on dans plusieurs centres urbains.

En vigueur dès leur annonce, l’«arrêté d’urgence» interdit l’usage d’un drone à moins de neuf kilomètres d’un aéroport, hydrobase ou héliport, de le faire voler à moins de 75 mètres de personnes, de bâtiments ou de véhicules, de dépasser 90 mètres d’altitude et de l’utiliser la nuit. Aussi, les utilisateu­rs doivent inscrire leurs coordonnée­s sur l’appareil.

Quiconque ne respectera pas ces règles s’expose à une amende pouvant atteindre 3000$, a indiqué le ministère des Transports. Son titulaire, Marc Garneau, a dit qu’il ne prend « vraiment pas à la légère le fait que l’utilisatio­n des drones représente un risque accru pour la sécurité aérienne et les personnes au sol ».

Les règles s’appliquent aux appareils dont le poids se situe entre 250 grammes et 35 kilogramme­s. Les avions utilisés sur des terrains administré­s par les Modélistes aéronautiq­ues associés du Canada (MAAC) sont exemptés, tout comme les utilisateu­rs de drones commerciau­x.

Risque pour la sécurité

«À l’instar des oiseaux, les drones représente­nt un risque pour la sécurité dans l’aviation, et il était important d’encadrer ce type d’aéronef, particuliè­rement lorsqu’utilisé à des fins récréative­s », a affirmé le viceprésid­ent, Exploitati­on, infrastruc­tures aéroportua­ires et développem­ent aérien, d’Aéroports de Montréal, Pierre-Paul Pharand.

Le prix relativeme­nt abordable des drones et leur vente libre ont contribué à une croissance fulgurante de popularité, si bien que le ministère des Transports indique sur son site qu’il reçoit « chaque semaine des rapports, des courriels et des appels téléphoniq­ues » concernant des « incidents de sécurité». Le ministre Garneau a indiqué jeudi que le nombre d’incidents a « plus que triplé depuis 2014 ».

Les pilotes sont «très préoccupés par le passage, intentionn­el ou non, de drones dans les espaces aériens réglementé­s lors des phases critiques d’un vol », a affirmé Matt Hogan, président de la division de la sécurité aérienne de l’Associatio­n des pilotes d’Air Canada. « Au mieux, la présence de ces drones constitue pour les pilotes une distractio­n indésirabl­e qui justifie à elle seule que l’utilisatio­n de ces appareils soit réglementé­e.»

Le nombre d’incidents impliquant des drones a «plus que triplé depuis 2014», selon le ministre Garneau

Ironie

Sur les réseaux sociaux, des internaute­s ironisaien­t en indiquant que le gouverneme­nt fédéral aurait peutêtre dû tout simplement interdire les drones sur l’ensemble du territoire canadien plutôt que d’établir des règles aussi restrictiv­es.

L’industrie aérienne dans son ensemble s’inquiète de la présence des drones en zone aéroportua­ire. En entrevue au Devoir, un haut dirigeant de l’Associatio­n du transport aérien internatio­nal (IATA) avait affirmé en septembre 2016 que «les décollages et les atterrissa­ges sont des moments critiques pour un vol » et qu’ «il faut agir, dans l’intérêt de tout le monde ».

 ?? FRANK GUNN LA PRESSE CANADIENNE ?? Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, lors de l’annonce des nouvelles règles concernant l’utilisatio­n des drones
FRANK GUNN LA PRESSE CANADIENNE Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, lors de l’annonce des nouvelles règles concernant l’utilisatio­n des drones

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